Daisy Kutter : Le dernier train

Au coeur de cette petite ville du far-West, dans la petite épicerie qu'elle tient, Daisy regarde les minutes de son horloge s'égrener. Et pour cause, la jeune femme a remisé ses flingues et son passé de braqueuse pour se ranger. Les clients se font rares, seul son ex-petit ami toujours complice, devenu shérif, Tom McKay, lui rend visite, même si elle ne l'accueille pas vraiment les bras ouverts. Cette fois-ci, il lui propose de venir à la nuit du poker qui se tient au Shelly's. La jeune femme accepte, histoire de pimenter sa vie morose. Malheureusement, ce soir-là, les cartes ne jouent pas en sa faveur et Daisy perd coups sur coups face à un certain Mr Winters. Cet étrange personnage lui propose alors un deal afin de récupérer son argent et sa boutique : braquer son propre train.

Son passé de braqueuse hors-pair lui colle à la peau. Aussi, fait-on encore appel à Daisy Kutter, même si celle-ci s'est rangée. Cette mission un peu particulière risque bien de ne pas se passer comme prévu. Kazu Kibuishi mélange les genres en transposant ce western dans un futur où les robots cohabitent avec les humains. Une idée pour le moins originale et bienvenue. Parties de poker, braquage, bastons... l'on retrouve les ingrédients d'un bon western. Qui plus est, l'auteur dresse le portrait d'une femme attachante au caractère bien trempé et on aime la suivre au coeur de cette intrigue très rythmée. Graphiquement, les nuances de gris font leur effet.

Daisy soupire. Beaucoup. Tout le temps. Comme si elle s'emmerdait prodigieusement dans cette petite épicerie fine qui est la sienne.
Faut dire que passer de braqueuse au statut quasi légendaire à tenancière d'échoppe, y a un monde. Un monde d'ennui, visiblement.
Mais elle lutte courageusement, la petite, contre tous ses vieux démons. Flingue, pognon facile, baston, autant de loisirs sportifs qui lui donnaient le sentiment d'exister. Aussi, lorsqu'un bien étrange personnage lui proposa, moyennant moult pépettes, de braquer son train, c'est avec un entrain plus que mesuré qu'elle valida le deal...

K.K., entendez par là Kazu Kibuishi, fait dans l'extravagant, l'original l'atypique.
Fusionnant l'univers spécifique qu'est le braquage avec le western futuriste, il délivre ici une bien belle galette bicolore au graphisme épuré mâtiné d'une mélancolique et cynique ambiance à l'aune de la personnalité qui habite H24 notre héroïne au caractère bien trempé.
Une psychologie d'ours mal léché dont fera régulièrement les frais son ex toujours dans les parages car un brin accro à l'ursidé femelle, on va pas se mentir. Sacré Tom va !

Une surprise qu'elle est très beaucoup belle cette Daisy Kutter.
Allez pas vous y frotter !

Daisy Kutter est une sorte de Bonnie Parker rangée des attaques à main armée qui s'ennuie ferme dans son nouveau métier de commerçante. Son Clyde Barrow quant à lui est devenu shérif, "pour voir ce que ça fait d'être de l'autre côté de la barrière". Au cours d'une partie de poker Daisy perd tout, y compris sa boutique, pour se refaire elle accepter un job bien particulier : l'attaque d'un train, "le dernier train", mais de façon légale puisque cette fois le commanditaire n'est autre que le propriétaire du train en personne, fabricant de système de sécurité, qui souhaite démontrer ainsi l'infaillibilité de ses robots de surveillance.
Une bande dessiné pas forcément folichonne au premier abord mais le personnage de Daisy se révèle rapidement très attachant de par son caractère bien trempé et sa manie de foncer tête baissée dans les ennuis.
Une découverte bien sympathique.

Je n'ai pas trop accroché à cette histoire peu ambitieuse. On peut certes sympathiser avec le personnage de l'héroïne Daisy qui perd son commerce lors d'une partie de poker et qui se reconvertit en braqueuse de train façon testeuse de sécurité.

On retrouve certes les codes du western mais c'est exploité de façon trop classique pour convaincre. Cela reste en effet assez fade dans le déroulement des différentes scènes qui se succèdent. Même le graphisme est trop épuré avec toutes les nuances de gris. Reste l'idée originale d'un far-west futuriste mais cela ne me suffit pas.

J'ai envie de qualifier cette bande dessinée de western japonais. Noir et blanc, épuré, dans un monde et des décors style XIXème au Far West, mais comportant des anachronismes et des robots. le poker tient une place importante dans ce récit et tout pousse Daisy a reprendre du service alors qu'elle avait raccroché.
Le dessin est précis, mais l'héroïne courant plusieurs fois à travers les balles sans aucune égratignure fragilise le scénario.