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sur 1833 notes
"Son père était un lecteur, et sa mère était une héroïne. Son père aimait les histoires et sa mère était un personnage". Et ce roman, on pourrait le commencer à l'aveugle, comme on goûte un vin, et reconnaître entre mille les arômes qui composent les nectars de Julia Kerninon. Elle a beau nous raconter à chaque fois des histoires différentes, elles prennent leur source dans l'amour des mots, de la littérature, dans la curiosité de l'autre et de sa complexité. Et il me semble qu'il y a dans ce nouvel opus beaucoup d'elle-même. Mon exemplaire déborde de petits marque-pages, j'en ai fait deux lectures car j'ai eu l'impression de l'avoir dévoré la première fois, en quelques heures, frustrée d'en terminer si vite. On devrait toujours lire les livres deux fois - enfin, les bons - parce qu'ils dévoilent ainsi leurs multiples facettes, et celui-ci en compte beaucoup.

C'est d'abord un magnifique portrait de femme que l'auteure tente de saisir dans toutes ses dimensions et ses contradictions. Son prénom n'est pas choisi au hasard, Liv veut dire vie en norvégien et on peut en saisir les correspondances avec l'anglais ; ces liens entre les langues, Julia Kerninon, elle-même traductrice s'en sert tout au long du roman, en joue et en fait des vecteurs de transmission et d'identité. Liv Maria est donc du côté de la vie, du mouvement, de l'expérimentation. Quitte à se tromper. Son histoire se construit à partir d'éléments qu'elle ne maîtrise pas toujours, de rencontres heureuses ou dramatiques, comme chacun d'entre-nous. Une histoire dont je ne vais rien dévoiler ici car ce serait déjà trop en dire et gâcher le plaisir du futur lecteur. Sachez simplement qu'elle vous fera parcourir du pays, d'une île Bretonne à l'Irlande, en passant par le Chili et Berlin. Mais que le voyage est tout autant intérieur.

Car ce qui intéresse Julia Kerninon c'est bien la façon dont s'agence une personnalité à partir des multiples influences qui la façonnent, et quelle est la part de son libre-arbitre. "Peut-on vraiment aimer quelqu'un sans en faire son professeur ? La première fois que cela arrive, peut-on aimer sans tout retenir de l'autre, sans devenir une plaque sensible à tous ses gestes, tous ses mots, ses goûts, ses histoires ?" ; quelles empreintes laissent sur nous nos parents (quelle belle relation entre Liv Maria et son père, ces heures passées autour de la lecture qui ont forcément nourri l'adulte qu'elle est devenue), nos amours, nos amis ? Et de cette personnalité multiple, que savent les autres, depuis l'extérieur ? "Que saisissons-nous des gens, la première fois que nous posons les yeux sur eux ? Leur vérité, ou plutôt leur couverture ? Leur vernis, ou leur écorce ?". Enfin, comment rester entière lorsqu'on ne peut dévoiler qu'une partie de ses multiples facettes et que le silence menace d'envoyer valser tout l'équilibre trouvé. Il semble que la liberté se situe dans l'opportunité de faire un choix. Celui de rester. Ou de partir.

Julia Kerninon excelle dans l'exploration des sentiments, brouillés par le jeu des apparences. Elle nous parle admirablement bien de l'amour ou plutôt des amours qui se bousculent dans la tête d'une femme, mère, amante, fille. Et de l'importance d'être. D'exister. Liv Maria est une héroïne inoubliable et Julia Kerninon une auteure au style élégant, à la plume enjouée et captivante. Sous l'apparente fluidité de l'histoire se posent des questions essentielles, à la fois intimes et universelles. J'adore.
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Ayant lu des avis de lecteurs -ices, ma réflexion était : « Un livre qui nous mène de rebondissement en rebondissement c'est fait pour moi. »

La protagoniste principale est Liv Maria. Elle n'a pas vingt ans, vit sur une île bretonne. Sa mère Mado tient un café épicerie. Son père est un marin norvégien.

Elle est violée, suite à quoi sa mère décide de l'envoyé à Berlin chez sa tante Bettina pour y être jeune-fille au pair, baby-sitter et étudiante en langue.

Elle suit des cours d'anglais donné par un professeur irlandais. Ils tombent amoureux mais aux vacances le professeur Fergus rentre chez lui.

