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EAN : 9782020526067
90 pages
Seuil (14/09/2002)
4.06/5   203 notes
Résumé :
" Je suis un anormal. On l'a dit, assez. Je l'ai senti. Les mouvements des yeux qui passent à l'examen chaque parcelle de mon être me l'apprennent : tel regard fixe le mien puis descend, là précisément où se trouve la preuve qu'il recherche : " il est handicapé ". Parcours des yeux, quête insistante du talon d'Achille, de la faiblesse. Ce que la plupart des gens perçoivent, c'est l'étrangeté des gestes, la lenteur des paroles, la démarche qui dérange. Ce qui se cach... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Alexandre Jollien nous livre ses réflexions personnelles sur la condition humaine .Il est handicapé de naissance faut il le rappeler , non pas pour l'enfermer dans une catégorie , mais bien parce qu'il parle de son expérience dans ce livre .
Souvent nous pensons que handicap = malheur , mais dans ce cas pourquoi celui qui a tout pour être heureux selon la formule consacrée , ne l'est pas .
Chez les handicapés , il y a de l'entraide , des fous rires même .
Et puis Jollien a pu se rendre compte de l'importance des rencontres dans une vie , ici c'est l'aumônier du pensionnat qui va lui donner le désir d'apprendre , encore faut il se rendre compte de l'importance de ces rencontres , ne pas passer à côté , c'est la condition qui permet la résilience , notion si chère à Boris Cyrulnik .
Oui il ne suffit pas de rencontrer la bonne personne , il faut une soif d'apprendre pour que la rencontre devienne échange .
Certaines anecdotes m'ont fait rire , telles la boîte de raviolis impossible à ouvrir ,la difficulté à demander de l'aide car c'est reconnaître l'impuissance et pourtant écrit l'auteur j'ai dépassé cette honte de ne pas savoir me débrouiller et une amitié en est née .
Oui il faut aller vers l'autre , oser la rencontre .
D'autres anecdotes sont plus douces amères , comme quand il décrit qu'on s'adresse à la personne qui l'accompagne au restaurant pour prendre la commande , en félicitant cette personne qui consacre son temps à un handicapé , elle travaille sans doute dans le social .
Oui pas facile de sortir du cliché handicapé .
Un livre qui fait réfléchir sur la différence qui peut être enrichissante , une belle réflexion plus profonde qu'elle ne parti sur les apparences mais aussi sur la lutte perpétuelle de l'homme pour rester digne , avec cette merveilleuse recette de l'auteur la légèreté .
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Alexandre Jollien est handicapé. "Démarche chaloupée, voie hésitante : jusque dans mes gestes les plus infimes, mouvements abrupts de chef d'orchestre drôle et sans rythme : voilà le portrait de l'infirme".

Autant dire que pour lui, de bonne heure, l'existence s'est donc annoncée comme un combat.

Ce combat il l'a mené car l'adversité constitue selon lui le "terreau sur lequel l'existence se construit".

Il commence avec la séparation d'avec les parents, pour aller dans cet institut spécialisé, au milieu des cris, des pleurs mais aussi des éclats de rire.

Et il évolue vers une approche moins basique, plus réfléchie et légère qui lui apprendrons plus tard à apprivoiser son corps et sa relation aux autres en développant sa volonté, dans une attitude toujours combative, car c'est cela le métier d'homme : un élan quotidien vers la pratique, vers l'exercice de ses trois vocations :
-la méditation ;
-être père de famille ;
-témoigner de l'état d'esprit dont il a hérité à l'institut, cette aspiration à la joie.

A mon avis :
Bon, j'arrête tout de suite les mauvais esprits qui iront chercher chez Alexandre Jollien sa part misogyne. "Le métier d'homme", il le dit lui même : "embrasse évidemment... la femme."

Ce point éclairci, il reste à parler de cet essai, court et philosophique.

L'auteur le dit également dans la postface, sous forme d'entretien mené avec Bernard Campan (l'humoriste et acteur) : "[...] ce livre, qui a dix ans maintenant, est un peu comme les confessions de quelqu'un qui revoit les grands chantiers de son existence, son rapport au corps, à la souffrance, le joyeux combat de sa vie. Cela apporte un éclairage sur toutes les années qui m'ont formé, et sur ce qui m'a déformé aussi. Aujourd'hui où je suis engagé dans la voie spirituelle, que j'envisage comme un travail ou une oeuvre de dépouillement, je m'aperçois que j'avais déjà l'idée que je pouvais être déformé par le diktat du regard d'autrui, par la pression sociale".

