Pas simple de se dire, "ah ben là, je vais me faire un recueil de poésie!" Qui n'a pas de souvenirs atroces de mois entiers à étudier des classiques de la poésie française au lycée... Même les littéraires devraient admettre que pour la majorité d'entre nous, "Le Lac" par Lamartine ou "Nuit du Walpurgis Classique" de
Verlaine (ne me demandez pas comment je peux me souvenir de titres de poèmes étudiés il y a une vingtaine d'années et don le contenu a complètement disparu de mon petit cerveau) reste un noeud terrifiant de rimes, rythmes et pieds traduisant des images obscures de sentiments pas plus clairs.
Tout ça pour en arriver au fait: si je vais me lancer dans la lecture d'un recueil de poésie, il va être contemporain (ou vraiment pas loin), pas inutilement alambiqué, et de préférence court et original.
Ce qui est le cas de cette petite merveille de correspondance par poème entre
Ted Kooser et son ami, bien plus connu que lui, du moins en France,
Jim Harrison.
Correspondance? Comme l'indique le petit "blurb" au dos du livre, les deux hommes s'écrivent depuis des années et glissent quelques poèmes dans leurs lettres. Et ce, jusqu'à ce Kooser tombe malade et les échanges se réduisent presque uniquement aux poèmes.
Ce qui est absolument génial, c'est qu'on ne sait pas qui a écrit quoi, on ne sait pas non plus si les poèmes ont été réorganisés, et que certains thèmes, images ou "protagonistes" sont récurrents.
Parmi mes thèmes préférés, vieillir avec humour, toujours, notamment à travers les
femmes, quelques références aux chiens, compagnons drôles et tendres, mais aussi à des colocataires inattendus, comme la maman serpent (maman, j'en sais rien en fait) qui passe du placard sous l'évier au tas de vêtements où, tel un chien, elle s'installe confortablement, ou divers animaux sauvages faisant écho aux humeurs des deux amis... et toujours la nature, décrite avec subtilité et amour. Des petits cours de pinceau entre deux syllabes qui ajoutent à la poésie, aux courts poèmes, qui ne font pas moins de deux vers ni plus de quatre, chaque vers lui-même très court. Extraordinaire de finesse.
Malheureusement pas traduit en français, mais heureusement très accessible en anglais! Rien de compliqué dans le mot, et des images qui parlent pour elles-mêmes... à mettre (je crois que je finis toutes mes critiques comme ça, va falloir trouver une alternative...) entre toutes les mains!