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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Encore un livre fort sur la ségrégation ! Un livre choral, extrêmement bien construit dans lequel on s'immerge complètement. J'ai particulièrement apprécié la découverte de cet état imaginaire et cette migration qui prédit un bouleversement catastrophique pour les blancs. Les personnages sont charismatiques avec leurs secrets bien enfouis. La fin m'a un peu surpris et désolé !
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Quand on est une lectrice passionnée, avoir un fils conseiller en vente librairie se révèle être un avantage certain. "Un autre tambour" de William Melvin Kelley fut ainsi un cadeau de Noël fort apprécié qui m'a obligée à modifier mes lectures habituelles et à délaisser pour un temps la littérature française au profit d'un roman américain.

Et pas n'importe lequel ! Dans "Elle", Clémentine Goldszal dit de cet ouvrage "Un livre exceptionnel dont l'auteur mérite sa place au Panthéon des grands écrivains américains du XXème siècle." Je ne suis pas suffisamment spécialisée en littérature américaine pour plussoyer mais en tous les cas, je peux dire que j'ai trouvé ce roman, le premier de l'auteur, d'une grande intelligence, parfaitement raconté et magnifiquement maîtrisé. Il débute en juin 1957 dans une petite ville du sud des Etats-Unis, quand Tucker Caliban, descendant d'esclaves noirs, jeune fermier, recouvre son champ de sel, coupe l'unique arbre planté sur le terrain, abat son cheval et sa vache, et met le feu à sa maison avant de quitter la ville. le lendemain, toute la population noire de l'Etat part à son tour en direction du nord.

Dans cet ouvrage, le jeune écrivain – il avait vingt-quatre ans – fait entendre une toute autre voix que l'officielle de l'époque, s'agissant de la ségrégation raciale, "un autre tambour" en quelque sorte. Ses talents de conteur incontestables font de son roman un récit très réussi et la traduction n'est pas en reste qui utilise magnifiquement – entre autres – l'imparfait du subjonctif. Les personnages, blancs, qui devisent sur ce phénomène incompréhensible, sur ses répercussions sur l'avenir de la ville désormais privée de la moitié de ses occupants sont tous particulièrement bien décrits. Et les propos tenus, les questions posées sur cet exode montrent à quel point la liberté à cette époque et dans ce pays était un mot peu usité.

Histoire engagée s'il en est, passionnante, émouvante et originale par la manière qu'a ce romancier noir d'imaginer les réflexions des blancs, elle se dévore tambour battant. Une très belle lecture.

Lien : https://memo-emoi.fr
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On redécouvre, enfin c'est mon cas, William Melvin Kelley (1937-2017). le géant oublié des lettres américaines, écrit 10-18, grande maison du livre s'il en est, qui m'a fait connaitre bien des talents. Après Jazz à l'âme, chroniqué il y a peu, voici Un autre tambour, le premier roman de Kelley (1962). Les deux titres font référence à la musique, mais aussi à 'action, le tambour ayant une consonnance guerrière. Et ces deux beaux romans battent en effet au rythme des pulsations, comme un quartet de jazz, allant à l'essentiel. J'ai pensé au cinéma de John Cassavetes.

Dans une ville du Sud, ce sud de Faulkner, de Caldwell, de Flannery O'Connor, sur lequel on a déjà tant lu, en juin 1957, Tucker, jeune fermier noir, empoisonne sa propre terre, abat son bétail et brûle sa maison. A sa suite toute la population noire quitte la ville. Les blancs de la véranda, réunis comme tous les jours, n'en croient pas meurs yeux. Faut-il se réjouir de cet exode? A travers quelques personnages, notamment la famille Willson, les aristocrates descendants dun général de la Confédération, Kelley nous plonge dans quelques dizaines d'années de cetet histoire du Sud, si douloureux, victime de tant d'incompréhension.

On y rencontre pourtant pas mal de bonnes volontés. Une amitié entre un noir et un blanc y est esquissée, battue en brèche par le climat en ces années cinquante. Kelley écrit comme dans une mouvance Richard Wright ou James Baldwin, écrivains "politiques" réfugiés en France un certain temps.Lui-même a quitté l'Amérique assez longtemps, vécu à Paris et Rome, s'est établi un moment en Jamaïque. Cependant Un autre tambour n'est pas un livre pamphlet et s'apparente plutôt à une fable où Tucker Caliban, descendant d'esclave, devient celui par qui le scandale arrive. le roman évite le manichéisme, souvent une plaie dans ce genre d'ouvrages.Tucker agit, silencieux, avec un air de Bartleby, le scribe d'Herman Melville, qui préférerait ne pas le faire. C'est assez impressionnant, Tucker décidant, un jour, de cesser le travail de la terre. Go North Young Man.

le livre doit son titre à une très belle citation de Thoreau. Si un homme ne marche pas au pas de ses camarades, c'est qu'il entend le son d'un autre tambour. Une phrase qui sonne comme une ébauche de liberté, une majesté.

