Je me souviens avoir vu la première et unique saison de la série « Aquarius » avec David Duchovni (revenu de X files). Il s'agissait de montrer comment, dans les années 50/60, la rigueur, l'intransigeance et le conformisme de l'American way of life » avait provoqué la fameuse « contre-culture » américaine, celle des minorités, des « beat », mot argotique qui a pour sens initial : fatigué, cassé, puis être au bout du rouleau, être à la rue. Ce sont bien souvent les minorités et les déclassés exclus de la culture dominante. C'est Kerouac, un des premiers qui semble-t-il, a utilisé le mot pour se définir, en faisant référence à la pauvreté, à l'écrasement. Les hippies ont pris la suite du mouvement beatnik. Ce que montre Aquarius, c'est l'ampleur que prendront tous ces mouvements face à la société très policée et policière. le mouvement « Noir » avec d'un côté
Martin Luther King et de l'autre
Angela Davies s'inscrivent également dans cette contre-culture.
Né d'un père juif et d'une mère noire,
Bob Kaufman n'a pas de chance. Très vite il mènera une vie d'errance, à la dérive. C'est sa rencontre avec kérouac, ginsberg et Ferlinghetti qui vont faire sa gloire (très éphémère). Ferlinghetti va publier ses poèmes. de la poésie s'inscrivant pleinement dans le mouvement « beat ». La drogue, l'alcool, la prison… suivront et participeront dans les années 70 à sa déchéance et à sa mort. Vous comprendrez pourquoi on trouve dans ses poèmes tous les thèmes se rapportant à une vision radicalement différente du conformisme US ambiant. Kaufman nous montre son point de vue de « looser », d'exclu. Les extraits que j'ai posté en citation en illustrent toute la puissance, toute la force. C'est exactement l'envers de la « bonne société ». C'est parfois tellement halluciné que l'on n'y comprend rien au premier abord. C'est bien souvent en relisant plusieurs fois à voix haute que l'on prend toute la dimension, que l'on aperçoit toute la beauté de ses textes. Kaufmann n'a rien à perdre. Il dit ce qu'il pense. C'est parfois très tordu, retors, pas toujours facile d'accès. Mais c'est sa réalité à lui. La juxtaposition des mots est souvent surprenante. On se demande où il veut en venir, puis tout doucement, notre cerveau se calque sur le sien et… je ne dirais pas que tout devient limpide, mais le sens apparaît, comme une évidence.
Un petit mot pour terminer sur les traducteurs. Je ne sais pas comment on peut traduire ça. Mais ils l'ont fait. C'est une édition bilingue, et lorsqu'on se hasarde, comme moi, médiocre angliciste, à tenter de lire l'original, on apprécie d'autant plus la traduction. C'est du très grand art.
A lire, à relire, à s'en imprégner la moelle.