Et en effet, rien n'est triste dans ce récit, même les situations difficiles sont abordées de façon neutre, et surtout avec une attitude toujours positive, qui en analyse les raisons et les conséquences.
Cette absence de pathos permet donc une lecture plus claire de la description que fait A. Jollien du lien aux autres et des difficultés de la vie tout simplement.

Il s'agit donc d'un essai facile à lire, pas alambiqué et qui ne puise que peu dans les théories philosophiques qui généralement ont tendance à me perdre, faute de connaissance approfondie en la matière.

Il m'aura peut-être manqué un peu de développement de la réflexion au delà du cas particulier de l'auteur, qui aurait permis d'enrichir ce texte et d'aborder ces sujets de façon plus large.

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Michel Onfray a eu cette formule, sentencieuse mais que je trouve très juste au point de l'utiliser régulièrement, "il existe beaucoup de professeurs de philosophie, assez peu de philosophes". (étant précisé que l'on peut être professeur de philosophie ET philosophe...) Ce décalage éxistait déjà du temps de l'antiquité, il apparait par exemple dans le monumental Gorgias dans cette querelle entre Socrate et les sophistes Gorgias et Polos, ou dans le grand écart entre les aphorismes de Sénèque et les actes de sa vie. Alexandre Jollien appartient sans le moindre doute à la seconde catégorie. Il n'est pas le créateur de "systême" , ni l'auteur, à ma connaissance, de traités illisibles pour le commun des mortels babeliens. Ses analyses n'ont rien de révolutionnaire, d'Epictecte à Spinoza, pour en rester à la philosophie occidentale, les chemins ont déjà été explorés,nous sommes dans un univers familier.,
Il n'en demeure pas moins que dès "l'éloge de la faiblesse", les essais de Jollien et encore avec ce "métier d'homme", sont des vraies réussites et même un peu plus.
Les mots de Jollien sonnent juste et authentiques et présentent la double qualité d'apporter au lecteur une joyeuse bouffée d'oxygêne et de susciter réflexions et questionnement positifs.
Le "métier d'homme" comprend sept petits chapitres, "d'un combat joyeux", "de l'unicité de l'homme", "de la souffrance", "du corps", "ce qui déforme", "mon semblable qui me veut différent", "le métier d'hommes"
A travers ces chapitres, un fil d'ariane, les épreuves, le handicap, peuvent être des atouts précieux dans la vie pour se construire et se rapprocher d'un certain bonheur. La meilleure aide est la joie libératrice. Mais fort heureusement, Jollien ne considère pas que les épreuves, la souffrance doivent être recherchées et seraient une sorte de matrice spirituelle en soi. Pas de culte de la souffrance, de la mortification, du pêché originel, de la repentance, même si ce vocabulaire judéo chrétien n'est pas expressement intégré.
Dans cette version en poche, un dialogue très interessant et pétillant entre l'auteur et Bernard Campan (oui celui des ex et futurs inconnus) .complète l'essai.
Un livre qui se lit très facilement, vivifiant
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Après l'Eloge de la faiblesse, lu il y a quelques semaines à peine, voici le Métier d'homme, autre livre d'Alexandre Jollien.
Il y parle plus précisément de la capacité à tenir debout et à maintenir le cap de l'existence pour chaque être humain, handicapé ou non.
L'importance d'adopter la légèreté, subtil antidote au désespoir.
Il parle de la souffrance et de ce qu'on peut en faire afin de rester debout et de continuer à grandir.
Les trente dernières pages sont un entretien entre Jollien et l'acteur Bernard Campan.
Il n'est jamais inutile de consacrer quelques heures à ce genre de lecture dont on ne ressort jamais tout à fait pareil...
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Après avoir publié éloge de la faiblesse en 1999, Alexandre Jollien revenait en 2002 sur son parcours dans le métier d'homme, dans lequel il analyse la ''construction de l'homme'', pour se forger sa propre personnalité. Cette naissance n'est pas sans douleur, puisqu'elle se forge dans la lutte. Lutte contre le handicap, contre la souffrance, et surtout contre le regard des autres, pour s'accepter tel que l'on est et tel que l'on nait. le métier d'homme est aussi l'apprentissage de quelqu'un qui sort de dix sept années d'institution, et qui est confronté au monde réel.

Pour Alexandre Jollien, la philosophie apprend à argumenter, le spirituel apprend à s'abandonner. La version du livre que j'ai en ma possession est une réédition, publiée dix ans après la première version. ce livre est ainsi augmenté d'un entretien avec Bernard Campan, qui n'est pas un inconnu pour les lecteurs. Il met en avant le cheminement de l'auteur pendant ces dix ans, son parcours. En effet, on n'arrête pas de se construire, et sur cette dernière décennie, on a pu voir, à travers les livres publiés, comment l'auteur s'est construit en se confrontant au réel.

