Cette anthologie regroupe 6 nouvelles écrites par le prix Nobel
Yasunari Kawabata entre 1952 et 1960. Quatre d'entre elles avaient été réunies une première fois par l'auteur lui-même.
Cécile Sakai, traductrice et spécialiste de l'oeuvre de l'auteur japonais y adjoint deux autres nouvelles pour ce recueil publié en 2014 à l'occasion d'une exposition consacrée à l'oeuvre de Kawabata à la
Maison de la Culture du Japon à Paris.
Pour une première approche de l'oeuvre pléthorique de cette grande figure de la littérature japonaise (plus de 400 textes) il n'est pas certain que ce soit la meilleure approche. Ces six textes présentent des styles différents. Toutes me semblent avoir pour lien le temps qui passe et la recherche de ce qui a été perdu (un amour, la force des mots parlés ou écrits, un être cher, l'harmonie de la nature, l'insouciance de l'enfance). le ton est très nostalgique. Peut-on faire renaître ce qui est mort ? Comment affronter le vide laissé par une disparition ? Peut-on ralentir la course du temps ? Quel sens donner à sa vie après une perte ? Il y a dans cette nostalgie une quête de sérénité et en même temps une forme de lucidité tranquille face à l'impossibilité de revenir en arrière, à la capacité de reconnaître que ce qui est parti ne reviendra pas et à accepter la douleur et le vide. Un ton pas surprenant quand on sait que l'auteur a connu une jeunesse marquée par le deuil de ses parents, de son unique soeur et de ses grands-parents.
Une constante néanmoins est la qualité très artistique de présenter les situations ou les personnages. Au fil des lignes on a l'impression de voir un tableau prendre forme devant nos yeux, par petites touches précises.
Si j'ai été sous le charme des trois premières nouvelles, les trois dernières m'ont laissée à côté. Celles-ci m'ont plus semblées être des exercices de style ou des esquisses de chapitres sortis d'un contexte global, me laissant sur ma faim.
Si ce recueil ne m'a pas bouleversée il m'a néanmoins donné l'envie de lire une des oeuvres majeures de
Yasunari Kawabata, pour avoir une vision plus représentative de son travail.