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Citations sur Nuits de princes (8)

Ce fut ainsi que le premier Russe vint habiter dans la pension de famille. Bientôt, par une multiplication, une prolifération mystérieuse qui laissaient Mlle Mesureux effarée et stupide, ils furent trois, puis cinq, puis dix et enfin tout ce qui restait de vacant dans sa maison fut occupé par des gens qui, tous, inscrivaient sur les feuilles de police : Passeport de la Société des Nations.
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Il y a dans Passy une très petite rue. Son nom, ignoré de tous, s'efface sur la plaque mal entretenue. Serrée entre deux larges artères où gronde sans cesse le mouvement de Paris, chétive, elle sommeille. Il n'y passe, le matin, que les tricycles des garçons boulangers. Le reste de la journée, on y voit parfois paraître une voiture à bras. L'homme qui la traîne la range contre un trottoir et s'en va d'un pas fatigué chez le cafetier du coin, Auvergnat borgne qui fait en outre le commerce du charbon.
A la fin de l'année 1924, au numéro 12 de cette rue sans nom, sans couleur et sans vie, se trouvait une pension de famille. La façade en était grise, un peu lépreuse ; les volets qui n'avaient pas été repeints depuis des années se confondaient si bien avec les murs qu'au petit jour la maison semblait aveugle.
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Il y avait là des hommes qui avaient passé toute leur vie à faire paraître les nuits plus courtes à ceux qui les payaient, vrais instruments de joie, nés, comme les violons dont ils jouaient d'instinct, pour chanter et pour plaire. C'étaient les tziganes des grands restaurants de Moscou, des îles de Petrograd et que le fleuve de l'émigration avait charriés jusqu'à Paris. Certains d'entre eux avaient joué pour les grands-ducs, pour le tsar, pour Raspoutine. On avait jeté des fortunes sous leurs archets. Bien qu'à Montmartre ils fussent plus chichement rétribués, ceux-là, s'ils avaient du travail et de quoi boire, étaient gais.
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Il n'y a rien qui plaise autant, même au plus bourgeois des peuples, que les spectacles des guerres et des violences.
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Pour façonner le milieu et les êtres que décrit ce roman, composé en 1927, il a fallu qu'une révolution immense fit traverser l'Europe à des centaines de milliers d'émigrés russes, parmi lesquels se trouvaient des chanteurs, des musiciens, des danseurs magnifiques et des jeunes femmes d'une grande beauté, sans ressources ni métier.
Il a fallu en même temps les conditions économiques et morales de l'après-guerre - celle de 1914, bien entendu - l'euphorie de ces années, la facilité d'humeur et d'argent, pour que ces chanteurs, musiciens, danseurs et jeunes femmes russes trouvent des gens prêts à les écouter jusqu'aux heures hallucinées du matin et à jeter des fortunes sous leurs archets et sous leurs pas dans les usines à plaisir où ils travaillaient....
(extrait de la préface insérée en début de l'édition parue chez "Presses Pocket" en 1973)
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"Pigal", coin retranché du monde, port sans havre pour les corps perdus, les âmes à la dérive, asile aride et névrosé, secourable seulement pour ceux que l'alcool dédouble, que la cocaïne ébranle, mirage de joie forcée et que détruisent les premiers feux dusoleil, tel était ce pays étrange et inhumain que venait rejoindre Héléne...
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Il avait près de soixante ans, mais son corps haut et droit comme une lance respirait une incorruptible vigueur. Il était chauve, mais ses dents brillaient d'un émail de jeune homme. Il portait la tête si fermement, que rien - semblait-il- ne pouvait la faire plier, et dans tous ses gestes éclatait une assurance souveraine. Le visage était beau encore par la régularité des traits, le feu presque insoutenable du regard et surtout par une sorte de folie lucide et ardente. Ce n'était que lorsqu'il riait qu'on distinguait chez cet homme quelque chose d'irrémédiablement fêlé, de satanique et de déchu.
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Puisse l'écho de ces nuits frénétiques et merveilleuses percer le mur sourd des années.
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