« C'est un ange. Tu as déjà vu quelqu'un comme lui…
Chanter avec autant de sincérité ? »
Nos C(h)oeurs évanescents, le début d'un récit doux et poétique en compagnie d'un petit collégien angélique passionné de musique.
Quelques mots sur la mangaka…
Yuhki Kamatani, née en 1983, est avant tout une passionnée de ninjas. Elle publie donc sa première série autour de ce sujet qui lui tient particulièrement à coeur en 2004 : Nabari, une série clôturée en 14 tomes mais, malheureusement, actuellement en arrêt de commercialisation. Grâce à son succès, le titre a malgré tout eu droit à une adaptation animée en 2008. Elle entame Nos c(h)oeurs évanescents en 2010 qu'elle bouclera quatre ans plus tard avec un total de huit volumes publiés au Japon. En 2015, elle crée le manga Eclat(s) d'âme qui véhicule un véritable message de tolérance et d'acceptation de la différence, une série terminée en quatre volumes et disponible aux éditions Akata.
Nos c(h)oeurs évanescents, de quoi ça parle ?
Plutôt sensible et réservé, Yutaka Aoi possède un don unique pour la musique, un art qui l'émeut et l'aide à s'ouvrir au monde extérieur. Pour son entrée au collège, il souhaite absolument intégrer le club de la chorale, les membres de celui-ci seront très surpris par sa voix de Soprano, une partie du choeur très souvent confiée aux filles, alors qu'ils se trouvent en sous-effectif de voix masculines.
Plus qu'un manga sur la musique, Nos c(h)oeurs évanescents aborde avec brio la période difficile qu'est la puberté à travers un panel de personnages certes très différents mais tous en quête de leurs propres rêves et aspirations.
Mon avis…
Ce premier tome, à l'image de son protagoniste, nous offre une véritable bouffée d'air frais et de bienveillance. C'est simple, quand j'ai refermé le volume, je me suis sentie heureuse et sereine.
Le coup de crayon de
Yuhki Kamatani, à la fois vivant et onirique, nous entraine dans un voyage d'émotions et de rêveries. de nombreuses métaphores visuelles, un découpage créatif et un ingénieux jeu de contrastes exacerbent les sentiments des personnages, des sentiments qui nous touchent par conséquent en plein coeur. L'aspect visuel est en effet extrêmement soigné et recherché, ce qui apporte une réelle dimension, un véritable cachet à l'oeuvre.
Même si l'histoire semble plutôt classique de prime abord, elle possède une véritable force au niveau de ses personnages. En effet, si des thèmes forts sont bien traités dans ce premier volume comme la différence, l'intégration sociale voire tout simplement l'adolescence ; c'est avant tout grâce aux acteurs qui les font vivre. le protagoniste, à lui tout seul, s'avère être un réel trésor. Dès les premières pages, nous prenons conscience de sa différence… il n'est pas comme tout le monde ! Et cela se confirme bel et bien au fil des pages. Yutaka est hypersensible et garde toujours le sourire, ou presque. Il essaie de chasser toute pensée négative pour éviter d'en souffrir… Ainsi, il donne, la plupart du temps, l'impression de ne voir que le côté positif des choses, réagissant souvent de manière pure, innocente voire naïve. Ses réactions m'ont d'ailleurs tiré de nombreux sourires, notamment ses répliques désarmantes face aux remarques désagréables d'autrui qui provoquent des situations très inattendues et drôles.
Cependant, au fil du tome, nous nous rendons compte que ses pensées sombres et dévastatrices ne sont pas totalement effacées… C'est soit tout blanc, soit tout noir. Mais, autour de lui, gravitent de nombreux personnages qui vont l'aider à canaliser ses émotions comme sa douce et très présente maman ainsi que ses nouveaux amis.
« Ma voix est plus belle quand elle se mêle aux vôtres… Quand je suis ici, je ne me sens plus seul. »
Tous les personnages sont variés et intrigants, voguant entre le président de la chorale désespéré à l'idée de ne pas pouvoir chanter devant un public, une choriste talentueuse mais mélancolique étrangement intriguée par Yutaka, une autre choriste qui, au contraire, a pris ce dernier en grippe, les deux « emmerdeurs » de la classe, les nouveaux collégiens qui cherchent leur identité et se lient d'amitié avec le protagoniste, des professeurs hauts en couleurs, un prodige de l'opéra blasé… de nombreux mystères planent sur ces divers personnages, j'attends la suite de leurs développements respectifs avec impatience.
L'intrigue principale semble beaucoup porter sur la notion d'éphémère. Sans cesse, les personnages nous rappellent que la voix de Yutaka est éphémère, qu'il doit en profiter, qu'il va sûrement bientôt muer… à l'instar du passage de l'enfance à l'âge adulte qui est souvent évoqué comme une épreuve difficile, rappelant qu'il faut profiter de sa jeunesse. Cet état de fait agit telle une pression sur le protagoniste, comme si un étau allait se resserrer sur lui. S'il ne s'est pas encore exprimé à ce sujet, cela risque très probablement d'arriver par la suite.
Je trouve également que ce récit dépeint cette période, cette entrée au collège, de manière très réaliste… Cela m'a vraiment rappelé ma propre entrée au collège, m'a fait ressentir des émotions identiques… de nouvelles rencontres, de nouvelles amitiés qui se créent, un nouvel environnement, une envie de s'y intégrer, de partager ses passions…
Côté édition, Akata nous offre encore une fois du travail de qualité. le papier est plutôt épais et je trouve la typographie du titre, un mélange de scolaire et de divergence, vraiment adaptée à l'atmosphère de l'oeuvre. de plus, le jeu de mots avec coeur et choeur est vraiment sympathique et, encore une fois, en raccord avec le contenu en plus de créer un lien avec l'autre titre de l'autrice qui possède également une lettre entre parenthèses.
Conclusion…
Nos c(h)oeurs évanescents démarre en force avec un premier tome très émouvant et poétique en présentant un univers visuel métaphorique travaillé et un protagoniste hors du commun autour duquel gravitent de nombreux personnages tous plus intéressants les uns que les autres. Cette lecture est apaisante et transmet de nombreuses émotions positives tout en abordant moult thèmes universel comme la différence, l'adolescence et le côté éphémère de la vie.
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