AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,66

sur 63 notes
Gilles Kepel retrace le développement du djihadisme en France, entre les émeutes de 2005 et les attentats de 2015. Il montre la radicalisation de certains truands en prison, le rôle joué par les réseaux sociaux, le fait que le vote des musulmans fait gagner François Hollande en 2012 avant que la gauche perde rapidement l'adhésion des banlieux après le vote de la loi du mariage pour tous.
Commenter  J’apprécie          10
Publié quelques semaines après les attentats de novembre 2015, « Terreur dans l'Hexagone : Genèse du Djihad français » se détache des nombreux commentaires et analyses de ce tragique moment. Gilles Kepel, assisté d'Antoine Jardin, replace, dans une perspective temporelle, la montée de l'islamisme en France.
Ils retracent les étapes de cette évolution en France : celle de 1995 liée au GIA algérien, la phase al Qaida qui frappe les Etats-Unis en 2001, et la période actuelle. Les auteurs relient les évolutions culturelles et politiques des populations immigrées en France et l'expansion du djihadisme international. Pour l'auteur, « cette articulation complexe .. est cruciale pour comprendre » la décennie 2005-2015. le djihadisme mondial s'appuie sur « l 'appel à la résistance islamique mondiale » d'Abu Musab al-Suri pour recruter les jeunes de la troisième génération née de l'immigration en France.
Les discriminations, l'exclusion exercent un rôle décisif dans le rejet des valeurs de la République et de la société européenne. La religion « propose » un autre avenir dans un espace géographique sacré. Cette rupture répond aux propos des Frères musulmans, puis à ceux du mouvement salafiste. Internet et les réseaux sociaux jouent un rôle décisif dans le déploiement de la propagande.
Ainsi Gilles Kepel reprend tous les évènements de ces années 2005 – 2015, les acteurs sont resitués dans leur parcours personnel. La propagande qui puise dans les références médiatiques est analysée avec précision.
La culture de l'auteur est vaste. L'analyse avance des explications sociologiques, économiques, politiques, linguistiques… La maîtrise de la langue arabe lui permet de souligner les erreurs et le faible niveau des jeunes radicalisés dans cette langue.
L'ouvrage est essentiel pour replacer les attentats dans un contexte national et international. La langue est précise, parfois technique, parfois alambiquée… mais efficace.



Commenter  J’apprécie          20
Sous ce titre un peu trop racoleur à mon goût voilà un essai indispensable à qui veut comprendre les évènements tragiques de 2015 , leur genèse ,leur contexte et les réactions qu'ils suscitent . Dans la continuité de son travail en profondeur sur la compréhension de l'islam en France , il démontre une nouvelle fois ,la compétence , la lucidité et la rigueur de son auteur . A lire pour éclairer le passé et l'avenir…
Commenter  J’apprécie          10
Digne héritier de l'orientalisme, au sens d'Edward Saïd...
J'invite les gens qui ont aimé ce livre à lire l'Orientalisme de Saïd.
Commenter  J’apprécie          00
Cet ouvrage, écrit après les attentats du 13 novembre 2015 qui ont marqué un tournant dans notre histoire collective et personnelle, est le plus sérieux et le plus précis qu'il m'ait été donné de lire sur la question du jihadisme. Son analyse démographique, politique et culturelle de la France du « soulèvement des banlieues » de 2005 à l'attentat de Charlie Hebdo en 2015 en fait un ouvrage dense, documenté et un peu difficile à appréhender. Il constitue néanmoins une lecture intéressante pour celles et ceux qui souhaitent mieux comprendre, mais on ne saurait se contenter de ce seul point de vue.
[...] Malgré son titre racoleur (s'il ne m'avait pas été conseillé, je ne l'aurais pas lu), c'est l'ouvrage le plus sérieux et le plus précis qu'il m'ait été donné de lire sur le sujet. Toutefois, je reste prudente car cet auteur semble avoir trouvé des financements auprès de l'Institut Montaigne, un think tank libéral dont je ne partage pas les idées, c'est pourquoi je souhaite lire d'autres points de vue sur cette question. [...] Je reconnais que la lecture de cet ouvrage a été ardue vers la fin. Les phrases sont longues, difficiles à suivre, un peu répétitives, et leur contenu très dense et documenté. Mais je n'ai pas trouvé ailleurs une telle connaissance de la culture arabe et de la cosmographie islamique. Contrairement à Marc Trévidic, il ne fait pas appel à l'émotion : il étudie son sujet de manière rationnelle. Il critique sévèrement les institutions françaises qui ne se sont pas (in)formées sur ces questions, laissant envenimer une situation sociale tendue, et il encourage à donner les moyens à l'instruction publique d'être au plus près des personnes en difficulté.
N'hésitez pas à lire et commenter la chronique entière sur mon blog : http://www.bibliolingus.fr/terreur-dans-l-hexagone-gilles-kepel-a131058746


