Gros pavé que cette biographie (612 pages !) consacrée à celui qui personnifia le "traître intégral", dévoué depuis bien avant-guerre à la cause de l'Allemagne.
Ces 600 pages se lisent comme un roman, et il serait heureux que certains historiens s'inspirent du style alerte de Gilbert JOSEPH.
Ce que je préfère dans les bouquins sur la collaboration, ce n'est pas l'éclairage sur une partie de l'histoire de France, c'est le psychodrame permanent, le déchainement des passions, l'aveuglement, la trouille et surtout, élement qui prime tous les précedents , le progrès souterrain de la lâcheté.
Il est difficile de croire une seconde à la sincérité du marquis de Brinon: son parcours est fait de ruse, d'expédients, et de renoncements pour se maintenir dans un rôle représentatif: reconnaissons d'ailleurs qu'il y réussit fort bien, et ce jusqu'à sa fin, tragique (fusillé) mais amplement méritée.
La lâcheté et la couardise de tous les "vychistes" est parfaitement démontrée, plutôt excusable lorsque la France est assommée par la défaite, de plus en plus scandaleuse à-partir de 1941.
Le livre a un mérite: il montre, preuves à l'appui, la parfaite connaissance de la signfication des termes "solution finale" qu'en avaient Pétain et Laval .
La vie de Brinon est en résumé celle d'un être qui est prêt à tout accepter pour se maintenir.
Réquisitoire implacable, mais non partisan, et remarquablement écrit: de nombreux thrillers n'arrivent pas à la cheville de cette histoire édifiante.
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