Comme tous les livres de Green, l'œuvre (Le visionnaire - NDLR) déconcerte. Gide est enthousiaste : "Cher ami, j'aime immodérément votre livre. Tout m'y plaît, et non seulement les personnages inquiétants, les troubles événementiels soit réels, soit imaginaires, et cette extraordinaire surimpression d'un rêve fait de tout ce que n'avait pu donner l'insuffisante réalité - c'est-à-dire : le sujet même de votre livre ; mais aussi bien cette étrange et angoissante atmosphère, toute chargée de mystique électricité ; et peut-être surtout, votre langue."
Et il ajoutait en post-scriptum : "Avez-vous lu Le Procès de Kafka ? C'est écrit pour vous, et si vous ne le lisez pas, qui le lira ?"
Ce que Gide ne savait pas dans son post-scriptum, c'est qu'à la même époque les Allemands appelaient déjà Green le "Kafka chrétien", montrant de nombreux points communs entre eux. Klaus Mann, par exemple : "Cet américain élevé en France écrit le français le plus clair, le plus musical et le plus transparent qu'on puisse imaginer. Et cependant, il existe une curieuse ressemblance entre Green et Kafka, l'incroyable juif de Prague, que l'on a appelé "le roi secret de la prose allemande."
Même s'il se sent toujours européen, l'Amérique s'imprime profondément dans la mémoire et l'imaginaire de Julian, comme un film qu'il déroulera au ralenti à travers différentes œuvres, mais, à la fin de l'année universitaire 1922, soudain il décide de rentrer en Europe. Si aux Etats-Unis il rêvait de Paris, à Paris il rêve d'être en Virginie. Il vit au naturel le dédoublement qui sera une constante dans son œuvre.
Emily Grigsby. Amoureuse de Henry James qui s'en délivra dans Les Ailes de la colombe.
Moi j'étais amoureux d'elle au point de baiser son ombre dans l'escalier.
J'avais 19 ans, je partais découvrir mon Amérique, le Sud de mes parents, je ne savais pas encore que le journal que j'emportais avec moi couvrirait toute ma vie.
Soldat, j'ai appris là-bas la mort de ma sœur Retta et j'ai parcouru, un jour de permission Venise déserte. La vie me formait ainsi avec le chagrin et la beauté.
Aurielle Marlier, qui signe avec le mystère du domaine Catterton son premier roman jeunesse (à partir de 9 ans), a répondu à quelques questions pour celles et ceux qui n'ont pu se déplacer pour la rencontrer à la librairie Une page à écrire (Janville, 28) samedi 21 avril 2018. À 26 ans, la talentueuse Belge par ailleurs attachée de presse des Editions Jourdan a déjà remporté un franc succès auprès de ses jeunes lecteurs...