Lien : http://www.bibliolingus.fr/t..
Commenter  J’apprécie          10
Gilles Kepel analyse la montée de l'islamisme en France dont les attentats sont la marque violente à partir des évènements de 2005. A l'automne 2005 ont eu lieu pendant plusieurs semaines des émeutes dans les banlieues parisiennes suite à la mort par électrocution de deux jeunes poursuivis par la police puis le « gazage » d'une mosquée. Il y voit l'élément déclencheur de la prise de pouvoir d'une jeunesse mise à l'écart, troisième génération issue de l'immigration post-coloniale, peinant à s'intégrer dans une société minée par le chômage des jeunes, se raccrochant à la défense d'un honneur bafoué, défendant une identité communautaire islamique. Dans un contexte international marqué par le conflit palestinien, la montée d'un totalitarisme islamiste, Daesh, la volonté de revanche contre l'Occident et Israël, et l'accès illimité aux réseaux sociaux qui permettent un endoctrinement facile.

A partir de l'affaire Merah jusqu'aux massacres de Charlie hebdo et du Bataclan, on assiste à un véritable passage à la violence, l'appel à la guerre sainte, relayé dans certaines mosquées françaises, avec la création de véritables territoires dédiés au djihad. Liens maintenus et encouragés par des réseaux à l'étranger, certains exerçant leur violence sur place d'autres préférant s'exiler. Utilisant tous les moyens de propagande, brandissant l'islamophobie pour se victimiser et entrainer un repli sur soi de la population musulmane, les islamistes gagnent du terrain alors que s'effondre le parti socialiste et que le front national fait des adeptes. Et que la classe politique est dépassée.

