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Voici un livre que j'ai adoré. Pourtant, au début, j'ai eu du mal à entrer dedans avec sa forme narrative particulière.
Kourouma raconte, dans un ton très ironique, à l'aide de situations souvent ubuesques, la tragédie historique continue que rencontre le continent africain.
Il narre les péripéties magiques et politiques d'un dicateur / président d'un pays imaginaire.
Les potentats qu'il décrit ont tous le désir de domination d'une classe sur une autre.
Le personnage principal concentre d'ailleurs l'intégralité des stéréotypes du tyran africain; il est un monstre d'avidité, de pouvoir, de gloire, de sang, ...
Mais Korouma, en se servant de l'histoire politique de l'Afrique, la modifie pour la faire converger vers son récit "imaginaire".
Et il nous fait découvir une galerie de collègues "dictateur", plus monstrueux les uns que les autres.
Si on connaît un peu l'Afrique, on pourra y reconnaître Bokassa, Mobutu,, Hassan II, Sekou Touré ...
Mais sinon, cela ne porte pas préjudice à la lecture.
Un livre remarquable qui doit donner le désir aux Africains de vivre de manière pérenne dans une Démocratie en oubliant les réflexes mortifères.
Furieusement d'actualité




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Un roman qui a un style particulier, oscillant entre le conte oral et la biographie romancée. Un bilan d'une carrière certes imaginaire mais tellement vraie qu'elle reflète celle des dictateurs d'Afrique de l'Ouest. Cette critique acerbe n'est pas uniquement celle de ces régimes mais également des pays colonisateurs, des traditions et des mythes, d'une société et de ses valeurs.
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Amadou Kourouma nous offre un roman admirable sur plusieurs points, mais la lecture n'en est pas toujours facile.
Admirable par l'originalité de la narration avec ce concept de récit de griot en 6 veillées, qui chante les louanges du président dictateur Koyaga, tout en détaillant les abus auxquels lui et ses proches se sont abonnés.

Admirable aussi en tant que fresque historique qui nous replonge dans les intrigues de la colonisation, la periode des indépendances, de la guerre froide et de la françafrique. L'auteur nous présente donc , sous des noms d'emprunts, les dictateurs du Togo, du Maroc, de la Centrafrique, de la Côte D'Ivoire et de la RDC. Un rappel de l'immense cruauté et de la cupidité sans borne des colons et des pantins qu'ils ont mis au pouvoir est toujours utile, pour ne pas oublier ou banaliser le drame de cette époque pour les peuples colonisés.

Mais c'est justement là que la lecture se complique pour moi. En entrant dans les détails des pratiques de ces 4 dictateurs pour se maintenir au pouvoir en terrorisant les opposants, l'auteur nous assome de description de tortures,de meurtres et de toutes sortes de vices. Cela en devient éprouvant, car on ne peut s'empêcher d'être en colère contre l'absurdité tragique de ces dictatures et de l'immense souffrance des populations. C'est sûrement un but de l'auteur, nous plonger la tête la première dans la folie d'une poignée d'hommes africains et occidentaux , qui ont détruit tout espoir pour les générations à venir.

Voilà une lecture qui m'a secoué et m'a appris des choses sur ces périodes sombres, dans un style unique mais quand même un poil trop long à mon goût, j'ai dû m'accrocher pour le terminer.



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Un livre passionnant qui nous fait plonger en plein coeur de l'Afrique au sein d'un régime dictatorial. Une vaste épopée que ce roman d'Ahmadou Kourouma qui retrace la vie d'un dictateur africain, de sa naissance à son règne en passant par sa prise de pouvoir, la vie de ses parents et de certains de ses conseillers.
Une fresque très imagée, de par la présence de nombreux proverbes africains, servie par une langue foisonnante. La magie et la sorcellerie, le culte des ancêtres sont omniprésents.
Ahmadou Kourouma dresse un triste mais réaliste portrait des relations de ce continent avec les pays occidentaux, de la colonisation aux soutiens de dictateurs mis en place et courtisés sur fond de guerre froide et de lutte anti-communiste. L'histoire contemporaine récente nous montre encore aujourd'hui que l'instrumentalisation de l'Afrique sur fond de sphères d'influence reste malheureusement d'actualité.
L'auteur s'inspire de personnalités, de chefs d'état ayant vraiment existé pour décrire les différents protagonistes rencontrés par Koyaga lors de son voyage initiatique.
Roman instructif, coloré, jubilatoire par instants, à lire bien sûr.
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Ce livre narre la cérémonie purificatoire du dictateur Koyoga qui a pris la tête de la République du Golfe.
J'ai tout d'abord apprécié la description des traditions orales avec ces 6 veillées menées par Bingo, un "Sora" poète récitant qui fait la louange du dictateur et s'accompagne d'une cora, sorte de harpe africaine. Il y a aussi un autre homme pour l'accompagner : un "répondeur" , son apprenti.
Ils chantent et dansent ces récits de chasse appelés "donsomana" en malinké.
J'ai également apprécié l'ironie avec laquelle le roman restitue les différents événements historiques, guerres mondiales, guerre froide, guerres du Vietnam et d'Algérie, la décolonisation auxquels est liée l'histoire de ce dictateur. le récit de la tournée initiatique auprès des grands dictateurs du continent est tristement irrésistible.
Un bon moment de lecture.
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Conte fantastique? Chronique historique et politique de l'Afrique du temps d'une décolonisation progressive (et encore là malheureusement).

