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EAN : 9782070239559
260 pages
Gallimard (12/02/1981)
4.47/5   19 notes
Résumé :
Cette œuvre de Martin Heidegger constitue l'étape ultime d'un long itinéraire de pensée.
Commencé en 1916 (Doctrine des catégories et de la signification), il s'est révélé de plus en plus distinctement, au cours des années et des œuvres, comme orienté vers la relation qu'entretiennent, depuis leur origine, être et parole. Six textes jalonnent cet acheminement : La parole, La parole dans le poème, D'un entretien de la parole, Le déploiement de la parole, Le po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Die Sprache, die Sage, das Wesen - tout est mouvement dans la langue allemande, s'insinue et se déplace sans cesse - jusqu'à la parole qui se fraie son chemin vers elle-même en cheminant sous la coquille des mots ; au-delà d'eux-mêmes et de leur sonorité est à découvrir le sens, qui se découvre lui-même lorsqu'il est approché par qui cherche à le dénicher - ne reste que ce cheminement comme seule vérité vers elle-même qui s'échappe et échappe toujours dès qu'on pense l'avoir agrippée. C'est l'essence de la parole, ce cheminement du sens qui se cherche et dont l'être humain n'est que la modalité d'effectuation, derrière lequel lui-même s'efface et s'évanouit. Avant l'homme, il y avait die Sprache - au début était le Verbe. À la fin aussi.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Ce que nous allons à présent tenter de dire, si nous le saisissons comme une suite d’énoncés sur la langue, ce ne sera jamais qu’une chaîne d’affirmations sans preuve, d’assertions impossibles à prouver scientifiquement. Si par contre nous expérimentons le chemin vers la parole à partir de ce qui se donne en chemin avec le chemin, alors il serait possible qu’en toute confiance s’éveille un pressentiment au sein duquel, désormais, la parole vienne nous toucher de son dépaysement.
Le chemin vers la parole — voilà qui sonne comme si la parole se trouvait bien loin de nous, quelque part vers où nous aurions d’abord à nous mettre en chemin. Mais faut-il un chemin vers la parole ? Suivant une ancienne doctrine, nous sommes bien nous-mêmes les êtres capables de parler, qui donc avons déjà la parole. La capacité de parler, d’ailleurs, n’est pas seulement une aptitude de l’être humain, qui serait au même rang que les autres. La capacité de parler signale l’être humain en le marquant comme être humain. Cette signature détient l’esquisse (der Aufriss) de sa manière d’être. L’homme ne serait pas homme s’il lui était interdit de sans cesse, depuis partout, en direction de chaque chose, sous de multiples avatars et la plupart du temps sans que ce soit exprimé — de parler en un « il est ». Dans la mesure où la parole accorde cela, l’être humain repose dans la parole.
Donc nous sommes avant tout dans la parole et auprès de la parole. Un chemin vers elle est inutile. Le chemin vers la parole est même impossible si tant est que nous sommes déjà là où il devrait mener. Cependant, sommes­-nous là ? Sommes-nous tellement dans la parole que nous expérimentions son déploiement, que nous la pensions en tant que parole, c’est-à-dire, portant écoute au propre de la parole, apprenions ce propre ? Avons-nous déjà séjour, sans que nous y soyons pour quelque chose, dans la proxi­mité de la parole ? Ou bien le chemin vers la parole en tant que parole est-il le chemin le plus long qui puisse être pensé ? Et pas seulement le plus long, mais aussi semé d’obstacles venant de la parole elle-même, dès que nous tentons de penser purement à la suite de la parole jusqu’à elle-même, sans coups d’œil à côté ?
Nous risquons ici quelque chose d’étrange, que nous aimerions circonscrire de la manière suivante : porter à la parole la parole en tant que parole . Voilà qui sonne comme une formule. Sa fonction est de nous servir de fil conducteur sur le chemin qui va à la parole. La formule emploie trois fois le mot « parole » — les trois fois, ce mot dit quelque chose d’autre et pourtant il dit le Même. Ce Même, c’est cela qui, à partir de l’unité où repose le propre de la parole, tient en un seul tenant les uns pour les autres les trois que la distinction tient à l’écart les uns des autres. Tout d’abord, bien sûr, la formule renvoie à un entrelacement de relations à l’intérieur desquelles nous sommes d’avance compris. Avoir le dessein d’un chemin vers la parole est impliqué dans un parler qui aimerait justement présenter la parole en liberté afin de la représenter en tant que parole et, une fois représentée, de l’exprimer — ce qui du même coup atteste que la parole même nous a impliqués dans le parler.
Cet entrelacement qu’indique la formule du chemin nomme le domaine déterminé d’avance dans lequel non seulement la série de ces conférences, mais toute la linguis­tique, toute théorie de la langue et toute philosophie de la langue, toute tentative même de penser et songer à la suite de la parole nécessairement doivent se tenir.
