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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il est toujours intéressant de voir un éditeur de littérature générale publier un roman jeunesse, qui plus est quand il n'est pas dans son intention d'en profiter pour ouvrir une collection dédiée dans la foulée ; non pas pour la rareté de l'évènement, mais parce que l'on se demande in petto pourquoi il fait une exception à la règle et pourquoi ce n'est pas un éditeur jeunesse qui s'en est chargé. Dans le cas du roman Les Secrets d'Andrus KIVIRÄHK, il se fait que son éditeur en France, le Tripode, a déjà publié nombre de ses ouvrages et qu'il lui a semblé évident de ne pas écarter ses textes pour la jeunesse.
Andrus KIVIRÄHK est un écrivain estonien, et plus précisément un conteur qui emporte ses lecteurs dans un réalisme magique qui débouche rapidement sur un monde merveilleux où prolifèrent des animaux parfois étranges, à la langue bien pendue. Il promène son humour et son ironie chez les petits comme chez les grands avec une facilité déconcertante.
L'Homme qui savait la langue des serpents l'a fait découvrir largement en France, plus particulièrement en 2014, année où il obtint le Grand Prix de l'Imaginaire du meilleur roman étranger.
Quel accueil fera-t-on à son dernier roman traduit par Jean-Pierre Minaudier et illustré par Clara Audureau ?
Pour le savoir, on peut estimer au départ que les indices sont assez maigres. En effet, les éditeurs jeunesse français (pas tous, mais la plupart), ont depuis de nombreuses années un goût prononcé pour les romans écrits de préférence au présent, plutôt à la première personne du singulier et avec des phrases parfois anorexiques, pour ne pas dire au bord de la cachexie. L'histoire doit être très morale, avec un fait de société médiatisé en guise de sujet principal et surtout, elle doit être racontée à hauteur d'enfant. Mais d'enfant en tranches : en tranches d'enfant de « 3-6 ans », de « 7-9 ans », de « 9-13 ans », de « grands ado » puis de « young adult ». Et, selon les éditeurs et leurs collections, elle doit osciller entre soixante et cent quarante pages. Et ne soyons pas dupes : si le livre est plus volumineux, c'est la mise en page avec 750 signes par page qui le grossit artificiellement. Ou alors, c'est qu'on est tombé sur un tome d'Harry Potter.
Dans Les Secrets d'Andrus KIVIRÄHK, on retrouve certains thèmes qui sont chers à leur auteur : la médication par l'imaginaire et ses effets secondaires potentiellement indésirables, la langue cryptée et une société animale qui flirte avec le bestiaire médiéval.
Sur la quatrième de couverture, voici ce qui est écrit :

« Dans la famille Jalakas, chacun emprunte un passage secret pour rejoindre son rêve en douce. le petit Siim se glisse sous la table et atterrit au pays des merveilles. Sa grande soeur, Sirli, prend l'ascenseur et grimpe jusqu'au pays des nuages. La mère passe par une porte cachée qui mène à son château royal. le père, quant à lui, sort par la porte arrière de sa voiture et déboule sur un stade gigantesque. En dehors de leur cachette, les membres de cette joyeuse famille mènent une vie tranquille. Mais il arrive que certains rêves prennent le pas sur la réalité, et alors plus rien ne tourne rond… »

Et l'on n'est pas déçu : ceux qui ont aimé Les contes de Ionesco y retrouveront une tendresse loufoque et un humour déjanté qui s'apparentent un peu à l'esprit d'Eugène — ou bien, pour citer des auteurs plus contemporains, à ceux de Roald Dahl, de Pierre Barrault ou d'Éric Chevillard, quoiqu'en moins baroque et plus foisonnant. Les illustrations, étonnantes et en cela conformes à l'ambiance de l'histoire, font penser aux illustrations d'Etienne Delessert ou de Josef Lada — dessinateur tchèque de la première moitié du XXe siècle.

C'est l'histoire d'une famille, donc, qui a du mal à supporter la réalité si elle ne peut pas lui échapper de temps en temps, puis de plus en plus souvent. Pour les enfants, rien de surprenant. Mais si, mi-amusé, mi-effaré, l'on observe bien les adultes, l'on peut mesurer la difficulté qu'il y a à vivre sans avoir assumé ses rêves de jeunesse. C'est l'histoire d'un père très moyen qui ne sait pas emmener son fils à la pêche, d'une mère qui n'est pas pressée de rentrer s'occuper de son foyer, d'un voisin acariâtre qui ne sait pas rêver alors qu'il est écrivain, d'un concierge cossard comme un loir, et c'est l'histoire de deux enfants qui vont apprendre à grandir malgré les faiblesses de leurs parents mais aussi grâce à elles.

Et c'est là toute la force d'Andrus KIVIRÄHK : nous plonger dans un monde de perdants magnifiques, nous entraîner dans leurs errances et leur folie douce avant de nous tirer vers le haut, afin de nous dire : «voyez comme les apparences sont trompeuses et comme tout change quand on accepte de changer de paradigme.

Lien : https://annadesandre.com/202..
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