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Dominique Peters (Traducteur)
EAN : 9782226108616
162 pages
Albin Michel (01/01/2000)
3.39/5   14 notes
Résumé :

Jamaica Kincaid, originaire des Petites Antilles et souvent comparée à Toni Morrison, compte parmi les grandes voix de la littérature américaine. Avec Lucy, elle poursuit une oeuvre insolite en prêtant sa voix à une jeune Antillaise de dix-neuf ans, prisonnière de son incapacité à aimer et à adhérer aux événements de sa vie. Échappée à sa famille, à son île et à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
C'est l'histoire un peu froide d'une jeune fille de 19 ans,originaire des Antilles,qui devient jeune fille au pair dans un foyer bourgeois de New- York,un couple de gens aisés: Lewis et Mariah et leurs quatre petites filles blondes.
Lucy observe,scrute,examine la classe moyenne blanche avec distance et froideur: "J'étais juste une jeune femme malheureuse, vivant dans la chambre de la bonne, j'étais la jeune fille qui s'occupe des enfants et va suivre des cours du soir". "Ma peau était du brun d'une noix frottée longtemps avec un linge doux".

Elle est très bien accueillie par Mariah et son entourage mais elle a la sensation, loin de l'environnement protecteur de son île natale de n'être rien, de ne pas s'appartenir, d'être extérieure à elle même:

"Je suis seule au monde, toute seule, et il en sera toujours ainsi...." "Elle ne connaissait quant à elle qu'une saison chaude et sèche".
Paradoxalement,elle ne répond jamais aux lettres de sa mère,jusqu'à ignorer le décès brutal de son père...
Elle avait lancé avec force à celle- ci: "Je voudrais que tu sois morte".
Elle éprouve pour elle autant de haine que d'amour et a la sensation que son père ne l'a pas aimée.
Elle est obsédée par son trouble intérieur, hantée par ses origines, sa sexualité, sa couleur,l'image de son corps,pourtant elle pense qu'une femme ne devrait pas s'intéresser à sa beauté, elle est impatiente, mécontente, dissimulatrice, elle vit un mal être que le lecteur ressent profondément.
Face à des concepts totalement différents de ce qu'elle a vécu, elle compare encore,vérifie et essaie d'en tirer ses propres idéaux.

Elle nous apparaît parfois antipathique, mais lucide,captive surtout de son incapacité à aimer, à ressentir, à adhérer aux événements de sa jeune vie, solitaire, prisonnière d'un sentiment de différence à peu prés inguérissable....

Sauf à la toute fin où l'espoir de l'écriture lui semble un beau commencement....Car sa mère lui avait donné le goût de Lire et de se Cultiver.
C'est un ouvrage singulier dont la critique n'a pas été facile à rédiger.....mais ce n'est que mon avis,de toute façon, je ne connaissais pas l'auteur,Jamaica Kincaid.....

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« Quand j'étais chez-moi, dans la maison de mes parents, je faisais la liste de toutes les choses dont j'étais certaine qu'elles ne me suivraient pas si je devais traverser le vaste océan qui s'étendait devant moi. Je pensais qu'un simple changement de lieu bannirait à jamais de ma vie ce que je méprisais le plus. Mais ça ne devait pas se passer ainsi. Au fur et à mesure que chaque journée se déroulait devant moi, je voyais la similitude en chaque chose; je voyais le présent prendre une forme: la forme de mon passé. » (p. 91-92) La narratrice est une jeune Antillaise de dix-neuf ans. Elle a quitté son île et sa famille, en particulier sa mère, pour venir travailler comme jeune fille au pair chez un couple new-yorkais aisé qui a quatre petites filles. Lorsqu'elle arrive, c'est le choc des cultures et une grande colère l'habite envers ses origines, ce qui se manifeste par du rejet envers toute figure parentale. le roman, pour une grande part autobiographique pour ce que j'ai pu lire sur internet, évoque le post-colonialisme, l'immigration, mais surtout le thème de la séparation d'avec la mère, élément central permettant à l'auteure de parler de la quête d'identité de son personnage qui, s'étant sentie trahie par sa mère, rompt les amarres d'avec son enfance de façon un peu radicale. J'ai pris grand plaisir à découvrir et la plume de Jamaïcain Kincaid, et cette Lucy, si habitée par sa recherche d'intégrité, qui fait preuve d'une acuité et d'un cynisme mordant, ce qui la rend attachante finalement, alors qu'elle-même se tient à distance des autres.
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Début janvier, Lili (@lili_desbellons sur instagram) s'est lancée un petit défi perso : tous les premiers du mois, elle tire une carte de son oracle des sorcières de la littérature et l'autrice ainsi révélée devient sa sorcière littéraire du mois – dont elle lit un ouvrage. J'ai tenté sa sorcière de mai, la poétesse colombienne Alejandra Pizarnik, et j'ai été enthousiasmée (j'essayerai un de ces quatre de vous faire un retour pas trop moche, mais en attendant vous pouvez découvrir le lumineux avis de Lili par ici). J'ai donc eu envie de retenter l'aventure ce mois-ci, sous le signe de Jamaica Kincaid, une autrice américaine originaire des Caraïbes, de l'île d'Antigua. J'ai choisi de lire son roman Lucy – qui semblait, d'après ce que j'ai pu en lire sur le net, suivre dans les grandes lignes la biographie de l'autrice.

