Un grand merci à Babelio Masse Critique et aux éditions Noir sur Blanc pour ce livre de la collection Notabilia à l'écriture d'une grande efficacité et qui, en peu de pages m'a aspirée dans un univers sombre et tragique au sein d'une famille de paysans islandais, d'une grande pauvreté, à la lisière de la folie.
Une vieille dame sent que sa vie est derrière elle, son mari est proche de la sénilité, son frère décède. Elle se rend à son enterrement au bras de son petit-fils, c'est pour elle une plongée sombre au coeur de ses souvenirs d'enfance.
1930, en Islande. Suite à la crise de 1929, le pays connaît le même sort que les autres nations, la banque islandaise fait faillite pendant la Grande Dépression. L'Islande est alors plongée dans la pauvreté.
C'est à cette période que le roman emmène les lecteurs. La vieille femme se remémore ses 12 ans et la vie familiale en bord de mer, au bord d'une crique sombre appelée Dimmuvik. La famille est pauvre, isolée et tente de survivre dans une nature qui leur est hostile. Il y a les parents et les trois enfants, un frère et deux soeurs. Tout y est drame : il y a les bébés morts-nés enterrés dans la terre sombre de la crique, l'omniprésence malsaine de la religion, la folie de la mère, la cruauté du père, la famine, la maladie, la mort... Une vie qui s'égrène au rythme du chemin parcouru jusqu'à la ferme la plus proche, pour aller chercher le litre de lait nécessaire à la survie de la famille. le seul et unique contact avec le monde extérieur.
Jon Atli Jonasson nous emmène au coeur d'une Islande sombre et triste où la couleur des paysages se fond à la tragédie, tout comme la mer et son ton grisâtre. "
Les enfants de Dimmuvik" retrace l'histoire d'une enfance pauvre, une histoire sans autre issue que la mort.
Vous allez me dire que ce livre est bien trop sombre, bien trop dramatique. Oui, bien entendu, je ne le conseillerais pas à une personne déprimée, ça ne l'aiderait pas, c'est certain. Mais c'est un livre très prenant et très fort. L'auteur, avec une écriture efficace, voire théâtrale par moment, donne une ambiance pesante à son court roman. Toute cette atmosphère me fait penser à un vers de
Baudelaire dans le Spleen "Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle".
En quelques mots, un roman puissant d'une grande beauté. La littérature islandaise est décidément d'une grande qualité !