L'intérêt de cet essai, écrit juste après les attentats meurtriers de 2015, est de mettre en relation des évènements, des phénomènes, qui permettent de mieux comprendre l'actualité et ses enjeux et surtout d'apporter un début de réponse, même fragile, pour enrayer le retour de cette barbarie, dont les pays occidentaux sont loin d'être les seules victimes. Nos armes, même si elles peuvent sembler dérisoires, ne peuvent être que la qualité de l'instruction puis de l'enseignement universitaire pour déjouer les pièges des prêcheurs de haine ainsi qu'une meilleure formation de nos dirigeants et un travail de fond avec les spécialistes de l'islamisme contemporain.
Commenter  J’apprécie          310
Est-ce que ça vous arrive de lire et de ne pas savoir quoi dire, quoi penser de votre lecture? Est-ce que ça vous arrive, à vous, de rester coi? sans argument? de ne pas pouvoir disposer de sens critique pour discuter avec l'auteur? Eh bien, j'en suis là. Je ne sais pas quoi dire de cet essai, je ne sais pas quoi commenter. le style? Est-ce bien important eu égard au contenu. le contenu? Oui mais que dire? Gilles Kepel conteste, dénonce, affirme, explique, analyse et que puis-je y dire? Il a raison quand il écrit qu'une bataille d'influence se joue au sein du « monde islamique », qu'une affirmation identitaire de plus en plus virulente tente de s'affirmer, de s'imposer en France et ailleurs, qu'un discours rigoriste – salafiste, disent-ils – entend gagner les esprits et le terrain, que le discours victimaire est utilisé par les protagonistes pour mieux « dresser » une communauté religieuse unie qui n'existe pas encore. Il a raison de dire qu'extrême-droite française et salafisme se répondent; que le rejet de l'un nourrit l'influence de l'autre; que la stigmatisation des musulmans ou de citoyens qu'on estime comme tel ne fait qu'appuyer et donner sens au discours salafiste qui a besoin du sentiment d'injustice pour rallier des individus indignés à sa cause. Il a raison de dénoncer les politiques qui ne savent rien, ne comprennent rien et qui instrumentalisent à des fins électorales; il a raison de dire que les autorités françaises sont complètement à l'ouest quant il s'agit du sujet évoqué. Et après? Je n'ai personnellement rien appris. le conseillerais-je? Oui pour toutes celles et ceux qui ne connaissent et/ou ne comprennent pas le sujet; qui n'ont pas vécu dans un quartier et qui ne peuvent donc témoigner de la transformation qu'il y a pu y avoir lieu.
Lien : http://kanimezin.unblog.fr/2..
Commenter  J’apprécie          20
Gilles Kepel, grand habitué du PAF surtout en époque d'attentats, nous livre dans cet ouvrage quelques pistes sur les réseaux jihadistes français. Etant habitué d'apprécier ses analyses géopolitiques nuancées j'ai été assez déçu par cet ouvrage. Selon moi, il manque un peu d'analyse, on se trouve seulement face à un succession de faits. Il me semble que l'ouvrage a été rédigé dans la précipitation histoire de profiter du moment "bankable" des analyses sur le terrorisme. Je trouve que l'analyse commence trop tard dans le temps et n'analyse pas les années 80/90 (réseau GIA/Roubaix,etc) il manque donc une partie de l'analyse. Malgré tout certaines thèses sont très intéressantes notamment celle-ci : selon Kepel la seul manière que le terrorisme jihadiste se tarisse est que les attentats se multiplient en horreur pour que la population soit profondément répulsée et réduisant ainsi les candidats au jihad (il reprend l'exemple de l'Algérie dans les années 90). Il vaut mieux voir des prestations de Kepel sur youtube que cet ouvrage
Commenter  J’apprécie          20
Le grand mérite de l'ouvrage est d'opposer une analyse relativement froide aux passions qui animent nombre d'intellectuels français : compassion pour les réprouvés contre dénonciation des religions, et d'abord de l'islam.
En effet les auteurs mettent en relation les transformations du djihadisme international et les évolutions culturelles et politiques des populations issues de l'immigration dite postcoloniale en France. Les auteurs des attentats de 2015 ne tombent pas du ciel ou du Moyen-Orient, ils sont Français, Belges… Gilles Kepel relie cette nouvelle forme de terrorisme et l'Appel à la résistance islamique mondiale d'Abu Musab al-Suri, qui appelle les jeunes musulmans au djihad en Europe. Tour à tour influencé par les Frères musulmans, puis proche de Ben Laden, Suri prône un troisième âge du djihad, celui d'un djihad de proximité, « réticulaire » (organisé de manière horizontale) (p. 52) ; son écho serait important grâce à internet. Les auteurs montrent avec quelle facilité chacun peut accéder à une djihadosphère, sur la toile, qui offre de véritables films de propagande : ainsi la demande de radicalité peut rencontrer l'offre des djihadistes.
Dix années séparent les émeutes de novembre 2005 et les tueries des djihadistes en 2015, dix années qui voient le progrès des « marqueurs de l'islamisation » dans les banlieues (p. 315). Avec le salafisme, progresse la volonté d'une minorité de musulmans de se couper de la société française. Les auteurs consacrent de longs développements à l'évolution politique entre 2005 et 2015 sans apporter beaucoup de neuf, sauf peut-être le rôle – peu connu – du « gazage de la mosquée » dans le déclenchement des émeutes : le 30 octobre 2005 une grenade lacrymogène atterrit à l'entrée d'une mosquée bondée (p. 36-40) ; cet événement suit de 3 jours la mort de deux adolescents et il va relancer les troubles en leur donnant un tour religieux. Mais les émeutes ne débouchent sur aucune forme de représentation politique des jeunes issus de l'immigration. Et certains jeunes en marge de la société, souvent délinquants, radicalisés en prison (comme Nemmouche, Coulibaly, Chérif Kouachi), rêvent d'une vie plus grande qu'eux en partant en Syrie.
On le voit, aux discriminations et au racisme ordinaire, qu'il n'est pas question de nier, s'ajoute un rejet de la société française et de ses valeurs (comme l'égalité hommes/femmes) par une partie des musulmans, les deux réactions se nourrissant l'une l'autre.
En conclusion, mais sans le développer, les auteurs soulignent que la bataille culturelle et politique se déroule parmi les musulmans eux-mêmes. Et, avec eux, on ne peut que regretter, qu'au-delà des pamphlets, l'université et les pouvoirs publics ne consacrent pas plus d'attention et de moyens aux recherches sur le monde arabe et musulman et sur la sociologie des musulmans vivant en France.
Commenter  J’apprécie          10
L'intérêt de Gilles Kepel est de creuser un sujet, depuis des années, sans jamais céder à la polémique. Il répond parfois à des piques et utilise un vocabulaire suranné mais derrière tout cela on garde son sang froid, on expose (succinctement dans cet ouvrage) et surtout on appelle à un minimum de bon sens.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (186) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
853 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}