Lucy fut une lecture marquante. Au début du roman, on découvre cette jeune fille qui vient d'arriver au pair aux États-Unis, dans une famille huppée. Lucy se raconte, à la première personne du singulier. Son nouveau quotidien, ses souvenirs.

Dès les premières pages, j'ai été captivée par la voix de Jamaica Kincaid.

« le matin, le matin de mon premier jour, le matin qui suivit ma première nuit, était un matin ensoleillé. Ce n'était pas le genre de soleil auquel j'étais habituée, d'un jaune lumineux qui fait tout s'incurver sur les bords, comme de peur, mais un soleil jaune pâle, comme s'il s'était affaibli à force de trop vouloir briller ; mais il y avait quand même du soleil, et c'était bon, et ainsi je regrettais moins mon chez-moi. Alors, en voyant le soleil, je me suis levée et j'ai mis une robe, une robe colorée en madras – le style de robe que j'aurai mise, chez moi, avant de passer une journée à la campagne. Erreur complète. le soleil brillait, mais l'air était froid. On était à la mi-janvier, tout de même. Mais je ne savais pas que le soleil pouvait briller et l'air rester froid ; personne ne me l'avait dit. Quelle drôle d'impression ! Comment l'expliquer ? « le soleil brille, l'air est chaud » : c'était une chose que j'avais toujours sue – comme je savais que ma peau était du brun d'une noix frottée longtemps avec un linge doux, ou comme je savais mon nom – quelque chose qui allait de soi. »

Vous voyez ce que je veux dire ? La plume est enveloppante, une musique, un rythme – un peu sirène, Jamaica ? Oui, mais c'est pour mieux ensuite nous croquer un mollet.

Il y avait une Lucy au chemin tracé, comme un écho de sa mère, de sa famille et de l'histoire de son île. Mais la Lucy que l'on découvre dans ces lignes veut exister, elle veut plus que son ombre. Alors elle taille, la route et une brèche dans la toile de vie qu'on lui réservait. A la force de son caractère, de sa colère et de son désespoir, de sa plume aussi, plus tard, elle invente son envol.

Au départ elle pense purement et simplement trancher ses racines. Mais tout la ramène sans cesse à ce qu'elle veut quitter. Elle avait des rêves. le mal du pays change la donne. On sent que l'éloignement fait naître chez elle une conscience de plus en plus aiguë – de la condition des femmes ; du système social qui a permis l'esclavage. Il y a de nombreuses blessures, à vif, qui ne guériront pas : le colonialisme, une relation d'amour-haine avec sa mère, tout cela mixé avec la religion, qui semble avoir été un filtre omniprésent ayant modifié les couleurs de toute son existence. Elle est une dedans et une autre dehors, et dans cette sorte de désincarnation, elle observe sa nouvelle vie aux États-Unis, ainsi que les gens, avec un détachement et une vision claire, édifiante. le fossé est tellement un gouffre, dans lequel elle n'est pas tombée, mais c'est pourtant comme s'il l'avait digérée. Celle de l'intérieur est incapable d'aucun compromis et a peur d'aimer quelque chose ou quelqu'un à nouveau, car elle ne veut pas ou plus souffrir. Mais elle s'attache. A la mère de sa famille, d'abord, à une des petites. Son univers est en expansion, ses blessures en train de cristalliser aussi. Elle s'accroche, elle s'émancipe, elle invente son chemin.

Il est souvent difficile de s'attacher à Lucy, dans ce court roman. C'est comme si l'autrice l'avait écrit pour elle-même s'observer à distance et peut-être, tenter de repérer les moments-clés et examiner les pivots de son existence. On est d'accord qu'il fallait bien un certain anesthésiant, pour creuser de sa plume dans des chairs et des souvenirs encore à vif… J'ai lu le livre quasi d'une traite. Et je l'ai recommencé une fois terminé.

Et donc : quelle découverte ! Pourquoi n'avais-je encore jamais entendu parler de Jamaica Kincaid ? J'ai eu l'impression que dans ce texte, elle rodait ses crocs – c'est son deuxième roman édité. Je lirai donc les suivants : Autobiographie de ma mère (c'est celui qu'a choisi de lire Lili, et je viendrai ici vous ajouter le lien vers sa chronique dès que je l'aurais lue !), Mon frère et Mr Potter (c'est son père. le vrai, et celui de Lucy aussi. Petit extrait de Lucy, à ce sujet : « le nom, Potter, devait venir de l'Anglais qui possédait mes ancêtres quand ils étaient esclaves ; personne ne le savait vraiment, et je ne pouvais leur en vouloir de ne pas avoir envie de faire des recherches » …)
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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ucy est une tornade.

Avant tout, le personnage principal veut vivre.

Un récit à la première personne du singulier qui pour autant n'aide pas la lectrice à s'attacher à la protagoniste.

