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Citations sur La Colonie pénitentiaire et autres récits (24)

Mais comme il devient calme à la sixième heure! L'esprit le plus stupide, s'ouvre alors. Cela commence autour des yeux, puis rayonne et s'étend. Un spectacle qui vous tenterait de cous mettre aussi sous la herse. Il ne se passe d'ailleurs plus rien, l'homme commence seulement à déchiffrer l'inscription, il avance les lèvres comme s'il épiait. Vous avez vu qu'il n'est pas facile de lire cette écriture avec les yeux ; eh bien, l'homme la déchiffre avec ses plaies. C'est un gros travail, certainement ; il lui faut six heures pour finir. A ce moment, la herse l'embroche complètement et le jette dans la fosse où il tombe en faisant "plouf" sur l'ouate et l'eau sanglante. La justice a fini son œuvre ; moi et le soldat nous enterrons le corps.
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Du moins n’y avait-il là, dans ce vallon abrupt et sablonneux cerné de pentes dénudées, outre l’officier et le voyageur, que le condamné, un homme abruti et mafflu, cheveu hirsute et face à l’avenant, et un soldat tenant la lourde chaîne où aboutissaient les petites chaînes qui l’enserraient aux chevilles, aux poignets et au cou, et qui étaient encore reliées entre elles par d’autres chaînes. Au reste, le condamné avait un tel air de chien docile qu’apparemment on aurait pu le laisser librement divaguer sur ces pentes, quitte à le siffler au moment de passer à l’exécution.
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Le condamné avait d'ailleurs l'air si caninement résigné qu'il semblait qu'on eût pu le laisser courir en liberté sur les pentes et qu'il aurait suffi de siffler pour le faire venir à l'heure de l'exécution.
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"Si, dans les commencements et à condition que les hommes l'eussent permis, je pouvais encore m'en retourner librement par le porche grand ouvert que le Ciel forme au-dessus de la Terre, ce porche alla s'abaissant et s'étrécissant à mesure que mon évolution allait à grand pas. Dans le monde des hommes, je me sentais de plus en plus à l'aise... Et de plus en plus enfermé... Ce propos devra retracer la ligne de conduite qu'à suivie celui qui fut un singe pour se pousser dans le monde des humains, et s'y établir durablement." - Compte-rendu d'une académie
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Un trapéziste - l'art que ces acrobates exercent dans les airs sous le dôme des grands music-halls, est, on le sait, l'un des plus difficiles auxquels l'homme puisse s'élever, - un trapéziste, poussé d'abord par la seule ambition de se perfectionner, puis par une habitude devenue tyrannique, avait organisé sa vie de telle sorte qu'il pût rester sur son trapèze nuit et jour aussi longtemps qu'il travaillait dans le même établissement. Des domestiques se relayaient pour pourvoir à tous ses besoins, qui étaient d'ailleurs très restreints ; (...)
(Un champion de jeûne)
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"C'est un appareil très curieux", dit l'officier à l'explorateur en jetant sur cette machine, qu'il connaissait pourtant fort bien, un certain regard d'admiration.
L'explorateur semblait n'avoir déféré que par politesse à l'invitation du commandant qui l'avait prié de venir assister à l'exécution d'un soldat condamné pour indiscipline et outrages à un supérieur.
(La colonie pénitentiaire)
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J'ai organisé mon terrier et il m'a l'air bien réussi. De dehors on voit un grand trou, mais qui ne mène nulle part; au bout de quelques pas, on se heurte au rocher. Je ne veux pas me vanter d'avoir eu là une ruse intentionnelle; ce trou n'est que le résultat de l'une des nombreuses tentatives que j'avais faites vainement, mais il m'a semblé avantageux de ne pas la recouvrir. Evidemment, il est des ruses si subtiles qu'elles se contrecarrent elles-mêmes, je le sais mieux que personne, et il est bien hardi de vouloir faire croire que ce trou peut dissimuler une proie digne de recherche.

Le terrier
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Le soldat et le condamné avaient rencontré à la maison de thé des gens de leur connaissance, qui les retinrent. Mais ils avaient dû s'arracher rapidement à eux car, à peine le voyageur se trouva-t-il au milieu du long escalier qui menait aux embarcations, qu'ils couraient déjà derrière lui. Ils voulaient apparemment obliger le voyageur au dernier instant à les emmener. Tandis que le voyageur discutait avec un matelot pour se faire conduire jusqu'au vapeur, les deux hommes descendaient l'escalier à toute allure, silencieusement, car ils n'osaient pas se mettre à crier; Mais, lorsqu'ils furent parvenus en bas, le voyageur était installé dans la chaloupe que le matelot éloignait tout juste de la rive. Ils auraient encore pu sauter dans la barque, mais le voyageur saisit un long cordage à nœuds, dont il les menaça pour les décourager de sauter.
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En octobre 1914, Kafka prend une semaine de congé pour avancer dans la rédaction du Procès commencée deux mois plus tôt. Il s’échappe même de l’appartement familial à Prague pour aller travailler au calme dans celui de sa sœur Elli, Nerudagasse 48. Prolongeant d’une semaine son congé, c’est cependant deux autres textes qu’il va écrire : le dernier chapitre d’Amérique, « Le grand théâtre d’Oklahoma », et À la Colonie pénitentiaire.
Les mois suivants, il hésite à publier ce dernier texte. Il en fait une lecture publique à Munich le 10 novembre 1916, lecture à laquelle assiste Rainer Maria Rilke. Selon plusieurs journaux, le récit aurait été mal accueilli par le public, il est même question de trois dames qui seraient tombées dans les pommes ! (histoire qui semble avoir été inventée par un journaliste). Par la suite, Kafka continue à douter de la valeur de ce texte. Son éditeur Kurt Wolff désire le publier, et ce n’est que trois ans plus tard qu’À la Colonie pénitentiaire paraîtra, tiré à mille exemplaires.
Les hésitations de Kafka semblent liées au caractère à la fois « douloureux » et « honteux » de ce récit, selon le mot peinlich qu’il emploie dans une lettre à son éditeur. La torture est ici l’œuvre d’une machine rendant la cruauté humaine totalement impersonnelle, effaçant même la conscience de toute culpabilité chez le tortionnaire. Kafka avait lu des articles de journal et des récits contemporains évoquant différentes colonies pénitentiaires tenues par des puissances européennes : il s’agissait bien d’inscrire de force une Loi supérieure dans la chair des détenus.
J’ai tenté de rendre la froideur de la langue kafkaïenne épousant celle de « l’appareil particulier » évoqué dès les premières lignes. L’écriture de ce récit est menée par l’inscription de la Loi sur la peau du condamné. Le lecteur doit passer lui aussi dans la machine du texte, mais il n’est pas sûr qu’il puisse aller jusqu’au bout. C’est peut-être la cruauté de sa propre écriture qui fit souffrir Kafka lui-même à la relecture, en même temps qu’il fut sans doute gêné par le caractère comique de certaines scènes où l’on sent la prégnance du théâtre yiddish, souvent évoqué dans son Journal.
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Le voyageur suivit l’officier et dit :
– Vous ne savez toujours pas ce que j’ai l’intention de faire. Je vais donner au commandant mon avis sur ce procédé, mais non pas lors d’une réunion : entre quatre yeux ; je ne vais d’ailleurs pas rester ici assez longtemps pour qu’on puisse me convier à aucune réunion ; je pars dès demain matin, ou du moins je m’embarque.
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