« Hâtez-vous d'ouïr et d'entendre ; car ceci fut, arriva, devint et survint, ô Mieux Aimée, au temps où les bêtes apprivoisées étaient encore sauvages. le Chien était sauvage, et le Cheval était sauvage, et la Vache était sauvage, et le Cochon était sauvage – et ils se promenaient par les Chemins Mouillés du Bois Sauvage, tous sauvages et solitairement. Mais le plus sauvage était le Chat. Il se promenait seul et tous lieux se valaient pour lui… »
Dans ce conte, tout le monde est sauvage, mais tout de même, l'Homme s'essuie les pieds avant d'entrer dans la caverne. Donc, tout le monde est sauvage, même l'ail, la coriandre, le fenouil et le poivre… que la Femme cuisine avec le canard sauvage accompagné d'os de taureaux sauvages… Près d'eux, les animaux sauvages les surveillent et s'inquiètent de voir la grande lumière du feu. Lorsque Chien demande à Chat d'aller avec lui observer les Humains, Chat refuse. Il aime se sentir libre de choisir, libre d'aller où il veut et de faire ce qu'il veut. Et là, en l'occurrence, il décide d'y aller à la suite de Chien, sans le lui dire. Pourquoi Chien serait-il le seul à aller du côté de la caverne ?
Chien se manifeste et reçoit un bon accueil. Un bel os lui est proposé et il s'empresse de le prendre. Il s'ensuit alors un pacte. Pour le gîte et le couvert, Chien devra obéir et aider. Il sera désormais, Premier Ami.
Lorsque Poulain Sauvage voit que Chien tarde à venir, il demande à Chat le pourquoi du comment. Mais Chat toujours aussi indépendant et pas commode, ne lui fournit qu'une demi réponse. Poulain décide alors d'aller voir comment se porte Chien. Et comme la veille, on le reçoit bien, on lui offre de l'herbe bien verte et fraîche, et on lui soumet la même proposition qu'il s'empresse d'accepter. Il sera Premier Fidèle. Vache suivra l'exemple est sera Nourricière du Logis.
La caverne est un antre très hospitalier, alors pourquoi Chat n'irait-il pas s'installer lui aussi ? C'est ainsi que tout commença… après plusieurs échanges de vue et négociations…
Rudyard Kipling devait avoir un chat ; son analyse est assez juste, même si elle semble lui être défavorable. Dans cette petite fable, le caractère du chat est raconté avec drôlerie. le chat est rusé, têtu, autonome, voire même dissident. Il chipote en faisant mine de ne pas vouloir y toucher. Il peut se montrer agaçant, orgueilleux ou crâneur. Il est intelligent, mais son indépendance est telle qu'il en devient abruti. Il est proche de l'homme, mais il ne le supporte pas toujours. C'est toujours lui qui décide, à sa guise, à son rythme. A lister tout cela, on dirait qu'il n'a que des défauts, et pourtant, on l'aime car il a aussi des qualités et il est fidèle et câlin…
La maison d'édition Lire c'est partir propose ce texte avec des illustrations de
Yann Couvin. Petit livre d'une cinquantaine de pages, dessins compris, imprimé avec de gros caractères, il peut être proposé aux jeunes lecteurs qui font l'apprentissage de la lecture. Comme pour une comptine, le style de répétition avec « Sauvage » donne un tempo qui peut les amuser, ou les perdre dans le pire des cas, car cette lecture, toute petite, mérite de la concentration.