Ce roman est un hymne à la liberté, l'autonomie, l'indépendance.

Le récit est celui d'un voyage, d'un parcours. Lucy vient d'une île de la Caraïbe et vit désormais dans une métropole nord-américaine. Partir vivre comme jeune fille au pair dans une famille aisée a été un tremplin vers son autonomie, mais Lucy va vite se défaire de ce joug-là. Contrairement à beaucoup de récits de littérature antillaise qui présente la métropole comme un eldorado rêvé et finalement trompeur, dans Lucy, l'Amérique devient vite décevant, non pas à cause de l'expérience de discrimination, mais en soi. L'ailleurs ne vaut pas mieux que chez soi.

La jeune fille est avide de découvertes. Elle décrit ses premiers baisers de façon quasi-clinique. Il n'est pas ici question d'amourette, pas d'attachement qui pourraient l'entraver. Même l'angoisse d'une éventuelle grossesse est vite mise sur le côté. Lucy fera ce qu'il faut pour se débarrasser de cette conception non désirée et advienne que pourra.

Les différents amants de la jeune femme sont pour elle l'occasion de se découvrir, mais pas question de promettre quoi que ce soit ou de se projeter. Elle n'a pas le temps pour ça.

J'ai beaucoup aimé le travail de décentrement du récit de Jamaica Kincaid. le centre, c'est la Caraïbe. Point besoin de nommer le lieu, parce qu'il est central. On ne nomme pas l'évidence, on ne nomme que la différence. Ce qui est naturel, c'est le soleil écrasant, si écrasant qu'on en vient presque à l'exercer. L'hiver est exotique, étrange.

La fin est tout aussi abrupte que le reste du récit. On a eu un moment de la vie du personnage principal, celui où elle s'émancipe.

Je pense que je reviendrai à ce roman, cette fois-ci en anglais. Il fera partie de mes lectures marquantes.
Lien : https://carnetdetextesblog.w..
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Lucy, jeune fille antillaise de 19 ans, arrive aux États Unis, pour s'occuper de quatre petites filles, dans une famille bourgeoise.
Angoissée et perturbée par une enfance difficile, elle tisse des liens amicaux avec la maîtresse de maison, et, tente de se reconstruire.
Un roman agréable à lire,mais, l'auteur affleure les problèmes, sans jamais les approfondir et les analyser.
Un livre superficiel, vite lu.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Je venais juste de remarquer que les gens qui connaissaient la manière correcte de faire des choses - comme tenir une tasse de thé, déposer des aliments sur une fourchette et la porter à leur bouche sans tacher le devant de leur vêtement -, ces gens étaient responsables de presque toutes les misères, et c’étaient aussi ceux qui avaient le moins de chances de finir fous ou pauvres. (p. 100)
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Mariah ne croyait pas en cette façon de faire. Elle pensait qu’avec les enfants, la sincérité et la franchise, la vérité aussi peu déguisée que possible étaient la meilleure méthode. Elle pensait que les contes de fées étaient une mauvaise idée, surtout ceux où des princesses étaient réveillées d’un long sommeil par le baiser d’un prince; apparemment, ce genre d’histoires donnait aux enfants, surtout aux filles, une idée fausse de ce qu’elle devait attendre du monde en grandissant. Son discours sur les contes de fées m’amusait toujours, car j’avais en tête une longue liste de choses qui contribuaient à donner une idée erronée du monde, et il se trouvait que les contes de fées n’y figuraient pas. (p. 49)
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Quand j’avais quitté mes parents, je m’étais dit que je ne voulais jamais les revoir. C’étaient des mots dits à la manière d’un enfant; quand un enfant veut voir mourir quelqu’un, qu’il peut même se voir en train de commettre l’acte fatal, il veut pourtant que la personne morte se relève et revive comme avant – seulement sans cette chose qui avait fait que l’enfant avait souhaité sa mort. (p. 138)
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Quand j’étais chez-moi, dans la maison de mes parents, je faisais la liste de toutes les choses dont j’étais certaine qu’elles ne me suivraient pas si je devais traverser le vaste océan qui s’étendait devant moi. Je pensais qu’un simple changement de lieu bannirait à jamais de ma vie ce que je méprisais le plus. Mais ça ne devait pas se passer ainsi. Au fur et à mesure que chaque journée se déroulait devant moi, je voyais la similitude en chaque chose; je voyais le présent prendre une forme: la forme de mon passé. (p. 91-92)
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Je ne sais pas si c’est ce que Mariah voulait, mais je m’identifiai immédiatement aux désirs de cet homme; je comprenais que l’endroit où l’on est né puisse vous apparaître comme une prison insupportable et qu’on puisse vouloir quelque chose de tout à fait différent de ce qui vous est familier, tout en sachant que cette prison représente un havre. (p. 96-97)
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Video de Jamaica Kincaid (2) Voir plusAjouter une vidéo

Jamaica Kincaid : Mon frère
Olivier BARROT, au château de Chenonceaux, présente le dernier roman de l'écrivain Jamaïca Kincaid, "Mon frère", publié aux éditions l'Olivier.
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