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Péter un plomb, décider d'effacer toute trace de son existence et partir : voilà la décision d'un jeune fermier noir dans le deep south imaginaire de l'auteur. Ce départ mènera à l'exode spontané de toute la population noire de la ville, laissant les blancs spectateurs désabusés d'une société ségrégationniste désormais dépourvu de couleur. Un récit de 1962 politiquement visionnaire pour son époque.
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Petit roman écrit en 62 ,alors que toit le monde s'en fichaot de la question raciale,,écrit par un noir américain ,évoque la ségrégation et tente de montrer qie des petites actions individuelles peuvent changer une société et que la fraternité existe.Style épuré et précis,agréable à lire bien que
le monde reste confus.
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Du jour au lendemain, les résidents noirs d'une petite ville imaginaire d'un État du Sud désertent, à la suite de l'acte de protestation d'un jeune fermier, descendant d'esclave. Pourquoi ?

J'aime tomber en amour avec un roman parfois dès les premières lignes sans vraiment savoir Pourquoi et Où cet élan me conduira. Je me suis donc laissée guider par la voix de WILLIAM MELVIN KELLEY. Un Baldwin qui aurait été ignoré pendant toutes ces années.

Ce livre est éternel, sa trace restera imprégnée dans le papier même si l'écriture ici tient beaucoup du récit oral et résonne comme le chant d'un tambour.
C'est ce qui fait tout le charme et toute la puissance du récit.
La plume est belle. Elle chante. La plume est actuelle. Elle crisse sur le tableau 2020 comme une craie dérangeante nous rappelant que l'histoire (factuelle ou romancée) est souvent un éternel recommencement auquel nous pouvons dire STOP.

"N'importe qui, oui, n'importe qui peut briser ses chaînes.
Ce courage, aussi profondément enfoui soit-il, attend toujours d'être révélé. Il suffit de savoir l'amadouer et d'employer les mots appropriés, et il surgira, rugissant comme un tigre."

Dire que cet auteur avait moins de 25 ans lorsqu'il a écrit ce premier roman. Son analyse de la situation politique, sociale et économique est d'une finesse qui laisse pantois et d'un écho troublant encore et toujours aujourd'hui.

"Mais ce Sud (*) tel qu'il pourrait être n'est réalisable que si les gens adoptent un nouveau mode de vie. Nous devons abandonner nos vieux schémas et arrêter d'idolâtrer le passé pour nous tourner vers l'avenir" (* remplacer le Sud par le Monde, 1962 - 2020)

Scénario:
Juin 1957. Un après-midi, dans une petite ville du Sud profond des États-Unis, Tucker Caliban, un jeune fermier noir, recouvre de sel son champ, abat sa vache et son cheval, met le feu à sa maison, puis quitte la ville. le jour suivant, toute la population noire déserte la ville à son tour.
Quel sens donner à cet exode spontané ? Quelles conséquences pour la ville, soudain vidée d'un tiers de ses habitants ?
L'histoire est racontée par ceux qui restent : les Blancs. Des enfants, hommes et femmes, libéraux ou conservateurs.

Une histoire alternative et audacieuse, publiée en 1962, un roman choc, tant par sa qualité littéraire que sa vision politique. En multipliant et décalant les points de vue, Kelley pose de façon inédite (et incroyablement gonflée pour l'époque) la « question raciale »

- Lecture du 03/11/2020 -
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Certains suivent la musique, quelque soit le rythme, le tempo, que l'air leur plaise ou pas et d'autres entendent un autre tambour et suivent cette musique qui résonne au plus profond d'eux-mêmes.

Ne cherchez pas la petite ville de Sutton, sachez juste qu'elle est nichée dans le Sud Profond, que nous sommes en 1957 et que la ségrégation raciale n'est pas considérée comme un gros mot chez ces Blancs.

D'ailleurs, les Blancs racontent encore la légende de cet esclave Noir qui refusa de se soumettre et qui en fit voir de toutes les couleurs à l'homme qui l'acheta.

Au fait, ils ne travaillent pas tous ces hommes Blancs qui se rassemblent pour discuter sous le porche d'une véranda ?

Tucker Caliban, descendant de cet esclave qui ne se soumit qu'après une longue cavale semble avoir entendu le son d'une autre musique car il décide de saler son champ, de tuer ses deux bêtes, de foutre le feu à sa maison et de foutre le camp.

Consternation et stupeur chez nos WASP qui discutent ferment sur le perron de la véranda. le lendemain, c'est toute la population Noire qui fiche le camp de Sutton

Ce roman choral nous offrira différents points de vue des Blancs et nous en apprendra un peu plus sur les moeurs de la petite ville de Sutton. Rassurez-vous, pas de violences physiques faites à la population Noire, juste de la ségrégation ordinaire, tellement ordinaire que les Blancs ne s'en rendent pas compte. Mais le mal est là et les blessures toujours à vif.

Ceci n'est pas un énième livre sur le racisme et la ségrégation, il est plus que ça… Il prend le problème par un autre côté en nous contant la fable de l'exode massif d'une partie de la population d'une petite ville, du jour au lendemain, et de ces Blancs qui ne comprennent pas le pourquoi.

