Je ne l'entendais pas…
Extrait 1
Je ne l'entendais pas, j'entendais quelques mots
je ne disais rien, je regardais au loin
parfois je ne savais plus quel visage et si de
leur
corps viendrait un visage
la voix s'éteignait, je regardais :
mais sans fenêtre sans
ouverture dans la pièce
dans un autre lieu,
le lit s'ouvrait
et les lueurs
reflets des enseignes
sur le boulevard
ce bleu était
celui en moi
de glace
immobile ce bleu si on ajoute le sang
éclaire aussi
par à-coups
…
Je ne l'entendais pas…
Extrait 3
d'autres.
lueurs, regards, de jaune immobiles éblouissent dessinent des traits
seuls nos pas dans e frémissement des
fleurs Les fleurs ne se voient pas mais se murmurent dans le creux
des débuts
les arbres sont penchés de rose d'énormes boursouflures dessinent
les murs des
traits arrêtes grises, pans de lumière soleil tombés scintillent
puis du violet encore il sort des couteaux découpe
…
Je ne l'entendais pas…
Extrait 5
papiers jetés et cisaillés,
en excès je défais crache la moindre cellule
sauf le mouvement de l'angoisse le bleu vert des enseignes
creuse en excès en comble me prit
avec la ressemblance d'un mort
vague soudain
marche lentement, les sols sont étrangers , parfois disjointes
en allées et venues le ciel
à avaler d'un seul
trait
trou noir des fourmis
le silence diffère des
printemps, avec
éclats de roses et barbelés
Je ne l'entendais pas…
Extrait 4
de ces rêveries ont figuré bouches, ventres, et tranquille sans le
sommeil je ramassais des branches tombées trop lourdes couvertes
de fleurs et pétales parsemés le long du boulevard
parfois je peux le sentir (au-dessus de la nuque
pétales et finesse des soies
ce n'est pas encore
sur la finesse
du jour toute la finesse des souffles
je n'aurais pas bougé, pas fait un geste,
je tiens le corps, j'oublie parfois je
ne me résigne pas à le
mettre à nu je le dessine cela s'enfuit coulée entre
les doigts je regarde les murs sans lumière lumières pâles bruit
ou l'enfoncer dans :
…
Je ne l'entendais pas…
Extrait 2
la chambre
le temps la scène en bas, le silence, parfois des
bruits
de voix
avant
écrit
quelques mots
absents
brèche, scène en bas
mais de jour en jour
et les nuits passées,
j'empruntais les éclats verres et miroirs
sans le papier
il incendie
(du haut du jour
mes pas
la scène immobile et vide
…
Fabienne COURTADE – Nous, infiniment risqués (France Culture, 1993)
L’émission « Clair de nuit », par Jean Couturier, diffusée le 22 août 1993 sur France Culture.