En Abyssinie, au Yémen, au Hedjaz, les marchands d’esclaves prospéraient. Des caravanes secrètes, des voiliers clandestins acheminaient d’un pays à l’autre le bétail de servitude. Quand on m’avait conté cela, j’avais rêvé de surprendre le négoce millénaire et terrible, et de dépister les derniers successeurs des négriers d’autrefois et des pirates de Zanzibar.
Le 13 janvier, le paquebot "André-Lebon" mouillait à Djibouti.
En route, nous avions pu mesurer la célébrité de notre compagnon, Monfreid, "le pirate". Les récits des officiers du bord nous firent voir qu'il n'exagérait en rien lorsqu'il parlait de son passé.
De plus à Suez, la police égyptienne garda Monfreid à vue dans les locaux du débarquement, tandis que nous visitions la ville.
Il était sur la liste noire.
A notre retour, nous le trouvâmes buvant du café avec les fonctionnaires qui l'avaient arrêté et qui lui demandaient s'il ne pouvait leur procurer du bon haschich, car celui qu'ils fumaient à l'ordinaire n'était point, disaient-ils, de la meilleure qualité...
(extrait du chapitre 2 "Premiers indices")