AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782882503817
96 pages
Noir sur blanc (10/04/2015)
3.92/5   39 notes
Résumé :
Le jour de l’enterrement de son frère, une vieille femme se remémore leur enfance misérable au bord d’une crique, quelque part en Islande, où l’on enterrait les mort-nés dans des champs de lave. C’était un pays maudit baigné d’une mer vide, écrasé par des montagnes aux cimes déchiquetées. Un pays aux hivers rudes où trois enfants malingres sont réduits à manger du lichen ou des chiens errants. La vieille femme se souvient de sa mère qui un jour perdit la raison et s... >Voir plus
Que lire après Les enfants de DimmuvikVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
3,92

sur 39 notes
5
2 avis
4
11 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
87 pages suffisent à ce tout petit roman pour exprimer une vision de ce que peut être l'horreur.
Une vieille femme qui enterre son frère se remémore l'année de ses 12 ans, en Islande, quand elle vivait avec sa famille sur la Lande, à Dimmuvik.
Dimmuvik, c'était le nom de cette crique sombre et maudite, un endroit aride, où le vent est mordant, où la neige étouffe la vie, où les gens meurent littéralement de froid, de chagrin, de fierté, mais surtout de faim.
Quand les bêtes sont malades, que la pêche est infructueuse, que les quelques sous qui restent ne peuvent servir qu'à acheter un tout petit litre de lait pour cinq personnes, alors on attend, on n'espère plus vraiment, on attend juste..mais quoi...un drame ? la fin ?

Ces quelques pages sont chargées d'émotions pour le lecteur qui comprend plus de choses que ce que raconte la petite fille de 12 ans.
Car le lecteur sait l'inéluctable, le lecteur comprend que la mort guette, que la faim ne peut pas tenailler un corps pendant des semaines sans conséquence, que la fièvre ou la folie risque à tout moment de s'abattre sur des êtres déjà presque à terre, qui finiront le corps et la tête allongés sur le lichen amer qui rend la soupe moins claire, l'esprit déjà enfoui sous les champs de lave, là où sont enterrés les bébés morts-nés.
Cette histoire est courte, comme certaines vies l'ont été, en Islande, en 1930, sur une crique désolée, mais elle reste longtemps dans les esprits, comme un souvenir coupable.
Commenter  J’apprécie          470
On ne va pas se mentir: pas le genre de livre qui vous donne la patate.
Car quand une vieille femme commence à égrener les souvenirs de sa misérable enfance au fin fond de l'Islande en l'an 1930, on a compris qu'on ne va pas se rouler par terre.

Notre narratrice a connu la faim, la pauvreté, la privation et le poids des responsabilités dès le plus jeune âge. Cette fichue misère qui fait grandir trop vite un enfant.
Le récit est court mais intense. D'une longueur toutefois idéale. Car cette brieveté et cette économie de mots amplifient les émotions tout en laissant songeur.

Pas insensible et avec un peu de coeur quand même, on ne peut que s'attendrir devant les douloureux souvenirs de cette pauvre femme. Car ça sent la profonde déprime et le coup de blues à plein nez.
Mais coup de blues et lecture salvateurs finalement. Car, pris sous un autre angle, on peut aussi en sortir revitalisé, en se flattant que notre vie n'est pas si mal au fond.
Commenter  J’apprécie          420
En 1930, la narratrice avait douze ans. Aujourd'hui c'est une vieille femme, son mari est en service gériatrique, elle-même se fait discrète pour rester chez elle, ne pas être expédiée en maison de retraite. Elle se rend aux obsèques de son frère, accompagnée par son petit-fils. Les souvenirs affluent. Ceux de son enfance dans une Islande rurale. Une toute petite ferme, trois enfants, elle était l'aînée, quelques moutons malades qu'il a fallu abattre, le dénuement, la faim, le rachitisme, et la mère qui s'est murée dans son chagrin, dans le silence, ne quittant guère son lit après avoir perdu le quatrième enfant dont elle était enceinte. Et une espèce de fatalisme à l'égard de toute cette misère qui s'exprime à l'heure de la prière : « Le dimanche soir, papa nous lisait la Bible. Tout bas, de la voix d'un homme peu causant. Il feuilletait le livre comme au hasard. Mais il ne trouvait pas que cela tirait à conséquence, car le message, même choisi au hasard, était dans son esprit irrécusable. La toute-puissante parole de Dieu est infaillible. »