Ces parents meurent. Elle décide de rentrer en Bretagne et décide de gérer le café épicerie. Mais, elle ne tient pas en place et ses oncles et tante ne la retiennent pas. Elle décide d'aller au Chili ou elle rencontre Flynn. Alors qu'elle est enceinte de quatre mois, ils décident de se marier et de partir chez lui en Irlande.

Dans sa nouvelle demeure, elle voit partout des photos de Fergus. Elle décide de faire un secret de son passé.

Liv Maria est une femme libre qui décide de voyager. Elle est heureuse, vit des déceptions mais ne se laisse pas abattre par les évènements plus tristes de la vie. Elle va de l'avant.

Son père lui a appris à aimer la lecture mais ce n'est pas pour moi l'essentiel de son histoire qui vue avec du recul est assez invraisemblable.

C'est un roman léger qui fait le plein d'aventures mais qui n'a pas tout à fait répondu à ce que j'en attendais.
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Née sur une île bretonne, Liv Maria vit successivement à Berlin, au Chili, en Irlande, où elle exerce plusieurs métiers, est la maîtresse puis l'épouse d'hommes très différents.
Liv Maria est une déracinée, une exilée,
une voyageuse, une aventurière, une femme libre. du moins le pense-t-elle jusqu'à ce qu'un hasard improbable la rende malgré elle porteuse d'un secret inavouable qui la touche intimement.
Parce qu'elle a vécu plusieurs vies en une seule, Liv Maria se sent comme les pièces éparses d'un puzzle. Enfermée dans son secret, elle a le sentiment d'être une usurpatrice, une inconnue pour ses proches.

J'aime la plume singulière de @juliakerninon, que j'avais découverte il y a quelques années avec Buvard. Julia Kerninon évoque la magie et la musique des langues étrangères, des dits et des non-dits, du silence et des secrets. Je recommande la lecture de ce roman “inclassable” qui ne manquera pas de vous entraîner, aux côtés de Liv Maria, dans un tourbillon d'émotions et de surprises.
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Un parfum peut-il être éblouissant ?


Si oui, il a certainement laissé tomber quelques notes de lumières entre les pages de ce roman.
Quelques gouttes d'une fragrance inconnue et délicieuse,
Perles précieuses aux effluves nacrées.


Lorsqu'un livre s'installe dans votre vie, il le fait sans crier gare, sans s'annoncer. Il s'y immisce par ce que vous croyez être le plus parfait des hasards et prend ses quartiers dans votre coeur, tout doucement.
Vous le laissez faire, car vous le comprenez,
vous le sentez,
il connaît le chemin.


Vous vous laissez même surprendre, vous mimez l'étonnement, jurez par tous les dieux que c'est un coup du sort, une jolie coïncidence, un imprévu dans le grand jeu du destin, mais en réalité vous le savez, il s'agit de bien plus que ça.


Liv Maria était posé sur le tourniquet des nouveautés à la bibliothèque, je n'en avais jamais entendu parler, mais j'ai su que cette lecture m'emmènerait là où elle le devait.
Peut-être parce que ma vie s'apprêtait à changer du tout au tout,
que rien ne serait jamais plus pareil,
et peut-être aussi pour me rappeler qu'au contraire, l'essentiel devait demeurer.


Quoiqu'il en soit, comme l'ange Clarence dans La Vie est belle de Frank Capra, Liv Maria de Julia Kerninon s'est jeté à l'eau et a atteint son but:
D'une plume aussi subtile qu'acérée, au fil de mots délicats et troublants, il m'a donné à lire et à penser un éblouissant portrait de femme, marquée à vif par un secret inavouable.


Il s'est infiltré dans mon quotidien avec la justesse de l'être désiré,
a fait résonner en mon âme une série de cordes sensibles qui je crois, ont quelque chose à voir avec l'intime.
Il a ouvert plus de portes que la Terre ne saurait en compter,
Et a allumé en moi des dizaines de lumières qui, je l'espère,
ne s'éteindront jamais.
Lien : https://www.mespetiteschroni..
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Une « adolescente déracinée et un père de famille exilé le temps d'un été », se rencontrent à Berlin; l'étudiante et son enseignant, dans l'apprentissage de la langue de Shakespeare, entament alors une brève liaison qui aura des conséquences inattendues pour leur avenir.
Un parcours de femme pas banal que celui de Liv Maria Christensen, l'héroïne de ce court roman surprenant dans ses méandres narratifs. Une bonne histoire soutenue par une belle écriture et une solide construction, cela correspond en tout point à un savoureux moment de lecture. Je n'hésite pas à accorder quatre étoiles et continuerai d'explorer l'univers littéraire de cette autrice que je découvre avec ce titre.

