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EAN : 9782843048067
240 pages
Zulma (05/10/2017)
4.04/5   586 notes
Résumé :
Grand prix de littérature du Conseil nordique 2018

« Je n'ai pas touché la chair nue d'une femme — pas délibérément en tout cas —, je n'en ai pas tenu une seule entre mes bras depuis huit ans et cinq mois, c'est-à-dire depuis que Guðrún et moi avons cessé de coucher ensemble, et il n'y a aucune femme dans ma vie, en dehors de ma mère, mon ex-femme et ma fille — les trois Guðrún. Ce ne sont pourtant pas les corps qui manquent dans ce monde et ils ont ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (141) Voir plus Ajouter une critique
4,04

sur 586 notes
Jonas Ebeneser, la cinquantaine presque sonnée, abandonné par sa femme, sa fille adulte envolée, sa mère à l'esprit égaré en maison de retraite, l'entreprise vendue, sans amis, à part un voisin spécial, veut tirer sa révérence à la Vie. le problème, c'est qu'il ne sait pas comment s'y prendre, et veut épargner à sa fille l'épreuve de le trouver mort. Il décide donc de partir dans un des pays les plus dangereux du monde, où il pourrait le réaliser plus facilement, si non, plus naturellement......quelle triste histoire, n'est-ce-pas ? Eh bien non, détrompez-vous, c'est profond et très drôle, difficile de lâcher une fois les premières lignes attaquées.
Il adore bricoler et réparer toute sorte de défaillance matérielle; mais arrivera-t-il à rafistoler sa propre vie? Je vous laisse découvrir.....en tout cas il emporte avec lui sa petite caisse d'outils au cas où....pour ce long voyage à sens unique (?)........

À travers le portrait de ce personnage loufoque, Olafsdottir nous fait un état des lieux de notre monde actuel, “faune”, flore confondues; et en changeant les repères, bluffe aussi bien Jonas que nous. C'est malin comme idée, et trés réussie. le fond riche en imagination et la forme simple, composée de petits paragraphes dont la plupart des titres sont des citations, ponctuée de vers de S.Steinner, Hunter Thompson, Leonard Cohen, F.G. Lorca......magnifiques. Si vous aimez la poésie, la littérature nordique et l'humour particulier de cette partie du globe, ce livre est pour vous ! A la fin de l'histoire, une note sublime de l'écrivaine islandaise vous attend, ne la lisez surtout pas en anticipation !
Un coup de coeur !

Ça y est je suis parti.
A la rencontre de moi-même.
De mon dernier jour.
Je dis adieu à tout.
Les crocus sont en fleur.
Je ne laisse rien derrière moi.
Je passe de la lumière perpétuelle aux ténèbres.
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Ör – Cicatrices – Blessures de la vie.

Quand la poisse vous poursuit, que votre épouse vous quitte, que votre fille est d'un autre, que votre mère arrive au bout de sa vie, que votre voisin vous réveille en pleine nuit, vous vous dites peut-être que votre utilité sur terre est réduite à néant.

C'est en tout cas ce qui arrive à Jonas qui décide de mettre un terme à son existence en plein mois de mai. Dur, dur quand même à quarante-neuf ans. Alors, scrupuleusement, il vide son appartement, vend sa société, laisse son portable sur sa table de nuit, embarque ses carnets d'adolescent, sa boîte à outils (on ne sait jamais), une paire de chaussettes et le voilà parti pour un aller simple dans un pays (de l'Est vraisemblablement) où la guerre vient juste de se terminer. Il se donne une semaine pour réfléchir au meilleur moyen d'en finir.

Comme il n'a aucun projet précis, il erre dans le périmètre étroit déminé, rencontre beaucoup d'estropiés et de visages fermés. Un étranger, ici, en ce moment, c'est louche ! Vient-il piller les pauvres oeuvres d'art qui n'ont pas été détruites ? Pas de bagage, bizarre ! Peu à peu, grâce à sa boîte à outils, il se rend utile ici et là jusqu'à devenir (quasi) indispensable tant il manque de bras dans ce village défiguré par la guerre.

Il comprend vite que ses blessures personnelles sont peu de choses à côté de celles vécues par les rescapés du conflit. La lecture, par bribes, de son journal intime d'autrefois lui rappelle sa vie, ses souvenirs et gomme peu à peu les sujets d'intérêt de sa jeunesse pour s'intéresser aux autres, trouver une sorte d'apaisement et la reconsidération de soi.

La manière de décrire la vie ordinaire de gens ordinaires d'Audur Ava Ölafsdöttir est émouvante dans sa simplicité, délicate dans son expression teintée d'humour, déterminée dans sa foi à changer son angle de vue sur soi. Sans masquer la peur, le chagrin, les larmes, les vicissitudes du temps. C'est tout le contraire d'un livre cafardeux et désespéré. Là réside sans doute la magie de cet écrivain qui ponctue son récit de quelques citations de grands auteurs, comme une gradation sur la voie d'un mieux-être.

