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sur 3977 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pour une fois, j'ai fait les choses à l'envers.
J'avais visionné, il y a longtemps, le film d'Alexandre Arcady diffusé en 2012. Je l'avais tellement aimé que j'ai eu l'idée, après, d'acheter le livre de Yasmina Khadra, dont je connaissais la réputation mais dont je n'avais encore rien lu. C'est aujourd'hui une lacune réparée ! Ce livre est absolument MAGNIFIQUE et à mon sens il compte parmi les livres qu'il faut avoir lus dans une vie (et sans doute dans mon top 10 personnel).

Pourquoi un tel engouement ?

Sur le fond : car il donne à voir les réelles disparités de vécu entre les Arabes et les Européens, théoriquement tous Français, dans l'Algérie colonisée par la France. Et ce, à partir de 1930 jusqu'à l'indépendance de l'Algérie en 1962.

A travers l'histoire de Younès (Jonas) confié, à 9 ans, par son père à la garde de son oncle (érudit et pharmacien) pour lui permettre d'avoir une meilleure vie que celle - forcément misérable - qu'il ne pouvait que lui offrir, le lecteur découvre, d'un point de vue individuel et comme Younès en fait l'expérience, les conséquences psychologiques de l'abandon familial, la honte d'être issu du mauvais côté de la barrière, les difficultés inhérentes à la double culture : se faire accepter et reconnaître comme l'un des leurs ; choisir son camp ; oser aimer l'Autre... mais aussi le thème du secret et de la fidélité à un serment fait (peut-on être parjure pour atteindre ses objectifs ? peut-on rester "des amis pour la vie" dès lors que la vie nous malmène ?)
Au-delà, c'est aussi l'occasion de s'interroger sur le déterminisme social et sur le destin (mektoub) qu'il soit subi ou choisi.

D'un point de vue collectif, le lecteur qui ne connaît pas bien cette Histoire-là, sera aussi éclairé sur l'Algérie coloniale, sur la façon dont s'est déroulée la guerre d'indépendance, et les conditions du départ de ceux qu'on appellera plus tard les "pieds-noirs".

Sur la forme, ce livre est vraiment magnifiquement écrit. J'avais certes entendu parler du talent de Yasmina Khadra, mais de l'expérimenter en tant que lecteur, c'est vraiment autre chose (je crois d'ailleurs que je vais m'enquérir de ses nombreux ouvrages pour mieux connaître son oeuvre.

En effet, j'ai été bouleversée :
1/ par sa grande capacité narrative (le narrateur est Younès devenu vieux qui se retourne sur son histoire) et descriptive (les paysages, les faubourgs d'Alger, d'Oran, le village de Rio Salado, la misère, les bordels, la foule disparate ; les physionomies et traits de personnalité des différents personnages ; l'intériorité des sentiments ressentis)
2/ par son style éclatant (longues phrases qui vous embarquent ; richesse du vocabulaire et poésie du propos ; utilisation de métaphores pertinentes ; écriture vivante et particulièrement cinématographique)
3/ par le registre de langue, son érudition et l'évocation sensible de cette tranche de vie à un moment-clé de l'histoire de son pays (s'il évoque la réalité d'un racisme ordinaire et la réalité des violences commises de part et d'autre, il ne s'agit pas pour l'auteur de prendre parti, ni de militer en faveur d'un camp plutôt qu'un autre. Il donne à voir ce que Younès a vu et vécu avec ses yeux d'enfant, d'adolescent et d'adulte).

Je me suis demandé si Younès pouvait être Yasmina, si ce récit pouvait avoir une portée autobiographique, mais apparemment non puisque celui-ci est né en 1955. Il reste que cette histoire est tout à fait crédible et qu'elle peut avoir été celle, soit de l'un de ses proches, soit de l'un de ses amis.

Ce livre, particulièrement émouvant, est - au-delà du contexte politique - le réceptacle de plusieurs histoires d'amour :
- un amour viril, né de l'amitié entre quatre enfants devenus adultes (3 européens, 1 arabe dont 2 catholiques, 1 juif, 1 potentiellement musulman mais ayant plutôt grandi à l'ombre du Christ crucifié).
- des amours platoniques (ou pas) de ces jeunes enfants devenus hommes en direction de plusieurs femmes (et parfois la même). Amour interdit, inavoué, contrarié, bafoué... en tout cas, souvent destructeur dès lors qu'il brise l'amitié, la confiance en soi, des couples qui auraient pu se former.
- enfin, amour pour un pays, l'Algérie. A travers le ressenti des personnages (notamment des Européens) on comprend mieux quel a pu être le déracinement qui a été celui des "colons" Français quand en 1962 ils ont dû partir, tant ils étaient attachés, de fait, à cette terre qui les avait vu naître.