Son plus grand combat? Celui contre lui-même, contre ses angoisses, pour s'accepter et s'abandonner.
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Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
Préface de Michel Onfray

Alexandre Jollien (...) porte en lui, avec lui, dans le creux de sa matière grise, la trace du souffle de la mort qui, jour après jour, dans le détail, se manifeste dans une démarche, une élocution et des gestes qui ne ressemblent pas à ceux des autres.
Pas plus que son intelligence, d'ailleurs, ne ressemble à celle des autres : affûtée, pointue, vive, exercée, habile, et pour cause, elle soulève le moindre signe sous la pierre et décode le plus petit souffle de sens là où il se trouve.

Débordant un corps répondant plus lentement aux sollicitations du monde, Alexandre Jollien déploie une pensée claire, lucide et voyante.
Ce jeune voleur de feu aux membres gourds propose un nietzschéisme qui, sans en avoir l'air, surclasse les lectures fautives (...)
Loin du nietzschéisme caricaturé en philosophie de la brutalité, de l'immoralité et de l'inhumanité, Alexandre Jollien affirme un nietzschéisme de la douceur, de la morale et de l'humanité - des vertus partout présentes chez le penseur allemand. (...)

Alexandre Jollien transforme cette faiblesse dite par les autres en une force formulée par lui, pour lui.
Retournant comme un gant le regard du tiers, dur souvent, méprisant parfois, négateur fréquemment, faussement oublieux ou vainement compassionnel, il porte un regard sur le réel qui contraint les plus arrogants à renoncer à leur morgue. (...)

Il affirme l'inanité du dualisme platonicien : il n'y a pas le corps (détestable) d'un côté et l'âme (vénérable) de l'autre, car le corps, c'est l'âme - l'âme, c'est le corps. (...) confession d'un corps, autobiographie de toute pensée, aveux d'une chair, écriture de soi avec son sang. Je pense ce que je suis (...) Et ce que je suis fournit ensuite matière à ce que je pense. (...)

Un genre de sur-stoïcisme - s'il fallait parler en termes nietzschéens (...) une immense, une incroyable adhésion à la vie (...) la malédiction d'une faiblesse infligée devient la chance d'une force créée (...)
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C'est vrai qu'un moment d'intense souffrance m'a permis d'ouvrir les yeux et d'aller à la rencontre des autres. Ce sont eux qui m'ont sauvé. A l'envers de Sartre, je dirais "le salut, c'est les autres".
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La souffrance ne grandit pas, c’est
ce qu’on en fait qui peut grandir l’individu.
Nul besoin de souffrir pour s’épanouir,
nul besoin de connaître l’isolement pour
apprécier la présence de l’autre. D’éminents
chercheurs ont dépensé temps et énergie à
vanter les mérites de l’épreuve, les bienfaits
de l’échec. Il faut faire ses expériences, dit-
on. Certes, mais les accumuler ne suffit pas.
On risque de trouver dans cette rhétorique
une invitation à la fuite, un prétexte futile
pour infliger des peines. Par un jeu de mots
(ta pathémata mathemata : ce qui fait souffrir
nous enseigne), les Grecs ont tenté de forger
une attitude, bien plus subtile, à opposer aux
tourments, à ce qui blesse et détruit.
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Il faut s'engager ou au moins consentir, sinon le combat si exigeant tournerait vite court. Le tragique est là, moi aussi!
Entre deux, tout reste à bâtir. Il n'y a guère le choix. Ni modèle, ni solution, ni réponse toute faite, ni mode d'emploi ne sont disponibles. Chacun y va à tâtons, essuyant des échecs, bâtissant sur des ruines.
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Ainsi, je me forge grâce à autrui. L'un pratique un humour qui assurément me plaît, celui-ci jouit d'une confiance que j'estime. La sérénité de celui-là me fascine. Tous dessinent l'idéal auquel j'aspire. Augustin confirme: en me conviant à "devenir ce que je suis", l'autre révèle ma nature.
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Comment vivre pleinement chaque instant de la vie ? C'est le défi que nous lance notre époque saturée de bruits, de divertissements, d'écrans et de vulgarité. Et si la réponse tenait dans un petit livre que tout le monde peut lire ?
« Vivre sans pourquoi » , d'Alexandre Jollien est publié en poche chez Points-Seuil.
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