Roman joliment écrit, à l'atmosphère sombre, mystérieuse, angoissante - on subodore des drames. Ambiance âpre de côte islandaise où même l'été, « une écharpe de brume repose sur la lande », et où l'hiver, le brouillard « tombe soudainement comme une chape épaisse et il faut presque tâtonner pour sentir la terre devant soi ». Ambiance de misère où la crique n'est pas un terrain de jeu, on prend la mer pour aller pêcher parce que la faim vous tenaille, et on rentre avec quelques poissons minuscules... Sur la couverture, deux petites silhouettes tirent un gigantesque cerf-volant ; dans ce récit sombre et tragique, les enfants ne jouent pas, ils survivent et sont victimes du climat, de la fatalité, d'une certaine inertie parentale due à trop d'orgueil, aussi, peut-être ? « Papa arrivait tout juste à attraper le poisson qui nous maintenait en vie. [...] Quand il n'était pas en mer, il restait assis dans la grande pièce, les yeux rivés sur Jésus en croix. C'était comme s'il était en conversation avec lui. Sans paroles, naturellement. »

Merci L. !
Commenter  J’apprécie          360
Un grand merci à Babelio Masse Critique et aux éditions Noir sur Blanc pour ce livre de la collection Notabilia à l'écriture d'une grande efficacité et qui, en peu de pages m'a aspirée dans un univers sombre et tragique au sein d'une famille de paysans islandais, d'une grande pauvreté, à la lisière de la folie.

Une vieille dame sent que sa vie est derrière elle, son mari est proche de la sénilité, son frère décède. Elle se rend à son enterrement au bras de son petit-fils, c'est pour elle une plongée sombre au coeur de ses souvenirs d'enfance.
1930, en Islande. Suite à la crise de 1929, le pays connaît le même sort que les autres nations, la banque islandaise fait faillite pendant la Grande Dépression. L'Islande est alors plongée dans la pauvreté.
C'est à cette période que le roman emmène les lecteurs. La vieille femme se remémore ses 12 ans et la vie familiale en bord de mer, au bord d'une crique sombre appelée Dimmuvik. La famille est pauvre, isolée et tente de survivre dans une nature qui leur est hostile. Il y a les parents et les trois enfants, un frère et deux soeurs. Tout y est drame : il y a les bébés morts-nés enterrés dans la terre sombre de la crique, l'omniprésence malsaine de la religion, la folie de la mère, la cruauté du père, la famine, la maladie, la mort... Une vie qui s'égrène au rythme du chemin parcouru jusqu'à la ferme la plus proche, pour aller chercher le litre de lait nécessaire à la survie de la famille. le seul et unique contact avec le monde extérieur.

Jon Atli Jonasson nous emmène au coeur d'une Islande sombre et triste où la couleur des paysages se fond à la tragédie, tout comme la mer et son ton grisâtre. "Les enfants de Dimmuvik" retrace l'histoire d'une enfance pauvre, une histoire sans autre issue que la mort.
Vous allez me dire que ce livre est bien trop sombre, bien trop dramatique. Oui, bien entendu, je ne le conseillerais pas à une personne déprimée, ça ne l'aiderait pas, c'est certain. Mais c'est un livre très prenant et très fort. L'auteur, avec une écriture efficace, voire théâtrale par moment, donne une ambiance pesante à son court roman. Toute cette atmosphère me fait penser à un vers de Baudelaire dans le Spleen "Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle".

En quelques mots, un roman puissant d'une grande beauté. La littérature islandaise est décidément d'une grande qualité !
Commenter  J’apprécie          150
Une histoire courte, sans concession, terrible mais bien réel dans l'histoire de l'Islande.
La novella commence le jour de l'enterrement du frère de la vieille femme, ce jour-là elle se remémore sa vie à l'âge de douze ans.
Nous sommes dans les années 1930 dans une crique islandaise nommée Dimmuvik. Nous faisons la connaissance de la famille de la narratrice, son frère, sa petite soeur, ses parents, des fermiers pauvres, très pauvres, et la faim tiraille, torture toute la famille.
Une histoire poignante, difficile, écrite à l'os, pas de fioriture, mais l'écriture de l'auteur n'est pas larmoyante, des mots justes pour décrire la misère, la dureté de cette vie, dans un paysage, un environnement tout aussi difficile. A découvrir.
Commenter  J’apprécie          181


