« Limite tes désirs des choses de ce monde et vis content.
Détache-toi des entraves du bien et du mal d'ici-bas,
Prends la coupe et joue avec les boucles de l'aimée, car, bien vite,
Tout passe... et combien de jours nous reste-t-il? »
Les quatrains d'
Omar Khayyam #editionsivrea
Ce grand poète persan qui naquit vers l'an 1040, nous a légué une poésie magnifique qui ne cesse d'éblouir, de nos jours encore…
Je dirais que ses vers, ses quatrains somptueux, se résument en trois mots essentiels: amour, ivresse, vie!
« Lève-toi, donne-moi du vin, est-ce le moment des vaines paroles ?
Ce soir, ta petite bouche suffit à tous mes désirs.
Donne-moi du vin, rose comme tes joues...
Mes voeux de repentir sont aussi compliqués que tes boucles. »
Mais il y a bien plus que cela! Il y a aussi la beauté des fleurs, le chant des oiseaux, la nature qui s'épanouit et surtout un regard qui se pose sur elle et un poète capable de la chanter avec talent et délicatesse!
« Tous les matins la rosée emperle les tulipes,
Les violettes inclinent leurs têtes, dans le jardin;
En vérité, rien ne me ravit comme le bouton de rose,
Qui semble ramasser autour de lui, sa tunique soyeuse. »
Il y a aussi le chant du vin, de l'ivresse, de la joie de vivre qui lui valurent bien des soucis et des critiques de ses contemporains qui jugeaient son attitude et sa poésie à l'aune de l'Islam et son interdit lié à l'alcool…
« Imite, autant qu'il dépend de toi, les libertins;
Sape les fondements de la prière et du jeûne.
Ecoute la Parole de Vérité d'
Omar Kháyyam :
« Enivre-toi, vole sur les grands chemins, et sois bon. » »
Pour autant, le vin n'est pas tant pour lui une manière de s'opposer à la religion que simplement une célébration de la vie, du cadeau qui nous est fait chaque jour, du souffle qui nous anime… le vin célèbre, rend joie, fait oublier l'inéluctable…
« Sois heureux,
Kháyyâm, si tu es ivre,
Si tu reposes près d'une aimée aux joues de tulipe, sois heureux:
Puisque à la fin de tout tu seras le néant,
Rêve que tu n'es plus, déjà... sois heureux. »
La poésie de
Khayyam est beauté et enchantement, ivresse et splendeur, simplicité et candeur…
« Ce que je veux, c'est une goutte de vin couleur de rubis et un livre de vers,
Et la moitié d'un pain, assez pour soutenir ma vie.
Et si je suis alors assis près de toi, même en quelque lieu désert et désolé,
Je serai plus heureux que dans le royaume d'un sultan. »
Elle est un instant de vie au bord du trépas, une danse avant l'abîme, un abandon avant l'ultime révérence, une joie simple, un émerveillement…
« La journée est belle, la brise est tiède et pure;
La pluie a lavé la poussière qui ternissait la joue des roses.
Le rossignol dit à la rose, en la langue antique et sacrée :
«Toute ta vie, enivre-toi de chants suaves et de parfums !» »
… la vie tout simplement!