L'Evangile des souffrances

Nous voyons dans l'amour malheureux la plus lourde souffrance humaine, mais il est le plus accablant et le plus douloureux quand son objet est tel qu'il ne peut pas essentiellement être aimé, alors pourtant que tout au fond de son cœur l'amant n'a pas d'autre désir que de l'aimer. Car si l'objet de l'amour peut le rester du moins dans son essence, sa possession seule étant refusée, l'amour est dans ce cas moins malheureux, moins douloureux ; si la possession est refusée, l'objet n'est pas perdu, il possède au contraire toute la perfection essentielle qui répond à l'exigence de l'amour et le remplit de félicité. Car il y a, cachée dans tout amour, une exigence qui le fonde non dans l'égoïsme, mais plus profondément dans l'éternité, et elle est l'être même de l'amour.