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Citations sur Le voyage du canapé-lit (37)

Tout à coup, les gardes républicains se mettent à rouler le tambour. Entrée en grande pompe, par le haut des gradins, de l'Académie française.
Un frisson me parcourt.
C'est l'entrée des morts-vivants. [...]
Le spectacle est affreux. Georges Romero n'aurait pas fait plus effrayant et plus désolant. Les grands médecins, les avocats célèbres, les écrivains glorieux titubent, se risquent à tout petits pas jusqu'au bord des marches, comme s'ils parcouraient, non pas en habit chamarré mais en haillons déchiquetés, les rues boueuses d'un village désert du Tennesse.
Et commence la descente. Là c'est une autre image qui s'impose. La vingtaine de marches leur prend autant de temps que s'il s'agissait de la face nord des Grandes Jorasses. Il s'agrippent à la rambarde, se tiennent les uns les autres, crochètent désespérément tout ce qui passe à portée de leurs mains tavelées et noyées de rides, tout branlants, tout tremblotants, on se dit que si l'un fait un faux pas, c'est tout la cordée qui va basculer dans le vide.
La salle frémit, retient son souffle. Vont-ils arriver entiers ? Qui va y laisser son col du fémur ? Faudra-t-il récupérer derrière eux un dentier, des ongles un oeil de verre . Prévoit-on d'éponger discrètement les traces d'urine.
[...]
Et les tambours roulent durant tout le temps que dure la représentation comme pour dramatiser le numéro accompli par une bande de vieux clowns arthritiques qu'on aurait invité se produire par compassion, dans un spectacle de charité.
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Et commence la descente. Là c’est une autre image qui s’impose. La vingtaine de marches leur prend autant de temps que s’il s’agissait de la face nord des Grandes Jorasses. Ils s’agrippent à la rambarde, se tiennent les uns aux autres, crochètent désespérément tout ce qui passe à portée de leurs mains tavelées et noyées de rides, tout branlants, tout tremblotants, on se dit que si l’un fait un faux pas, c’est la cordée qui va basculer dans le vide.
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C'est vrai que je ne peux pas m'empêcher d'assortir l'expression de ma tendresse, de mon admiration ou de mon amour d'un peu de rudesse, ou d'ironie, pour éviter ce qu'il peut y avoir pour soi, mais aussi pour l'autre, d'un peu gênant dans le pathos. Asséner son amour en bloc et sans le casser un peu, c'est coincer l'autre dans un coin, lui rendre la réplique très difficile. j'ai fini par comprendre qu'il fallait aider l'autre à recevoir l'amour.
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Et la route de fair, à mesure que les kilomètres passaient, nous enfoncaient dans les souvenirs. En nous emportant vers les feux des êtes d autrefois elle ranimait les images du passé qui se deployaient comme naturellement au fil des heures et nous ramenait à travers les années vers le temps évaporé de l enfance.
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Arriver en Auvergne, c'est assister au spectacle de la terre saisie par une progressive ivresse de courbes. On les voit naître, se déployer devant soi, arriver à leur épanouissement et puis se replier lorsque d'autres surgissent à leur tour, comme des vagues. Et ce mouvement éveille une inflexion intérieure, l'épouse, l'attire à lui, la prolonge vers le monde qui semble alors lui promettre se s'étendre jusqu’à la plénitude.
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On pose au préalable quelques questions à Angot. [...] Elle lit son texte, elle le lit bien, avec cette énergie qui la caractérise, prouvant ainsi qu’on peut savoir lire même si on ne sait pas écrire. Comme ce qu’elle écrit se fonde sur deux ou trois effets rudimentaires toujours repris, oralité, répétitions, ça facilite la lecture à voix haute.
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Encore aujourd'hui, lorsqu'il m'arrive, la flûte de champagne à la main, de bavarder avec des universitaires brillants, des écrivains réputés, je suspecte parfois que la puanteur est là, sur moi, aussi acharnée à me poursuivre que celle du jasmin chimique des chiottes grand-maternelles.
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Les journalistes sont très sourcilleux pour défendre leur liberté d'expression, avec de grands mots et des idéaux bien sonores, mais lorsqu'on les critique, c'est-à-dire qu'on use contre eux de la liberté d'expression, ce n'est plus de la liberté d'expression, c'est du populisme, du lépenisme, et ils se débrouilleront pour l'étouffer tant qu'ils pourront, la liberté d'expression, tous les moyens seront bons, à condition qu'ils soient discrets. Donc, pour quelques phrases ironiques, ils y vont, à tour de bras : menaces, insultes, annulations, diffamation, interdictions, suppressions d'articles, censure. Tantôt c'est fait directement, tantôt c'est la trouille des conséquences qui pousse les directeurs de revues, les animateurs d'émissions, les journalistes libres et indépendants à prendre les devants. Je découvre, ahuri, que la France a quelque chose de l'Union soviétique, en plus malin : ça ne se voie pas.
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De même, si on s'avise de sortir son trousseau de clés au moment où l'ascenseur va arriver sur le palier, et si le trousseau nous échappe des mains, il n'y a rigoureusement aucune chance pour qu'il tombe sur le plancher de l'ascenseur. Les clés ont bien calculé leur coup, elles savent ce qu'il faut faire, et tac, elles se glissent directement dans l'interstice entre la plate-forme de l'ascenseur et la porte palière, elles chutent d'étage en étage, et atterrissent au fond de la fosse. Pour récupérer les clés, il faudra s'adresser au concierge, mais il est quatorze heures et la loge ne rouvre pas avant dix-huit heures. A dix-huit heures, le concierge écoute votre histoire de l'air de celui qui vous prend ostensiblement pour un maladroit, un con et un emmerdeur. Il appelle de mauvaise grâce la société d'entretien de l'ascenseur, laquelle n'a personne de disponible, il est vendredi, ils passeront le lundi à une heure indéterminée, ça tombe bien, lundi vous êtes pris toute la journée, il faudra qu'ils remettent les clés au concierge. Au fond de la fosse, les clés ricanent, vous pouvez presque percevoir leur petit rire grelottant.
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Où en étais-je déjà ? Je ne sais même plus de quoi je parle, ni même quel est le sujet exact de ce récit.
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