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EAN : 9782070138364
464 pages
Gallimard (27/09/2012)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Il s'agit d'une histoire vraie. Celle d'un homme qui, dans les années vingt, commença sa vie d'aventurier en Syrie, dans le désert du Djebel Druze, pour manquer de la finir, quelque cinquante ans plus tard, dans un autre désert, de glace celui-là, au pôle Nord, sur la banquise.
Entre-temps il exerça le métier de banquier, de journaliste, d'industriel, de commerçant ? autant de rôles qui ne le contentaient pas.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Passons sur le titre, qui à première vue, rappelle les pires Guillaume Musso. Car il n'en est rien. Christine Jordis nous convie à la découverte d'un personnage, ou plutôt d'un être humain ayant existé, Henri de Foucaucourt, né à l'aube du 20ème siècle et mort à son crépuscule. Témoin de l'Histoire il aurait pu être, témoin d'une histoire universelle, celle d'un être humain cherchant la libération de soi et des contingences sociales, il a été. Ne nous méprenons pas, nous ne sommes pas ici dans un “Into the wild” fait Histoire, mais dans la quête personnelle d'un personnage ayant participé à la grande marche du monde tout en en refusant les codes temporels, restant fidèle à une morale de comportement toute personnelle.

Tour à tour instructeur, champion hippique, aventurier, combattant, commerçant, banquier, missionnaire… Mais exilé, toujours. Quelles que furent les nombreuses vies d'un être hors du commun, une fut sa quête : celle de l'absolu, celle du soi, bien loin des ors d'une lancinante tragédie bourgeoise ou aristocrate – bien qu'il soit bien né –, mais au plus près d'un homme qui a fait son temps tout en vivant dans un autre. le temps d'un esprit chevaleresque parfois suranné, dans le sens valeureux du terme et non romantique, celui d'un homme porteur de valeurs : celle de penser à se saisir soi en saisissant l'autre, qu'il soit Druze, combattant, Inuit…

Véritable directeur des ressources humaines de son unité dans la Seconde Guerre Mondiale, il a su faire sienne la maxime selon laquelle on ne peut demander à ses hommes de faire ce qu'on n'est pas capable de faire soi-même. Certainement pas gaulliste, encore moins pétainiste, mais fidèle à la liberté, il fut un combattant irrésolu : contre la barbarie nazie, contre l'occupant anglais, de la Syrie à Mers el Kébir, pour lui, pour ses hommes, pour le respect d'un choix de jeunesse. Un homme Inclassable, historiquement parlant, si ce n'est, toujours, sous cet angle d'une chevalerie dans un siècle qui a délaissé les mousquets pour les tapis de bombes : respectueux de son prochain comme il pouvait l'être de lui-même, préférant la preuve par l'action à tous les discours dont il s'est toujours méfié, marquant sa distance et sa défiance envers la politique car il est homme. Chevalier toujours, anachronique parfois, universel tout le temps.

Sous le couvert d'une biographie, Christine Jordis sait toucher chacun de nous, pour peu que le lecteur voie d'un bon oeil voler les conventions sociales, considère chaque individu comme pouvant accomplir son destin personnel selon ses propres termes ; pour peu que le lecteur comprenne que rester libre ne signifie pas être lâché sans foi ni loi en plein monde, mais de mettre sa foi et sa loi au service de sa responsabilité envers le monde, mais aussi envers soi-même. Un destin lié à une seule idée : la fidélité. La fidélité au respect gagné parmi les hommes, la fidélité à soi. Qu'importent les récompenses.

On pardonnera aisément à l'auteur certaines langueurs et répétitions dans son commentaire parfois didactique des actions de M. de Foucaucourt, tant ces “explications” rendent la lecture plus limpide et la compréhension de la logique d'un personnage aussi insaisissable plus commode. Un personnage en quête d'ataraxie, de la Syrie au Pôle Nord en passant par le Centre de la France, en quête du bout de soi, de libération, de vivant, mais toujours condamné, limité par sa propre propension au mouvement, au défi, à l'optimisation. Un personnage qui ne saura trouver la paix dans un monastère, ni dans le temps de l'amour, qu'il n'a su prendre. Incapable mari, insoluble dans la vie “rangée” du mariage et des manières, oui, mais aussi capable de la plus grande fidélité, celle de sauver de la faillite une belle famille qui ne lui ressemble que si peu. Avoir le sentiment du devoir accompli pour avoir le sentiment du soi accompli. Qu'importe presque si l'amour reste sur le bas-côté de la grand'route de cet homme : non qu'il n'ait aimé, mais qu'il n'ait su rester.

M. de Foucaucourt incarne sous la plume de Christine Jordis une voie personnelle qui ne peut manquer de faire écho à quiconque trouve de l'inanité dans une vie civilisée et urbaine qui impose des répétitions sans but, des renoncements sans dessein, si ce n'est le trépas qui nous attend tous. Ce n'est pas pour rien que l'auteur ne révèle le nom de son héros – finalement extraordinairement ordinaire – qu'à pas feutrés, car, bien loin de la biographe, elle se pose en contemptrice de nos êtres : touchant du doigt la contradiction fondamentale entre nature et culture, elle questionne notre capacité à placer nos valeurs hors du quotidien, hors des figures imposées, et nous demande de poser leur cohérence quelles que soient les situations.