Oeuvre racontée comme si nous étions du côté des dictateurs… Ces dictateurs déshumanisés et qui sont, en fait, des bêtes sauvages sanguinaires qui se croient eux-mêmes investie de cette mission.

« Dans l'ethnie du chef traître prévaut le matriarcat; un fils n'appartient pas à son père, le père est un vulgaire géniteur; l'enfant appartient à sa mère, à la famille de sa mère » (…) « Le marabout est considéré comme l'inspirateur de la maman » (…) « les devins et les marabouts avaient fait croire qu'ils étaient prédestinés à devenir président à vie ».

J'ai préféré, et de beaucoup, son roman « Allah n'est pas obligé ».
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Avec force humour et ironie l'auteur se livre à une sévère critique des régimes d'Afrique Equatoriale francophone de la seconde moitié du 20e siècle et de leurs soutiens.

Si le personnage principal est inspiré du dictateur togolais Gnassingbé Eyadema, on y croise aussi longuement les avatars des "légendaires" satrapes Félix, Joseph-Désiré, Jean-Bedel ou Hassan qui, sous couverts d'anticommunisme, ont profité de la mansuétude des pays occidentaux pour piller leurs pays et asservir leurs peuples. La fin de la Guerre Froide, en leur ôtant leur alibi, entraînera leurs chutes en cascade.

Un roman très dense qui traite avec talent et un ton corrosif d'un sujet difficile.
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"En attendant le vote des bêtes sauvages" est un très grand roman au sujet du postcolonialsime d'un auteur qui connaissait vraiment bien le sujet. Né en Côte d'Ivoire, Kourama a vécu à différents moments au Togo, au Cameroun, et en Algérie. Pendant la guerre d'Indochine il a servi dans l'armée française. La grande qualité du roman ne vient pas du fait qu'il critique le colonialisme francais et les régimes qui l'ont suivi; le point fort est plutôt la richesse des détails avec lesquels Kourama explique les dérapages.
En plus, "En attendant le vote des bêtes sauvages" est très bien écrit et richement comique. Tantôt avec son protagoniste-dictateur il fait penser à "l'Automne de patriarche" de Gabriel Marquez; tantôt avec son périple fou à travers l'histoire de l'Afrique française, il fait penser à "Candide" De Voltaire. Cependant, même dans les passages les comiques et les plus fantaisistes le narrative est toujours bien ancré dans la réalité.
L'argument est très simple. le régime colonial a fait énormément du mal parce qu'il exploitait les africaines économiquement et parce qu'il recourait à des expédients au lieu de créer des institutions solide. Finalement les francais ont très mal choisi les chefs qu'ils ont installé quand ils sont partis pendant les années 1950. La première génération des dictateurs avaient fait des études en France mais ils n'avaient pas d'expérience dans la gestion d'état et en plus ils n'avaient pas d'alliés chez les chefs traditionnels de tribus traditionnels.
La deuxième génération de dictateurs qui renversait les premiers dictateurs venaient des couches les plus primitives de la société africaine. Koyaga le protagoniste du roman est issue d'un tribut que l'auteur qualifie d "paléonigritiques" et emploie les mêmes méthodes d'un chef fétichiste. Pourtant, à sa manière Koyaga est très compétent. Doué d'un grand charisme il réussit à recruter des acolytes, sycophantes et idéologues en plus de forger des alliances avec les chefs traditionnelles. Malheureusement, Koyaga n'a pas les aptitudes qui lui permettrait de survivre à ce qui va arriver à la fin du vingtième siècle. L'économie du son pays qui est basé sur l'exportation des produits agricoles tombe en ruines quand les prix agricoles. Parce que la Guerre froide s'est terminé Koyaga ne peut plus obtenir de l'aide financier en jouant les Américains contre les Russes. Son régime tombe.
De nos jours on enseigne "En attendant le vote des bêtes sauvages" aux universités et on a besoin d'une édition étudiante avec des dossiers qui expliquent l'histoire et la décrivent les ethnies de la région. L'édition que j'ai lue n'avait rien pour aider le lecteur nord-américain avec un texte qui décrivent une société qui lui est profondément étranger.
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Désolé mais je n'ai pas pu lire ce livre. Certes il dénonce tous les malheurs de l'Afrique, qu'ils soient dûs à la colonisation ou à l'incurie de certains dirigeants.
L'auteur essaie de nous faire croire que tout est de la faute des ex-colonisateurs, un peu trop à mon goût. Certes les colons ont été cruels, certes ils ont placé des pantins au pouvoir pour continuer à tirer les ficelles, mais tous les despotes ne sont pas des créatures de l'occident. Idi Amin Dada ou Samuel Doe ont fait partie des pires et n'avaient pas été installé par les européens.
De plus, je n'ai pas aimé le style, un récit écrit, tel qu'il serait raconté par un griot, n'est pas du tout agréable à lire. J'ai insisté, mais j'ai craqué avant la moitié.
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Dans le fond, c'est un roman très intéressant ne serait-ce que pour l'aspect historique qu'il met en lumière. On voyage dans des contrées africaines, on découvre des moeurs peu connues (même pour quelqu'un ayant grandi en Afrique de l'ouest) et la place de la magie dans tous ces destins croisés est fascinante.
Mais dans la forme.... c'est dur à lire. Personnellement j'ai trouvé le style très lourd, ça m'a souvent fait décrocher et a un peu atténué mon plaisir de lire.
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