Il n'en demeure pas moins - et c'est mon avis tout subjectif qu'il est - que le colonialisme exercé par la France en Algérie, en faisant fi des légitimes droits de sa population arabe, ne pouvait perdurer. Les revendications des Algériens à pouvoir être indépendants étaient légitimes. Il est dommage que les circonstances et la façon dont a été (mal) gérée cette crise au plan politique n'aient pas permis à la fois aux Arabes et aux Européens qui voulaient rester de vivre ensemble et en bonne intelligence.

Aussi, si vous ne connaissez pas Khadra, je vous recommande de commencer par ce livre. C'est une très belle histoire qui y est racontée et en plus avec une grande maestria.

Je vous recommande aussi, après l'avoir lu, de visionner le film d'Alexandre Arcady (même titre). Ce n'est pas aussi précis que le livre, les choses ne sont pas forcément tout à fait les mêmes que dans le livre, mais l'essentiel est là et vraiment, pour l'avoir revu hier après ma lecture, c'est vraiment une adaptation réussie !

Ce que le jour doit à la nuit a obtenu en 2008 le Prix du roman France Télévision. Il a été aussi, la même année, au palmarès du meilleur livre de l'année du Magazine LIRE.

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On suit le parcours d'un enfant, Younes né dans les années 30 en Algérie. Né dans une famille pauvre, son père se voit dans l'obligation de le confier à son frère. Celui-ci a eu la chance de faire des études et est devenu pharmacien. Il l'accueille comme son fils. Younes s'intègre dans son nouveau quartier et ses meilleurs amis sont des pieds noirs. Il est accepté étant donné son nouveau statut social. On le voit ainsi grandir, il connaît ses premiers amours. le contexte historique est toujours présent. L'oncle de Younes est pacifiste mais pour l'indépendance de l'Algérie et sera inquiété par la police. Ce n'est pas pour cette raison que cerrtains amis de Younes s'en éloigneront petit à petit mais à cause d'une femme qui troublera les esprits. Emilie s'eprend de Younes et sans que Younes ne lui avoue jamais la vérité, leur amour sera au départ impossible. La guerre éclate, les amis quittent à regret le pays et quand il y aura un renouveau possible, Emilie le rejettera. On retrouve Younes à la fin de sa vie. C'est là qu'on apprend ce qu'il est devenu sans l'amour de sa vie et que les amis ont toujours été là, même loin. Magnifique roman.
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Le père de Younes ayant tout perdu dans un incendie et vivant dans la misère confie son fils à son oncle. Younes a 11 ans, il deviendra Jonas et sera adopté et choyé par son oncle et sa tante.
le roman nous raconte la vie de Younes devenu Jonas des années 30 à 70 en Algérie et surtout dans la ville d 'Oran.

C'est magnifiquement bien écrit. J'ai adoré suivre cette bande d'amis, enfants, adolescents et adultes. J'ai aimé suivre leur amitié, leur affrontement, leur épreuve, leur entraide, leur joie, leur peine.
L'histoire d'amour impossible ma bouleversé, des non-dits, des promesses qui ont gâché des vies. Jusqu'au bout, j'ai espéré....
Quel gâchis !
Un roman que je recommande à tous.
Excellent.
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Une magnifique histoire de vies sur fond de guerre d'Algérie.
C'est aussi une illustration des conséquences que peuvent avoir les choix et actes réalisés à un moment donné sur le reste de la vie des uns et des autres.
Et tout ça rédigé de la plume exceptionnelle de Yasmina Khadra !
Un bonbon !
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Il est toujours possible de trouver à chaque roman trop de ceci ou de cela, pas assez de cela ou de ceci.... Cet ouvrage est une magnifique histoire, une fresque, un poème. Il emporte, il comble de soleil et d'amour. Younès et Jonas feront toujours partie de ceux que l'on n'oublie pas.
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Je ne peux que me ranger à l'avis généralisé : ce roman est un chef-d'oeuvre !

