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EAN : 9782267029383
316 pages
Christian Bourgois Editeur (04/02/2016)
3.9/5   57 notes
Résumé :
En 1933, trois jeunes et brillants anthropologues se rencontrent sur les berges du fleuve Sepik, dans le Territoire de Nouvelle-Guinée, alors sous domination anglaise.
Inspiré par la vie de Margaret Mead, la célèbre anthropologue américaine qui sut donner du souffle à cette science encore si récente dans les années 30, Euphoria est un roman passionnant où il est question d’anthropologie, de tribus indigènes, d’ethnocentrisme et de guerres mondiales, mais auss... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Très librement inspiré de la vie de trois anthropologues ayant réellement existé, à savoir Margaret Mead, Reo Fortune et Gregory Bateson, ce roman pour permet de découvrir le travail de terrain d'un anthropologue, ou plutôt les différentes façons de concevoir cette profession selon les méthodes employées ou les sensibilités de chacun, à une époque où il restait encore des terres et des peuples à découvrir.
Nos trois personnages vivent depuis plusieurs mois dans des tribus différentes en Nouvelle Guinée, dans les années 30, quand ils vont finalement se rencontrer et passer quelque temps ensemble, à comparer leurs notes, à observer leurs façons d'analyser le monde et à s'interroger sur le sens de leur travail.

Le roman se lit un peu comme un récit de voyage, le climat, le paysage et l'environnement ayant tout autant d'importance que les individus rencontrés.
Le fait qu'une des anthropologues soit une femme apporte des éléments permettant d'appréhender ces tribus d'une façon autre, certains endroits et certaines activités étant réservés soit aux hommes, soit aux femmes.
L'admiration et la rivalité professionnelle qui naissent entre les anthropologues eux-mêmes les rend humains et vulnérables à la fois.
J'ai beaucoup aimé cette ambiance chaude, moite et humide, ces rencontres avec des personnages hors du commun et cette découverte d'une profession peu décrite en littérature.
Je vais maintenant me diriger vers les écrits de Margaret Mead elle-même.
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Curieux livre, Euphoria. Il fait partie de ces lectures pour lesquelles je me dis "après ce chapitre, j'arrête". Et puis, de chapitre en chapitre, je lis jusqu'à la fin. Grâce à une écriture forte, un humour tragique, un sujet inédit... Euphoria présente ces caractéristiques et Lily King a une belle maîtrise du récit.
C'est une histoire à compartiments. La naissance d'une science humaine encore balbutiante (l'anthropologie) ; le triangle amoureux dramatique des trois représentants de cette science ; la quête de la célébrité qui s'exerce aux dépens du sujet étudié, de l'amitié et de l'amour ; l'époque : les années 1930 et la montée du nazisme.
Les genres se superposent et malgré une construction rigoureuse, le livre donne – à mon sens – l'impression de ne pas savoir où aller. De plus, inspiré par un personnage réel (réinterprété par l'auteure) et par des faits historiques, les malheureux indigènes et leur environnement servent surtout de décor aux névroses occidentales.
Même si la tendre Nell, victime expiatoire, exprime "Ce sont des humains, avec des cervelles humaines qui fonctionnent à plein régime. Si je n'étais pas persuadée qu'ils partagent entièrement mon humanité, je ne serais pas ici".
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En route pour la Nouvelle-Guinée en compagnie de trois anthropologues de l'entre-deux-guerres. Pour ce roman, Lily King s'est inspirée de la vie de Margaret Mead, de son mari de l'époque, le néo-zélandais Reo Fortune et de l'anglais Gregory Bakeson.

Les personnages, tout comme les tribus qu'ils étudient, sont néanmoins fictifs et n'ont pas les mêmes trajectoires dans le livre que dans la vraie vie.

Mais l'ambiance du roman restitue bien l'euphorie que ces pionniers au carrefour de toutes les sciences sociales ont pu ressentir en réalisant leurs recherches sur le terrain.

