Naomi Klein analyse les raisons qui, dans le capitalisme galopant, le mépris des enjeux écologiques, des travailleurs et des minorités ont ouvert la voie à l'élection de Trump. Comment il a profité de ce terrain pour soigneusement construire sa marque (une "marque creuse " à l'instar de Nike et consorts, "qui siphonnent les profits et apposent ensuite leur nom sur des services bons marchés ou inexistants"), préparant cette victoire qui s'assimile à un coup d'Etat des grandes entreprises. Son fonctionnement s'appuie sur la stratégie du choc, chaque désastre économique, écologique, sociétale ou guerrier jouant pour terroriser la population, la sidérer pour lui faire accepter l'inacceptable. L'idée est même sans doute que ce choc peut-être volontairement recherché, d'autant que les tout-puissants multimilliardaires qui prennent actuellement les décisions politiques ont toute capacité à s'en protéger, s'isolant dans des « zones vertes » s'opposant aux "zones rouges "du chaos.
Naomi Klein, au contraire, affirme que la rage monte .
Face aux crises, les sociétés ne régressent pas forcément, ne rendent pas toujours les armes. Il existe une autre voix face au péril : on peut choisir de se rassembler et de faire un saut évolutif.(...) Refuser de se laisser prendre à c es vieilles tactiques de choc éculées, refuser d'avoir peur, quelles que soient les épreuves.
Face à Trump il n'est plus temps pour l'attente, les atermoiements ou les querelles de chapelle:
« de toute évidence, il n'est plus temps de s'attaquer aux mesures politiques l'une après l'autre, il faut s'attaquer à la racine même de la culture qui les a produites."
Avec la participation d'organisations de tous bords faisant taire leurs divergences devant l' urgence(écologistes, syndicalistes, défenseurs des minorités, alter-mondialistes divers), elle participe à l'élaboration de "un bond vers l'avant", "manifeste en action", "projet vivant, en évolution, une sorte de chantier collaboratif", joint à la fin de l'ouvrage, dont les valeurs déclarées sont : "respect des droits des Autochtones, internationalisme, droits humains, diversité et développement durable".
Elle affirme que:
« les plates-formes populaires commencent à mener le jeu. Et les politiciens devront suivre. »
Après une première partie profondément déprimante, je me suis attachée (malheureusement sans trop d'illusions) à croire comme elle que l'utopie peut devenir réalité, et comme
Howard Zinn
"il importe peu de savoir qui est assis à la Maison-Blanche, ce qui importe, c'est qui fait des sit-in - dans les rues, dans les cafétérias, dans les lieux de pouvoir, dans les usines. Qui proteste, qui occupe des bureau et qui manifeste - voilà ce qui détermine le cours des choses."; je fais tout ce que je peux pour y croire (mais ce n'est quand même pas facile...).