« … je me suis colleté plusieurs fois avec la vérité, là où les ombres sont tantôt longues tantôt courtes, et je sais que l'homme peut rire et pleurer, qu'il souffre et qu'il aime, qu'il est doté d'un pouce et qu'il écrit des poèmes et je sais que l'homme sait qu'il est mortel. Qu'est-ce qu'il me reste à faire ? » (p. 81)

Savoir que le bricolage est une arme bienfaitrice pour une éventuelle réparation personnelle a quelque chose de poétique, non ?

Rosa Candida de la même, m'avait ouvert la voie sur la littérature islandaise.
Ör a creusé une route vers de nouvelles découvertes.

Audur Ava Ölafsdöttir a suivi des cours d'histoire de l'art à la Sorbonne. Elle enseigne cette matière à l'université d'Islande et donne des conférences à travers le monde. Elle a obtenu plusieurs prix littéraires.

J'aimerais aussi marquer mon admiration aux éditions Zulma pour les couvertures originales et colorées qui attirent le regard et la curiosité.
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Le roman démarre en Islande en compagnie de Jonas Ebeneser, 49 ans.
Il n'arrive plus à trouver un sens à sa vie.
Il envisage de se faire tatouer cacher les cicatrices de son corps. Pour les cicatrices de l'âme, c'est une autre paire de manches.
Sa femme est partie depuis quelques années, sa fille mène sa propre vie et sa mère, ancienne prof de maths est placée en maison de retraite dans un état pitoyable physiquement et mentalement. Il se sent fort seul.
Jonas a une passion, il bricole, il répare mais plus rien ne l'intéresse. il veut en finir avec cette vie qui n'a plus d'intérêt.
Il passe en revue les suicidés célèbres et en conclut que les hommes utilisent souvent l'arme à feu. Il s'apprête à emprunter celle de son voisin.
C'est un livre qui pourrait être noir.
Pas du tout !
Le narrateur, Jonas , raconte les faits avec un détachement étonnant.
La vie est bien présente car les dialogues avec sa mère, avec son voisin Svanur, ses rencontres lors de son voyage dans un pays qui se remet à peine de la guerre.
Tout cela fait que nous sommes plutôt dans un roman initiatique lors d'une seconde vie après cinquante ans que dans un désespoir sans fin.
Le personnage principal m'est apparu très attachant.
L'écriture est très intimiste avec des citations courtes, des noms donnés aux différentes parties dans les chapitres.
Le livre se divise en deux étapes : "Chair" et "Cicatrices".
A noter que l'éditeur n'a pas changé le titre "Ör" qui signifie "Cicatrices" .
Un beau roman très profond de l'auteure dont j'avais lu "Le rouge vif de la rhubarbe" très apprécié et "Rosa Candida", nettement moins à cause du style trop enfantin.

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Non, il ne s'agit pas de l'histoire de la ruée vers l'or, de la découverte du Far-West et des grands espaces.
Il s'agit de la découverte de soi-même opérée dans un pays d'après-guerre miné dans tous les sens du terme, où tous les lieux sont gris et noirs, avec plein de rouge sang.


Le héros a presque la cinquantaine et veut se tuer. Il est désespéré, sa femme l'a quitté en lui révélant un fait qui le désespère encore plus. Il est donc décidé à se tuer.
Mais comment ? Où ? Jamais il ne voudrait que sa fille découvre son corps...Mais jamais il ne pourrait supporter l'idée que sa fille soit malheureuse parce qu'on n'a pas retrouvé signe de lui.
Donc il décide de fuir dans un pays (de l'Est probablement) où les vestiges récents de la guerre enfouiraient son corps et l'oublieraient.
Il part donc. Avec sa caisse à outils. C'est un homme qui pense à tout, peut-être aura-t-il besoin de bons outils pour mettre en oeuvre son suicide.
Arrivé sur place, il se rend vite compte que ses outils serviront à bien d'autres choses, entre autres à le réintégrer dans la communauté des vivants, même si ces vivants-là sont des rescapés de la mort...


C'est un roman vraiment très curieux, que cet « Or ». Déjà par son titre, qui n'a pas été traduit, et qui signifie « Cicatrice ».
Alors tout devient clair, car c'est un roman cicatriciel, qui se construit sur la ruine, qui se développe et espère. A coup de phrases assez courtes et très denses, celles-ci insérées dans des chapitres dont chaque titre est poétique, tout nous mène de la mort à la vie.


