Citations sur L'Année de l'éveil (29)
Un constat qui m'a amené à découvrir que l'homme possède des ressources de courage, de ténacité, d'énergie absolument insoupçonnables. Aux prises avec les pires circonstances, prisonnier des situations les plus désespérées, il trouve en lui les moyens de se rendre quasiment invincible, de déjouer ce qui est conçu pour l'avilir et l'éliminer. S'il veut, il peut surmonter souffrance et désespoir. S'il veut, il peut même vaincre sa peur de la mort. Et lorsqu'il est affranchi de cette peur, il possède une force et une liberté qui lui permettent de tout défier, tout affronter.
je tiens à deux mains la précieuse boite enveloppée de sa chaussette . depuis plus d'un mois , c'est le premier bon moment qu'il m'est donné de vivre . Assis à coté du légionnaire , détendu , veillant à ne pas me couper sur le bord déchiqueté de la boite , je déguste à petites gorgées ce café au gout incomparable , et la joie que je ressens , je voudrais la partager avec eux .
Je passe l'étude recroquevillé sur mon tabouret, à moitié endormi, la tête enfouie dans le col de ma capote, à me souffler sur les doigts.
Je prends conscience qu'on ne choisit ni ses parents, ni son enfance, ni ce qui en découle, ni ce qu'on est. Mais ce que le hasard et les circonstances m'ont attribué, et qui n'est pas forcément pour me convenir, dois-je le combattre ou m'y soumettre ? Ces questions qui viennent de surgir en moi, je devine qu'elles ne me lâcheront plus. (...) Et devrai-je continuer d'avancer si je comprends un jour que ce que je suis me vaudra d'être rejeté par mes semblables ? P. 77-78
Alors, une fois adultes, que ferez-vous ? Serez-vous de ceux qui cèdent à leurs mauvais penchants, ceux qui ajoutent à la souffrance et au malheur d'autrui? Ou bien serez-vous de ceux qui luttent pour faire régresser l'ignorance, la bêtise et le mal, ceux qui ont le désir de construire un homme dont nous n'aurions plus rien à craindre, un homme qui ne serait plus capable de commettre les atrocités que notre tragique époque vient de connaître ?
Les feuillets que je tiens enfouis dans ma poche,
je les porte à ma bouche.
Me mets à les mâcher et les avaler.
Pour n'avoir pas à me séparer de ce qui m'est venu d'elle.
Pour la sentir vivre en moi..
Pour faire passer ses mots dans mon sang.
P 61.
« Si Dieu est grand et tout-puissant, il n’a aucun besoin de mes louanges. S’il n’est qu’amour, alors il doit spontanément manifester sa bonté. A l’inverse, s’il n’est pas bon, si même il est un Dieu méchant, ce que tant de choses nous porteraient à supposer, quel intérêt aurions-nous à l’implorer, à vivre dans la soumission et la crainte, à entretenir le moindre rapport avec lui ? Ne vaut-il pas mieux ne compter que sur soi-même, ne se tenir debout que par ses propres forces ?"
J'ai envie de rire et de pleurer, partagé que je suis entre la joie que je ressens à les retrouver et la détresse dans laquelle je me débats. Sans eux tous dont je sais maintenant quelle place ils tiennent en moi, que vais-je devenir ? (P. 261)
En entrant dans cette caserne, en voyant ces murs, ces bâtiments, en découvrant des centaines de visages inconnus, ces manières de parler tellement différentes de la mienne, dès la première minute, j'ai compris que j'étais seul, irrémédiablement seul, que je serais à jamais seul, que chaque être humain est misérablement seul, et depuis, je ne suis plus comme avant. Si je ne travaille pas en classe aussi bien que je le devrais, c'est parce que je souffre de ma solitude et que je pense à la mort. (...) La pensée de la mort est là qui me taraude, et il arrive que toute envie de vivre me déserte. Pendant des jours, je demeure privé de volonté, suis incapable de me ressaisir, et le désarroi qui me gagne à la pensée que je m'enlise, que je vais à l'échec, que je ne serai qu'un raté, ajoute encore à ce qui m'enlève tout courage. (p.62)