A cette époque, l'anthropologie était en pleine transition et abandonnait progressivement l'idée que le modèle ultime de toute société ne pouvait être que le modèle occidental. Les études de terrain se multipliaient et Margaret Mead a beaucoup contribué à faire connaître cette science. Pour info, Levi Strauss a commencé ses premiers travaux de terrain entre 1935 et 1939 au Brésil.

Trois anthropologues, trois approches différentes :

Nell Stone est une bosseuse invétérée, toujours un carnet à la main et toujours dans une démarche méthodique et scientifique. Elle et son mari Fen s'installent pour plusieurs mois avec beaucoup de matériel au sein des tribus qu'ils étudient, s'attachent les services d'indigènes pour la cuisine et l'intendance et se consacrent uniquement à leur travail. Femme indépendante et libérée, elle est à la recherche d'une société qui offrirait aux individus l'espace nécessaire pour être eux-mêmes.

Son mari Fen, personnage sombre, s'immerge totalement dans la culture des indigènes mais ne prend pas de notes et ne partage pas ses informations avec sa femme, du fait de la rivalité qui existe entre eux. Nell est en effet déjà très connue du public et reçoit quantité de courrier, jusqu'au plus profond de la jungle.

Bankson ne supportait plus sa solitude et se réjouit de pouvoir côtoyer un couple de confrères. Il s'interroge énormément sur ses méthodes de travail et sur celles de se collègues et les échanges professionnels qu'il a avec Nell sont très fructueux pour tout les deux. Pour sa part, il ne s'installe pas au sein des communautés qu'il étudie. L'irruption des chercheurs au sein de la communauté ne perturbe-t-elle pas l'équilibre du pouvoir et par conséquent les résultats de leurs études ?

L'intérêt de ce livre est que ces trois anthropologues sont avides de découvertes mais questionnent également le sens de leurs recherches.

Leur histoire offre beaucoup de pistes de réflexion : sur la quête de sens, l'humanité, le relativisme culturel, l'éthique dans le domaine des sciences, la liberté ou encore la trahison.

Le triangle amoureux entre ces deux hommes et cette femme est bien traité avec une alternance entre le récit à la première personne de Bakeson, le journal de Nell Stone et une narration à la troisième personne.

Le style est plaisant sans être remarquable mais le sujet est passionnant. Ce roman n'est pas tout à fait euphorisant mais très stimulant !

Bonne lecture !



Lien : http://lectures-d-amerique.c..
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C'est une fiction librement inspirée de la vie de la célèbre anthropologue Margaret Mead, qui nous entraîne au coeur des jungles marécageuses de la Nouvelle-Guinée, à la découverte des moeurs et des coutumes des peuples qui y vivent.

Le roman soulève subtilement de grandes questions sur la culture, la société et les individus, habilement mises en parallèle avec la vie amoureuse des personnages. Car c'est aussi l'histoire d'un triangle amoureux, mais pas du tout cliché. Colonialisme et bisexualité dans la moiteur du climat équatorial!

Il ne s'y passe pas grand-chose, au fond, mais les relations qui unissent les personnages ainsi que celles qu'ils tentent d'établir avec les aborigènes, issus d'une culture complètement différente de la leur, sont très intéressantes. J'ai bien aimé ma lecture!
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« Euphoria » nous entraîne en Nouvelle-Guinée où, en 1933, les tribus indigènes peuplant ce territoire servent d'objet d'études aux anthropologues.

Si l'anthropologie n'en est alors qu'à ses débuts, la jeune Nell a déjà publié aux Etats-Unis, avec un certain succès, le récit de son séjour dans un village des Iles Salomon : « Les enfants de Kirakira ».

Elle a depuis épousé un jeune anthropologue, australien, Fen. Ils sont à la recherche d'un village susceptible de les accueillir afin de mener leurs études. C'est un anthropologue anglais de leur âge, Bankson, qui leur permettra de s'installer auprès des Tam, à quelques heures de canoë de son propre campement.

Si tous les trois sont réunis par la passion de leur métier, Bankson est fortement attiré par la jeune femme. Des tensions sont perceptibles entre l'Anglais et l'Australien.