J'ai cheminé sur les chemins gris en faisant attention à ne pas m'écarter.
J'ai dormi sous une couverture de poussière.
J'ai dessiné avec un enfant traumatisé.
J'ai vu les blessures.
J'ai frémi.
Mais j'ai cru en l'être humain, pourquoi pas, encore une fois.
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À la lecture des quatre-vingt premières pages, j'ai failli abandonner deux fois, deux fois j'ai refermé le livre. Page 83, mon intérêt est enfin éveillé et c'est d'une traite que j'ai poursuivi et achevé le roman.
Jónas est obsédé par l'idée de suicide, il a l'impression d'être surveillé par Svanur, son voisin. Jónas évoque sa rencontre avec son ex-femme, parle de Nymphéa, sa fille ... Un jour, il prend l'avion et à partir de là, c'est moi qui n'ai plus décollé de ma lecture !
Au final, un livre que j'ai beaucoup aimé grâce à l'écriture de Audur Ava Ólafsdóttir.
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critiques presse (3)
LaPresse
01 décembre 2017
L'auteure de Rosa Candida contemple avec poésie et sensibilité la difficulté d'être un homme aujourd'hui, remettant en question la souffrance et le sens du bonheur dans des sociétés où, en théorie, on ne manque de rien d'autre qu'un peu d'amour quelquefois.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Actualitte
27 novembre 2017
Ör est un baume pour les cicatrices difficiles à refermer. Il adoucit les douleurs mais ne les empêche pas. Il console mais ne trompe pas. Laisse le chagrin venir. Intensément vivant.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeJournaldeQuebec
20 novembre 2017
Un roman qui vaut son pesant d’or, l’auteure de Rosa candida nous offrant sur un plateau une autre très belle histoire.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (124) Voir plus Ajouter une citation
Je sais que je dispose de trente-trois lettres, ce qui est plus que la norme dans la plupart des langues. Je commence par deux phrases :
J’existe encore.
Je suis encore là.
Et j’ajoute :
J’essaie de comprendre pourquoi.
Que dire de plus ? Faut-il décrire le ciel, dire que je me réveille la nuit et que des arbres noirs rivalisent avec le ciel noir, que la lune est plus grande que chez nous, que je me regarde dans la glace ? Que je lis des poèmes ? Que je n’ai jamais goûté auparavant la moitié de ce qu’on mange ici ?
Je réfléchis, avant de continuer :
L’eau est rouge comme lorsqu’on rince une chemise ensanglantée dans la baignoire. Cela fait quatorze mots en tout.
J’en remets quatre :
Tout est gris poussière.
Et puis une phrase entière à la ligne suivante :
Hier soir, il y avait des grosses pommes de terre avec la viande (comme celles qui accompagnent le goulasch de ta grand-mère), cultivées dans des champs où il n’y a pas de mines.
Et finalement :
Je manque d’écrous.
Je rature Je manque d’écrous.
Je laisse tomber les pièces détachées
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Y a-t -il quelque chose que j'aie encore envie d'essayer ? Rien qui me vienne à l'esprit. J'ai tenu dans mes bras un nouveau-né rouge et visqueux, j'ai abattu un arbre de Noël dans un bosquet de conifères en décembre, j'ai appris à un enfant à faire du vélo, changé un pneu seul la nuit sur une route de montagne en pleine tempête de neige, tressé les cheveux de ma fille, roulé dans une vallée polluée pleine d'usines à l'étranger, j'ai été ballotté dans le dernier wagon d'un petit train, j'ai fait cuire des pommes de terre sur un réchaud à gaz en plein désert de sable noir, je me suis colleté plusieurs fois avec la vérité là où les ombres sont tantôt longues tantôt courtes, et je sais que l'homme peut rire et pleurer, qu'il souffre et qu'il aime, qu'il est doté d'un pouce et qu'il écrit des poèmes et je sais que l'homme sait qu'il est mortel.
Qu'est-ce qu'il me reste à faire ? Ecouter le gazouillis du rossignol? Manger du pigeon blanc ?
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Nymphéa a une peau magnifique mais elle n’aime pas ses genoux. Dois-je lui dire de ne pas y attacher de l’importance? Les hommes se fichent pas mal des genoux, ils ne considèrent pas les femmes en pièces détachées, mais selon une vue d’ensemble.Est-ce vraiment le cas ? Je repense à mon propre journal intime. p.77
(Nymphéa est la fille du narrateur)
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Je voulais faire des études d’histoire dit-il e relevant la tête Enfi, si j’avais pu aller à l’université.Mais depuis que j’ai découvert qu’elle n’est écrite que par les vainqueurs, l’envie m’en est passée. p.141
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- Juste un homme qui danse avec une femme.
Cela ne m'a pas été facile à dire.
...
- Imaginez que c'est un voyage, poursuit-elle.
- Comme ça ?
- Oui, comme ça. Comme quand on marche.
- Nous sommes pareils, dis-je.
- Je sais, répond-elle sans me regarder.
Elle sourit, semble chercher ses mots :
- Ce matin, pour la première fois depuis longtemps, j'ai senti l'odeur de l'herbe.
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