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Un récit mené tambour battant que je n'ai pu lâcher, à la rencontre du monde (île bretonne, Berlin, Chili, Irlande ) et du territoire intérieur de cette incroyable héroïne aux visages multiples.
Liv Maria est un personnage profondément humain, plein de contradictions et de sensualité. Elle est forte et fragile à la fois.
L'écriture est superbe, ciselée et fluide.
Un magnifique portrait de femme ! Une ode à la liberté !

" Je suis la fille unique du lecteur et de l'insulaire, je suis le bébé Tonnerre, l'orpheline, l'héritière, je suis la jeune maîtresse du professeur, la femme-enfant, la fille-fleur, la chica, la huasa, la patiente de van Buren, la petite amie, la pièce rapportée, la traîtresse, l'épouse et la madone, la Norvégienne et la Bretonne... "
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Liv Maria a eu une drôle de vie. Une vie pleine de rebondissements, de découvertes, de doutes, d'histoires d'amour, d'histoires de fesses, etc. La monotonie s'est un temps installée mais elle n'a pas pu durer car elle n'a pas pu se détacher de son passé.

Julia Kerninon a un très beau style. J'ai eu beaucoup de plaisir à la lire. L'histoire qu'elle nous livre n'est pas palpitante mais nous embarque quand même ici et là. Tout comme le personnage principal, on vogue là où la vie, et les hommes, la mènent.
Dans le résumé, on nous dit que c'est une femme libre, Liv Maria. Personnellement, j'ai surtout eu l'impression qu'elle s'est cherchée tout au long de sa vie et qu'elle se cherche encore après avoir refermé ce livre.
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Liv Maria est l'archétype de l'héroïne romanesque, au sens où tout ce qui lui arrive-ou presque-ne peut arriver que dans un roman. Mais le texte, lui n'a pas de souffle romanesque. Il est plutôt intimiste, totalement centré sur son personnage principal (d'ailleurs très égocentrique), une sorte d'analyse d'un parcours de femme dont on ne connaîtra que la première moitié de la vie, et les pensées finalement assez restreintes si on se limite à ce que nous en propose l'auteure.

Alors c'est quoi ce parcours? Dans Liv Maria, les contextes ne sont jamais exploités. Elle naît sur une île bretonne plus ou moins imaginaire, part en Allemagne pour des raisons plus que douteuses (exilée par ses parents parce que victime d'une agression sexuelle... euh... qui y croit?), revient sur son île imaginaire, part au Chili, arrive en Irlande (par un hasard tellement extraordinaire qu'il m'en a fait définitivement penser qu'on se fichait complètement de moi), retourne en Allemagne, puis repart on ne sait pas où. Et tout ça en 200 pages à peine!

Tout va trop vite dans ce roman. On n'a pas le temps de s'habituer aux endroits, on n'a pas le temps de se faire une idée sur les protagonistes, ils passent et puis voilà. Malgré une belle écriture fluide et plutôt personnelle, l'attachement et l'émotion ne sont pas au rendez-vous.

Et à la fin de la lecture, on se demande ce que l'auteure avait envie de nous dire.

Cette Liv Maria ne m'a pas du tout touchée, je n'ai pas cru à son histoire.