J'ai découvert KHADRA il y a peu et je n'ai pas hésité à lire assez vite une autre de ses oeuvres.

L'écriture est superbe d'un bout à l'autre, depuis le titre, magnifique et sombre jusqu'aux toutes dernières lignes qui vous arrachent des larmes tant elles sont grandioses !

L'histoire se déroule, parfaitement cohérente, par ordre chronologique, depuis la petite enfance du narrateur jusqu'à son grand âge. La tentaion est grande de croire en un récit auto-biographique tant il est imprégné de véracité, mais je crois plutôt en une projection de l'auteur dans son personnage avec lequel il semble ne faire qu'un.

Ce personnage est au demeurant un être dominé par la destinée, ce qui en fait le symbole de tout un peuple, tant Français qu'Algérien, dévasté par ce qui s'apparenta à un cyclone.

La pudeur et la sobriété dominent l'ensemble de l'écriture. Tous les sentiments cohabitent sans que la haine ou le ressentiment n'aient raison des protagonistes.

La description de la misère d'une partie de la population est tout bonnement effroyable ! On ne sent pourtant aucune exagération ni de complaisance dans les détails pourtant sordides ! C'est un état de faits tout simplement.

L'amitié et l'amour sont les deux pôles qui soutiennent tout le roman. L'amour du petit garçon pour ses parents et sa soeur, puis pour son oncle et sa tante avec qui il vivra dès l'âge de sept ans. L'amour enfin pour une femme exceptionnelle dont la beauté et la personnalité dominent toute l'intrigue.

Et l'amitié, ah l'amitié éternelle de ces quatre garçons si différents et que leur propre destin entraînera bien loin mais ne séparera pas.

Les paysages sont dépeints avec toute la passion de l'auteur pour son pays. Ils composent une toile de fond vivante et luxuriante !

Loin d'une quelconque revendication revancharde, le héros s'interroge douloureusement sur les événements qui se sont succédé, jusqu'à la séparation inéluctable, arrachement qui laisse des traces profondes aujourd'hui encore.
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Je débute ce livre et déjà je sais que c'est un chef d'oeuvre. Tout pourrai servir à citation. Quand je cherche quelquefois dans une livre, au moins une belle phrase... là rien n'a jeté tout est sublime. le sujet pourtant ne m'attirait pas mais je voulais au moins avoir lu quelques lignes de cet auteur tant publié, et bien il le mérite bien. Quelle belle écriture.
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Younes repasse sa vie, de son enfance à la campagne puis à Oran et Rio Salado jusqu'à l'Indépendance de l'Algérie. En suivant son parcours, c'est toute une époque qu'évoque l'auteur, la vie quotidienne des différentes communautés. Chacun à sa manière aime son pays, veut le conserver comme il est ou veut le voir évoluer, avec une prise de conscience sous-jacente des différences de traitement selon sa position sociale. On y trouve aussi des histoires d'amitié, d'honneur, de fraternité, de partage, de dignité ; une réflexion sur l'attachement à sa terre, ses racines. On navigue entre douceur et art de vivre et misère et difficulté pour survivre. Et, en fil conducteur, une histoire d'amour avec tout ce qu'elle peut avoir de passionné, de contrarié, de banalement humain…
C'est le premier roman que je lis de Yasmina Khadra. J'ai beaucoup aimé son écriture fluide, très facile à lire mais pleine de nuances, de poésie et de sensibilité. Il a su retranscrire des émotions et des situations en respectant le point de vue de chacun, sans prise de position partisane dans cette période si tumultueuse. Un superbe moment de lecture.
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Une magnifique histoire d'amour rendue impossible par le contexte historique dans cette Algérie française finissante où les communautés qui se sont côtoyées, qui se sont affrontées, qui ont vécu ensemble en bonne intelligence, qui se sont mêlées sans vraiment se mélanger. Amour infini qui exalte le coeur et le corps mais amour impossible qui déchire l'âme comme l'amour pour ce pays entre ceux qui le considèrent comme le leur et ceux qui le leur contestent. C'est beau comme du Shakespeare!
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Un très beau livre sur l'Algérie des années trente aux années soixante. Nostalgique, romantique bien que parfois dure, c'est une belle histoire d'amour que je recommande. Ses personnages attachants et chaleureux comme le soleil de l'Algérie vous feront vivre beaucoup d'émotions et resteront longtemps en tête.
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