Attends-moi
Si tu m'attends, je reviendrai,
Mais attends-moi très fort.
Attends, quand la pluie jaune
Apporte la tristesse,
Attends quand la neige tournoie,
Attends quand triomphe l'été
Attends quand le passé s'oublie
Et qu'on n'attend plus les autres.
Attends quand des pays lointains
Il ne viendra plus de courrier,
Attends, lorsque seront lassés
Ceux qui avec toi attendaient.
Si tu m'attends, je reviendrai.
Ne leur pardonne pas, à ceux
Qui vont trouver les mots pour dire
Qu'est venu le temps de l'oubli.
Et s'ils croient, mon fils et ma mère,
S'ils croient, que je ne suis plus,
Si les amis las de m'attendre
Viennent s'asseoir auprès du feu,
Et s'ils portent un toast funèbre
A la mémoire de mon âme...
Attends. Attends et avec eux
refuse de lever ton verre.
Si tu m'attends, je reviendrai
En dépit de toutes les morts.
Et qui ne m'a pas attendu
Peut bien dire : " C'est de la veine ".
Ceux qui ne m'ont pas attendu
D'où le comprendraient-ils, comment
En plein milieu du feu,
Ton attente
M'a sauvé.
Comment j'ai survécu, seuls toi et moi
Nous le saurons,
C'est bien simple, tu auras su m'attendre,
Comme personne.
(Constantin Simonov, 1941)
Attends-moi
Si tu m'attends, je reviendrai
Mais attends-moi très fort.
Attends, quand la pluie jaune
Apporte la tristesse,
Attends quand la neige tournoie,
Attends quand triomphe l'été
Attends quand le passé s'oublie
Et qu'on n'attend plus les autres.
жди меня и я вернусь,
только очень жди
жди, когда наводят груст
желтые дожди
жди когда снега метут
жди когда жара
жди когда других не ждут
позабыв вчера.
Dans la soirée du premier octobre, Klimovitch se trouvait au siège de l'état-major de la brigade, une isba de guingois et sale de l'extérieur, mais méticuleusement astiquée à l'intérieur car il était maniaque et aimait la propreté ; il lisait " Les nouvelles aventures du brave soldat Chveik" écrites par un humoriste du front. La plupart des combattants avaient plaisir à les lire mais lui ne les appréciait guère. Tant que les Allemands frappaient plus qu'ils n'étaient frappés, il estimait prématuré de se moquer d'eux.
Le premier jour de la guerre surprit complètement les Sintsov comme des milliers d'autres familles. Depuis longtemps tout le monde sans doute s'y attendait, et pourtant la guerre s'était abattue sur les têtes comme neige au printemps : comment serait-il possible de se préparer parfaitement à une telle calamité ?
(incipit)
Pendant six jours, ils endurèrent tout ce que peuvent endurer deux hommes armés, en uniforme, qui cherchent à rejoindre les leurs au milieu du camp ennemi. Ils souffrirent et le froid et la faim et la terreur de mourir. A plusieurs reprises, il sen fallut d'un cheveu qu'ils ne périssent ou qu'ils ne fussent pris. Ils avaient à vingt pas d'eux entendu parler allemand, cliqueter les armes allemandes, senti l'odeur du carburant allemand.