Un entrelacement resserre, rétrécit et rend difficile une vision directe à travers ce qui s’entrelace. Mais en même temps l’entrelacement que nomme la formule de notre chemin est en propre ce dont il s’agit avec la parole. C’est pourquoi il n’est pas permis de détourner le regard de cet entrelacement — qui, apparemment, resserre tout ici, en quelque chose d’inextricable. La formule doit plutôt presser notre pensée afin qu’elle tente non, bien sûr de se débarrasser de l’entrelacement, mais de le dénouer ; de telle sorte qu’il laisse voir comment s’entre-appartiennent et vont ensemble les relations que nomme la formule. Peut-être l’entrelacement est-il lacé et traversé d’un lien qui, d’une manière sans cesse déconcertante, délie la parole jusqu’à ce qui lui est propre. Il s’agit d’expérimenter dans l’entrelacement de la parole le lien qui la délie.
La conférence qui se penche sur la parole comme infor­mation et, ce faisant, se voit contrainte de penser l’infor­mation comme parole nomme « cercle » ce rapport de régression sur soi, et à la vérité un cercle inévitable mais en même temps plein de sens. Le cercle a un sens parce que la direction et le genre de la circulation sont gouvernés depuis la parole même, par un mouvement qui est en elle. L’allure et la portée de ce mouvement, nous aimerions en faire l’expérience à partir de la parole elle-même — en nous engageant pour entrer à fond dans l’entrelacement.
Comment cela peut-il réussir ? En suivant sans relâche ce qu’indique la formule de notre chemin : porter à la parole la parole en tant que parole.
Ce faisant, plus la parole elle-même se montre lisible­ment en son propre, plus significatif pour elle-même devient, en chemin, le chemin vers la parole, plus décisivement se transforme le sens de la formule du chemin.
Elle perd son caractère de formule, elle est inopinément une première résonance silencieuse qui nous fait entendre quelque peu de ce que la parole a en propre. »
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Das Wesen der Sprache : Die Sprache des Wesens L’essence de la parole : la parole du déploiement [...]
parole est le sujet, c’est-à-dire ce sur quoi et à propos de quoi doit être établi ce que c’est. [...] ce qu’est la parole nous en saisissons le concept pour peu que nous nous engagions à passer là-bas, ce là-bas sur lequel les deux point pour ainsi dire offrent une échappée. Et cela, c’est la parole du déploiement. Mais le mot « déploiement » ne signifie plus du tout ce qu’est quelque chose. Wesen, nous l’entendons à présent comme verbe - wesend comme dans anwesend et abwesend [en français, [...] dans le mot « présent » [...] on ne reconnaît plus comme radical verbal le -sent (ndt] « Wesen » veut dire être durant, déployer-durée, séjourner (währen, weilen). Toutefois, la locution « es west » dit plus que seulement : cela persiste, cela dure. « Es west » veut dire : cela vient se déployer ; déployant sa durée, cela vient à nous, cela nous concerne, cela nous met en route, nous met en chemin et nous intente. le déploiement (das Wesen), ainsi pensé, nomme cette durance (das Währende) qui, en tout, vient à nous et nous concerne parce quelle est ce qui met tout en chemin. La seconde tournure dans la parole directrice : « La parole du déploiement », veut dire par conséquent : la parole est à sa place et appartient au coeur du déploiement, elle sied à ce qui met tout en chemin, elle lui est propre en tant qu’elle lui est son plus propre. Ce qui met tout en chemin met en chemin en ceci qu’il est parlant.
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Nous parlons, et nous parlons de la parole. Cela, de quoi nous parlons, la parole, est toujours déjà en avance sur nous. Nous ne faisons jamais que parler à sa suite. Ainsi, nous sommes perpétuellement suspendus après cela que nous devrions avoir rattrapé et ramené à nous pour pouvoir en parler. C’est pourquoi, parlant de la parole, nous restons empêtrés dans une parole sans cesse trop courte.
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Die Gegenwart est d’ordinaire le nom pour le présent. Heidegger l’écrit Gegen-wart, laissant apparaître ce que dit le mot. Wart est apparenté à wahren, prendre en garde, et à warten, regarder venir, i.e. attendre. Die Gegen-wart veut donc dire : ce qui, tourné vers nous, nous regarde venir, Ce n’est pas le « futur », mais l’imprévisible présence de ce qui, toujours, sera. (ndt).
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Die Gewesenheit et die Anwesenheit ont en commun le verbe wesen. La première est celle où le déploiement, une fois pour toutes, est recueilli. C’est non pas le « passé », mais l’intarisable présence de ce qui, à jamais, a été. La seconde est celle où le déploiement vient sur nous, approchant. Ce n’est pas le « présent », mais la sobre présence de ce qui, chaque fois, est. (ndt)
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Vidéo de Martin Heidegger
POÉSIE-PENSÉE – La Philosophie face à la Poésie selon HEIDEGGER (France Culture, 1964) Un extrait d’un hommage radiophonique au philosophe, par René Farabet, diffusé le 25 septembre 1964 sur France Culture. Interventions : Beda Allemann, Michel Deguy et René Char. Lecteurs : Henri Rollan et Jean Topart. Mise en ligne par Arthur Yasmine, poète vivant, dans l’unique objet de perpétuer la Poésie sur tous les fronts.
Dans la catégorie : Philosophie et théorieVoir plus
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