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Je découvre (un peu tard) le portrait d'une héroïne d'une très grande sensibilité. Liv Maria est une femme forte et fragile, toujours touchante, que nous regardons vivre aux quatre coins du globe, débarquant incessamment dans de nouvelles vies. Elle incarne la liberté, la force et la grâce. le récit qui relate avec poésie son existence kaléidoscopique place à chaque fois sous la lumière de la narration une nouvelle facette de sa personnalité qui, au terme de la lecture, donne à voir une héroïne magnétique et complexe. Elle est tout Liv Maria : indépendante, amoureuse, sensible, forte, fragile, cultivée, magnétique, déterminée, empathique mais bien que constamment entourée, ce qui ressort, c'est cette aura tragique, cette solitude qui fait d'elle une héroïne un peu hors du temps. Sa sensibilité exacerbée aux éléments, aux mots, aux sentiments, forgent un être fascinant et à part, évoluant au gré de ses rencontres amoureuses mais qui demeure toujours libre.
C'est l'histoire d'une féminité qui plonge ses racines dans le voyage et l'amour. Un très beau roman porté par une écriture magnifique.
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Il y a dans ma vie de lectrice deux auteurs que je lis deux fois à quelques jours d'intervalle, c'est : Julia Kerninon et Erri de Luca. Deux univers mais pour moi la première lecture est celle de l'envoûtement jusqu'au vertige, la deuxième plus languissante me permet de mettre de l'ordre dans les émotions éprouvées.
En exergue la citation de Faulkner prend tout son sens quand on suit le travail d'écrivain. Chacun de ses livres est un hymne à la littérature, aux mots et aux femmes.
Toutes Caroline (Buvard), Théodora (Le dernier amour d'Attila Kiss), Julia (Une activité respectable) Helen (Ma dévotion) forment de beaux portraits de femmes, à des âges différents, mais avec des dénominateurs communs : un secret, un quotidien, assumer différents rôles, le silence. En fait elles sont toutes à leur manière, libres, fières et incontrôlables.
Ces caractéristiques sont le nectar de Liv Maria.
Le roman débute par un prologue court et espiègle : Liv Maria Christensen commente la vie sexuelle de ses parents alors qu'elle n'est même pas conçue.
Puis la petite fille est fascinée par le couple de ses parents, sur cette toute petite île bretonne. Ils sont physiquement disproportionnés.
« Cette surprise que les autres manifestaient devant ses parents, Liv Maria la balayait sans une hésitation. C'était évident. Son père était un lecteur, et sa mère était une héroïne. »
Lui Norvégien a largué les amarres par amour.
« La différence entre ta mère et les autres femmes, c'est la même qu'entre une pomme domestique et une pomme sauvage. »
La petit Liv pousse librement nourrie par les particularités de sa famille.
« Son père était un lecteur, et il avait fait de sa fille unique une lectrice. Sa mère lui apprendrait la dureté et le silence, ses oncles lui apprendraient la pêche et la conduite, mais d'emblée, le plus tôt possible, son père lui avait appris à lire. »
Mais à 17 ans un événement fait qu'elle est « déplacée par sa mère » à Berlin chez sa tante paternelle.
Un monde nouveau, qu'elle appréhende avec la liberté qui est la sienne et elle tombe amoureuse de son professeur Fergus qui est là le temps d'un été, ils jouent avec les mots, s'inventent une liberté, mais l'été a une fin.
« Elle qui n'avait été que pêche, solitude et curiosité, elle était désormais ici, sur la terre ferme, en Allemagne de l'Ouest, et elle avait une histoire d'amour saisissante... »
Une autre fracture dans sa vie va la propulser au Chili, un hasard dû à son amour des mots et elle deviendra la chica d'Ignacio mais pas seulement car Liv Maria est très active. Elle n'a peur d'aucun métier elle gagne son indépendance. Elle grandit et n'oublie pas son premier amour Fergus.
Au coeur du livre le lecteur va en apprendre plus sur Fergus et saura des choses que Liv ne découvrira que plus tard. J'ai trouvé ce procédé très intéressant, non parce qu'il marquerait une montée en puissance mais surtout parce qu'il donne de la profondeur à ce qui va suivre, du sens à la chute.
Elle va ensuite rencontrer Flynn un jeune homme de son âge qui la ramènera en Irlande, où ils s'installeront pour fonder une famille presque comme tout le monde. Les maternités, la vie quotidienne tout est là pour s'ancrer.
Même la reprise d'une librairie où Liv Maria va régner, avec pour devise : « Si vous voulez les nouveautés, vous n'avez qu'à aller chez Waterstones à Cork. Ici, il n'y a que des bonnes nouvelles du passé. »
Dans ce roman l'auteur va encore plus loin dans l'exploration des composantes d'une personnalité, que se cache-t-il derrière le miroir des apparences ? Qui dit secret implique l'effet boomerang, et pour Liv Maria c'est inexorable. Mais entre le ressenti de Liv Maria et la réalité est-ce aussi inexorable que cela ?
Un roman éblouissant par la forme et le fond, je ne cesse d'aimer me plonger dans cette exploration des mille facettes de la femme. C'est subtil, vibrant, charnel et sensuel et d'une liberté absolue.
« Mais le contraire d'oublier, Liv Maria, ce n'est pas se souvenir- c'est apprendre. »
Un bijou de notre Rentrée Littéraire 2020, je remercie l'auteur et les éditions L'Iconoclaste pour ce SP.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 22 août 2020.
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