Paru en 1962 aux États-Unis, ce roman n'a pas vieilli puisque certaines personnes voudraient en voir détaler d'autres et vous savez comme qu'au moindre problème de société, les "qu'ils rentrent dans leur pays" fusent un peu partout (mais comment rentrer dans son pays quand on y est déjà ??).

Une prof que je détestais avait dit une chose intelligente que je n'ai jamais oubliée au sujet des étrangers : ce sont avant tout des consommateurs !! En plus de faire les sales boulots qu'on ne veut plus faire, ils consomment et font tourner les magasins, donc l'économie.

L'épicier Noir de Sutton est parti, les Blancs crient hourra car ainsi, l'autre épicier, Le Blanc, aura plus de clients… Mais non crétin puisque un tiers de ta population de consommateurs s'en vont avec lui.

L'un ou l'autre personnage Blanc sera un peu plus éclairé que les autres, mais sa voix se perdra dans la cacophonie des langues de putes des autres. Que l'on soit en 1957 ou en 2020 ne changent rien, les cerveaux n'ont pas reçu la lumière.

Le final de ce roman engagé est tout simplement bouleversant…

Un roman fort, un roman coup de poing écrit par un auteur Noir très jeune, qui fut salué lors de la parution de son roman puis a sombré dans l'oubli. Heureusement qu'on l'a traduit et publié en France car il vaut vraiment la peine qu'on le lise.

PS : en espérant qu'on n'intente pas un procès post-mortem à l'auteur parce qu'il s'est mis dans la peau de Blancs alors qu'il était Noir… Vu comment les mentalités tournent ces derniers temps, je suis souvent étonnée de l'imbécillité de certains, de leur culot, de leur audace et me demande encore pourquoi on les laisse faire…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Un autre tambour est un premier roman extrêmement bien pensé, construit et puissant !
Lien : https://www.lespassionsdechi..
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Un autre tambour
William Melvin Kelley - ed Delcourt
Lu en mai 2020 (confinement)

C'est un livre complexe, aux personnages multiples, publié en 1962.
Le livre commence en juin 1957, le jour où les habitants noirs quittent leur petite ville du Sud profond des Etats-Unis, à l'instar de Tucker Caliban.
Ce jeune fermier après avoir recouvert ses champs de sel, mis le feu à sa maison, tué vache et cheval, part de la ville avec quelques bagages, sa femme et ses enfants.
Cette scène est d'abord vue à travers les yeux de 3 hommes et d'un garçon de 10 ans qui, comme chaque jour, regroupés sous la véranda d'un petit commerce, épient et commentent la vie qui passe.
Constatant amèrement cet exode initié par Caliban, le plus vieux se met alors à raconter l'histoire mythique, voire mythologique, de l'ancêtre de Tucker, un colosse arrivé d'Afrique par bateau pour y être vendu. Il voit dans cette histoire l'origine de l'acte insensé de Caliban.
Dans ce roman, vont ensuite s'entremêler les histoires de 2 familles sur plusieurs générations : les Willson, riches propriétaires terriens dans le Sud est des USA, devenus au XXème siècle, humanistes et abolitionnistes, et celle des descendants de Caliban.
La construction est très contemporaine, chaque chapitre donnant la voix à un personnage différent, tout en servant un propos et des histoires passionnantes sur l'histoire récente des Etats-Unis, celle des pays sudistes notamment.
Ca raconte la lutte pour les droits civiques, l'intégration si compliquée des anciens esclaves dans la société américaine : comment on leur fait une place ? ou pas …
Comment les blancs abolitionnistes ont eu du mal à transmettre leurs idées dans des régions traditionnellement esclavagistes et ségrégationnistes.
C'est aussi un point de vue très riche sur les questions raciales, sur le combat pour ouvrir sur des idées progressistes, sur la transmission des valeurs.
Cette lecture a été passionnante, pleine de surprises et d'optimisme malgré tout.
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L'auteur a mis en épigraphe de son texte cette citation tirée de Walden de Thoreau "Quand un homme ne marche pas du même pas que ses compagnons, c'est peut être parce qu'il entend battre un autre tambour". Quel est donc cet étrange bruit de tambour qui s'entend dans cette ville, quand tout d'un coup toute la population noire décide de quitter la ville, sans réel bruit, sans explication. Les blancs de la ville, sur leurs vérandas ou la véranda de l'épicerie les voient passer, avec leurs valises. Que se passe il ? L'histoire et certaines légendes vont alors jaillir et l'auteur nous entraîne dans l'histoire de l'Amérique, de l'esclavage, de l'abolition de l'esclavage, des rapports blancs noirs. Il va nous narrer alors cette histoire du point de vue des blancs et de leur questionnement, certains auront des remords, d'autres peu ou voire pas du tout. Un texte percutant quand je découvre de plus qu'il a été publié en 1962 et qu'il s'agit d'un premier roman. Une fable impitoyable et à lire. Merci encore à picabo river book de m'avoir conseillé ce livre
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