Résumer « Euphoria » à une histoire d'amour « chez les Papous », serait bien réducteur.

En effet, ce roman, basé sur les travaux de l'anthropologue américaine Margaret Mead, permet de découvrir les débuts de cette science, les divergences dans la façon de voir les choses entre chercheurs américains et anglais (d'autant que l'isolement géographique met à nu la personnalité de chacun) , l'immersion dans ces villages reculés, les fonctionnements et croyances des différentes tribus. Tout cela est passionnant et donne un excellent moment de lecture.

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il glissa les mains dans la culotte en coton de Nell, lui attrapa les fesses et vint coller le pubis de sa femme contre le sien. Nell pensa aussitôt à la façon dont elle collait ses poupées de papier l’une contre l’autre à l’époque où elle avait grandi mais sans se décider à les jeter. Mais ça ne fut pas efficace, alors il lui prit la main et la fit descendre ; des qu’elle l’eut saisi, il posa sa propre main sur celle de Nell pour lui imprimer un mouvement de va-et-vient a un rythme qu’elle connaissait bien mais qu’il ne lui laissait jamais pratiquer de son propre chef. Très vite, la respiration de Fen s’accéléra en s’alourdissant, mais il fallut un long moment avant que le pénis ne montrât le moindre signe de raideur. Il ballotait sous leurs deux mains comme une méduse. De toute façon, ce n’était pas le bon moment. Elle était sur le point d’être indisposée.
« Merde, marmomma Fen. Putain de merde. »
La colère parut faire flamber quelque chose dans le bas de son corps et, brusquement, le sexe leur échappa, énorme, dur, violacé.
« Enfonce-le, ordonna Fen. Enfonce-le tout de suite. »
Il n’y avait pas à discuter avec lui, inutile de lui parler de sècheresse, de période, de fièvres récurrentes ou de lésions qui allaient se rouvrir en frottant contre les draps de lin. Ils allaient faire des taches de sang et les servantes tawai penseraient qu’il s’agissait de sang menstruel et seraient obligées de bruler des draps pour des raisons de superstition, ces magnifiques draps frais lavés.
Elle l’enfonça. Les rares endroits qui n’étaient pas douloureux étaient insensibles ou mêmes morts. Fen se mit à pomper contre elle.
Lorsque ce fut terminé, il dit : « Et voilà ton bébé.
- Au moins une jambe ou deux », rétorqua-t-elle dès qu’elle fut sure de sa voix.
Il se mit à rire. Les Mumbanyo croyaient qu’il fallait s’y prendre à plusieurs reprises pour faire un bébé. « On s’occupera des bras plus tard dans la soirée. »
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Au bout d'une heure environ d'obscurité totale sur les deux berges, après avoir passé un coude, apparurent sur la rive méridionale, le long d'une plage, des feux et des visions de corps peints. C'était le village olimbi de Kamindimimbut, en pleine cérémonie. Une odeur de sanglier rôti nous parvint et le martèlement sans répit des tambours résonna dans nos poitrines.
On a du mal à croire, tandis que j'écris ce récit, que la prochaine guerre mondiale aura lieu à peine six ans plus tard ou que, dans neuf ans, les Japonais reprendront le contrôle du Sepik et de tout le territoire de la Nouvelle Guinée aux Australiens.
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On ne se rend pas compte à quel point le langage interfère vraiment avec la communication tant qu'on ne l'a pas expérimenté soi-même, cette façon de prendre toute sa place comme un sens surdominant. Tout le reste est important quand on ne comprend pas les mots. Une fois la compréhension acquise, tant de choses sont perdues. On se fie alors à leurs mots, or les mots ne se révèlent pas toujours très fiables.

Journal de Nell, p.101
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Dès les premières pages, Helen affirmait que, socialement, le plus grand et le plus grave problème du monde tient à l'incapacité de la civilisation occidentale à comprendre les mœurs des autres peuples.
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Peut-être toute science n'est-elle simplement que recherches sur soi-même.
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