Savoir que l'auteur est toujours vivant (il est né en 1934) et a choisi Apaisement comme dernier titre m'a vraiment aidée à affronter le volume I puisque je n'ignorais pas ainsi qu'il avait survécu à des moments intérieurs terribles. Ténèbres en terre froide, avec ses entrées brèves (contrairement à Apaisement), c'est la grande claque pour le lecteur. Tentation permanente du suicide, souffrance, épuisement, horreur de vivre, ennui. de plus (ou alors ce sera son salut?) "il te faut écrire, écrire, c'est-à-dire t'épier, te ronger, demeurer aux aguets, toujours exiger de toi le maximum et le meilleur."
"Parfois, je cède à mon sens de la vanité de toute création, et je décide de m'arrêter d'écrire. Mais alors l'existence m'apparaît tellement insupportable, que je n'ai plus rien à quoi me raccrocher. Ne reste plus que la solution du suicide. Mais l'effroi qu'il m'inspire m'assure que je n'aurai jamais le courage de l'accomplir. Et je suis renvoyé à la vie, donc à l'écriture, à cette drogue qu'est l'abrutissement quotidien de longues heures de travail."
"J'appartiens à cette catégorie d'écrivains pour qui écrire est toujours plus ardu, car pour eux, écrire est un moyen de s'explorer, se connaître, progresser vers toujours plus de lucidité et de conscience."
Il écrit donc. Romans, nouvelles, poèmes.
"Le poète a pour rôle de s'offrir à l'inconnu, de conduire à la lumière de la conscience ce qui gît dans les ténèbres du non-connu, du non-défriché. Il doit donc obéir à une volonté de clarifier, d'éclairer. Pourtant, la plupart des poètes semblent obéir à une volonté contraire."
Et le fameux Journal:
"J'aime écrire dans ce Journal. C'est pour moi un espace de liberté. Je ne me fixe aucune règle, sinon celle d'être totalement simple et sincère. Mais cette règle je n'ai pas à me l'imposer. Depuis longtemps elle est inscrite en moi et il m'est facile de m'y soumettre." (Journal VII)
De 1957 à 1964, une certaine évolution se fait jour, bien sûr, mais la tonalité demeure noire. Ce journal est paru beaucoup plus tard, sans retouches.
Charles Juliet y parle aussi d'écrivains, peintres, sculpteurs, de rencontres, d'événements de son passé. Il lui faudra bien du temps pour être reconnu.
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