critiques presse (1)
LaPresse
07 août 2015
Malgré les drames, ce récit se développe tout en beauté, comme une fragile pousse qui fléchit dans la tempête. L'économie des mots se traduit par des images saisissantes qui persistent, même une fois le livre refermé.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Ce jour-là fut aussi mémorable pour nous parce qu'il marqua le début du nouveau schéma d'existence de maman. Dans son chagrin, elle réduisit son univers, qui n'était déjà pas bien grand, et elle se retira dans son lit. Nous ne la vîmes plus qu'à l'heure des repas. Elle se tenait alors, pâle et silencieuse, près de la cuisinière et nous servait notre part. Elle attendait que nous finissions de manger et que nous allions nous coucher ou bien poursuivre les travaux au-dehors. Même la petite Hugrún n'essayait pas de l'approcher. Maman avait élevé autour d'elle un mur invisible dans lequel il était impossible de faire une brèche.
(p. 33)
Commenter  J’apprécie          110
Je ne savais pas grand chose, mais je savais quand même que la différence entre nous et les autres espèces animales ne pouvait pas être grande. Quand notre vie s'était allumée à partir d'un oeuf et d'un sperme. Et qu'à la fin nous deviendrions de le terre. Nous faisions partie d'un tout vivant. Mais je n'aurais pas su dire en quoi nous étions remarquables par rapport aux asticots. Je ne disposais pas d'explications plus précises sur cette étincelle qui allume la vie, sachant pourtant que ce devait être une espèce d'explosion de la volonté. Que la vie était tout autour de nous.
Commenter  J’apprécie          70
Ce dimanche soir-là, il ne restait plus à la maison qu'un petit bout de chandelle que papa alluma avant d'ouvrir la bible usagée à la reliure dorée et de commencer la lecture. Je n'entendais rien de ce qu'il disait. J'étais assise, les yeux rivés sur la flamme de la bougie en train de se consumer. Elle me convainquit que notre vie ici-bas était sur le point s'atteindre son signe ultime. Il y avait quelque chose d'imminent. Quelque chose d'inquiétant et de grandiose. Dans mon délire, je le vis. Quelque chose qui pourrait éventuellement justifier toute cette souffrance. Je tendis la paume au-dessus de la flamme et l'y maintins jusqu'à ce que papa m'envoyât une claque si forte que les oreilles m'en sonnèrent. Il me sembla percevoir un craquement dans ma mâchoire, semblable à celui d'une moule qu'on ouvre de force.
Alors je m'évanouis et la douleur cessa d'exister.
Commenter  J’apprécie          40
Toutes les questions sont liées à Jésus sur la croix, dans la grande pièce. Il répond à toutes. A en juger par mon père. Notre situation ne le fait pas broncher. C'est un mélange inquiétant d'audace et de folie. Mais je n'ai que douze ans et je ne sais pas mettre des mots sur mes raisons. C'est un sentiment. Une crainte. Quelque chose d'animal en moi. C'est l'instinct vital qui parle. Qui crie silencieusement à la fenêtre quand le chien boiteux regarde dans ma direction avant que papa ne l'entraîne dans la bergerie déserte. Il y a parfois simplement trop de bouches à nourrir.
Commenter  J’apprécie          60
Ce dimanche soir-là, il ne restait plus à la maison qu’un petit bout de chandelle que papa alluma avant d’ouvrir la bible usagée à la reliure dorée et de commencer la lecture. Je n’entendais rien de ce qu’il disait. J’étais assise, les yeux rivés sur la flamme de la bougie en train de se consumer. Elle me convainquit que notre vie ici-bas était sur le point d’atteindre son signe ultime. Il y avait quelque chose d’imminent. Quelque chose d’inquiétant et de grandiose
Commenter  J’apprécie          50

autres livres classés : littérature islandaiseVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (91) Voir plus



Quiz Voir plus

Etes-vous incollable sur la littérature scandinave ?

Qui est l'auteur du roman "Bruits du cœur" ?

Herbjørg Wassmo
Jens Christian Grondhal
Sofi Oksanen
Jostein Gaarder

15 questions
150 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature scandinaveCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..