Parce qu'Henri de Foucaucourt pourrait être vous, moi, n'importe quel quidam, son message devient universel : quelle est la responsabilité d'un homme face à lui-même ? Pas uniquement dans les morceaux de bravoure que sont les grandes batailles ou les grands desseins, mais dans cette idée simple : comment puis-je me mettre à la place de l'autre si je ne suis pas moi-même ? Un roman qui satisfera donc les férus de destin, les férus d'Histoire, les férus d'histoires, mais aussi les insatisfaits, qui voient jour après jour l'humain libre s'enfouir sous les éboulis des obligations quotidiennes jusqu'à oublier sa propre nature. Celle de l'impossible. Finalement, ce titre à la Guillaume Musso n'était pas si ridicule. Il m'a fallu un peu plus de 400 pages passionnantes pour le découvrir. Vous aussi, peut-être.
Lien : http://www.madamedub.com
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Christine Jordis entreprend de raconter la vie exceptionnelle de son père, Henri de F., né en 1906 et mort en 1996. Il eut une existence en tous points exceptionnelle. Peut-être l'auteur souhaite-t-elle éviter l'exubérance des sentiments d'une fille envers son père et peut-être est-ce la raison pour laquelle un narrateur (un neveu lointain de Henri de F. Est-il précisé) déroule cette histoire

Henri de F. fut aimé par sa mère, très pieuse et morte alors qu'il avait six ans. L'image qui lui fut alors transmise, fut celle d'une Sainte, qu'il s'agissait, au fond, de savoir retrouver. L'auteur s'interroge : la course à l'impossible entreprise par cet homme au cours de sa vie n'est-elle pas liée à cette quête originelle ? Cet élément n'est que légèrement évoqué. Une vie peut-elle être réduite d'une aussi simple façon ?

Ce livre est passionnant : il analyse, il est précis, il tente de dévoiler l'ensemble des aspects historiques, sociaux, généalogiques, culturels de la vie de Henri de F.
Henri de F possédait de considérables atouts intellectuels et physiques qui lui ont permis de se fixer nombre de défis hors normes. Une fois qu'il atteignait son but, il éprouvait un sentiment d'insatisfaction, et un autre défi suivait.

Le narrateur ne cesse de souligner tout au long du roman qu'une telle vie est enviable parce qu'elle est intense. Tout plutôt que la moyenne ou la fadeur telle qu'elles nous sont imposées par la vie en société. La « fille » donne raison au père dans sa quête incessante. Son parti pris est explicite : l'homme avait raison de chercher l'exceptionnel et l'intense.

Le récit est donc passionnant. Henri de F fut correspondant au Monde alors qu'il était en Amérique latine, il fut temporairement un grand négociant international, il fut un officier dans l'armée française pendant la guerre de 40. Il remporta des victoires exceptionnelles en Italie et en France. Il vécut le très long « épisode » de la vie conjugale. Il tenta l'expérience du mariage, espérant gagner ainsi la stabilité et la paix intérieure. Il a exploré cette voie comme il aurait jeté un dé sur une table. Il a perdu.
Il releva la banque familiale de sa femme qui avait frôlé la faillite. Il y consacra vingt ans de sa vie.
Il vécut deux ans au pôle Nord avec les Inuits alors qu'il était déjà un homme âgé, puis en Afrique dans un monastère. Il y menait une quête spirituelle mais avait également pour mission de trouver des ressources financières pour la communauté, ce qu'il réussit à faire.
Et enfin, le dernier épisode de son existence fut celui du grand amour. L'aventure du couple, enfin, sembla le combler. Mais comment savoir ? Il fut à cette époque, vaincu par la maladie, puis par la mort, expérience interrompue donc.

Une femme écrit un livre sur son père. La démarche ne peut être gratuite. le lecteur s'interroge. Comment l'auteur se situe-t-elle par rapport au héros paternel ? A-t-elle suivi la même voie ? D'une certaine façon, il semblerait que oui. Bien sûr, la vie de la « fille » paraît plus paisible que celle du père. Henri de F. a mené une quête permanente, d'ordre intérieur et spirituel. Dans ce but il a incessamment changé de projet. La quête intérieure de Christine J. n'est-elle pas adossée à l'écriture ? le projet, quant à lui, demeurerait identique. L'objet, l'aventure quant à elle, cependant changerait, de livre en livre… une hypothèse toute personnelle…
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Comme il est des vies qu'il est difficile de résumer il y a des livres où l'on se butte à décrire les dimensions où ils nous emportent. Un simple merci à Christine JORDIS, pour qui les mots ne sont ni manie ni magie, permettra peut-être de ne pas dénaturer la grâce de ces portraits trempés dans l'existence, de l'ensemble de cette vie de laquelle il sera difficile de se détacher.
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un peu de longueur neanmoins tres interessant
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critiques presse (2)
Telerama
19 décembre 2012
[Ce livre] mêle admirablement les faits avérés, les pensées que l'homme avait consignées dans ses carnets, le tumultueux XXe siècle en guise de décor et les interrogations que suscitent chez le narrateur la personnalité complexe, secrète, radicale, douloureuse mais aussi radieuse de son oncle.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lhumanite
17 décembre 2012
Une vie pour l’impossible, sous l’appellation de roman, propose […] une véritable mise en perspective de la vie d’Henri de Foucaucourt (1905-1996), grand soldat et aventurier aux vies multiples, qui fut également le père de l’écrivain.
Lire la critique sur le site : Lhumanite

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Vidéo de Christine Jordis
À l'occasion de la 33ème édition du festival "Étonnants Voyageurs" à Saint-Malo, Christine Jordis vous présente son ouvrage "Le nuage fou : Ikkyu, moine zen et poète rebelle" aux éditions de l'Observatoire.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2671101/christine-jordis-le-nuage-fou-ikkyu-moine-zen-et-poete-rebelle
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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