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Arnaud Rafaelian (Illustrateur)
EAN : 9791035824112
256 pages
Belin Education (04/10/2023)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Pour forger ses choix et agir de façon éclairée face aux défis environnementaux, sanitaires et scientifiques actuels, chaque citoyen a besoin de comprendre le monde vivant dans toute sa. complexité. À son échelle, cet ouvrage a pour objectif de l’y aider en déconstruisant 36 métaphores et expressions courantes qui véhiculent des conceptions erronées du vivant.

Ces métaphores et expressions concernent les écosystèmes, la biodiversité, l’évolution du vi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dans cet ouvrage aux illustrations humoristiques percutantes, les auteurs s'attachent à démanteler 36 métaphores utilisées classiquement pour parler du vivant. Souvent, ce ne sont pas vraiment des métaphores, mais des expressions idiomatiques voire des abus de langage. A travers six chapitres dédiés aux écosystèmes, à la biodiversité, à l'évolution, à l'espèce humaine, au fonctionnement de l'organisme et aux gènes, sont passés en revue différents biais philosophiques associés à des métaphores courantes en sciences de la vie. Anthropomorphisme, essentialisme, finalisme, idéalisme, réductionnisme… Autant d'écueils vers lesquels il est facile de verser quand on tente de comprendre et d'expliquer le vivant.

L'approche de cet ouvrage, intéressante d'un point de vue épistémologique, replace chacune des métaphores ciblées dans le contexte de l'époque qui les a vu naître. L'état de l'art au moment de leur émergence, les croyances en vogue, les systèmes sociopolitiques en place, les propres disciplines, convictions ou intentions même de ceux qui les ont imaginées, ont contribué à donner une coloration à ces images porteuses de sens. À la lumière des savoirs actuels, ce sens s'écarte bien souvent de la réalité des faits scientifiques. Les auteurs proposent alors une alternative, quand cela est possible… ou condamnent tout simplement.

Alors oui, parfois le ton est un peu péremptoire, moralisateur, péchant peut-être par excès de rigueur, même si l'intention est toujours louable. Je me suis demandé à quel public s'adressait ce livre. Il est à conseiller aux enseignants et aux porteurs de savoirs vulgarisés, probablement moins au lecteur lambda, qui pourra être rebuté par l'exigence intellectuelle, certaines répétitions et injonctions. En tant que chercheur impliqué dans l'enseignement universitaire et la médiation scientifique, j'ai apprécié cette lecture qui permet de s'interroger sur la manière dont il est possible de transmettre des notions complexes du vivant en sortant des carcans des habitudes et de l'imagerie collective historique.

Pour autant, je reste moins arcbouté que les auteurs sur certaines positions. Il est notamment critiqué l'usage de concepts ou termes issus des sciences économiques ou informatiques par exemple, mais n'oublions pas que les mouvements transdisciplinaires, même s'ils véhiculent des concepts parfois impropres en biologie, ont contribué à faire avancer de nombreux fronts de science. Les sciences du vivant ne doivent pas rester consanguines (tiens, une métaphore !). le propre d'une métaphore scientifique est de rendre accessible un savoir aux profanes, mais aussi d'appréhender une question ou un concept à travers un prisme différent. C'est faire un pas de côté, parfois au détriment de l'exactitude scientifique, parfois aussi en faveur de la créativité ou même de la sérendipité. Fritz Khan n'a pas complètement tort : une métaphore, « eh bien, c'est faux, mais compréhensible. » Pour autant, je suis d'accord avec les auteurs, il existe des métaphores meilleures que d'autres. Mais le choix d'une métaphore dépend aussi en grande partie du public auquel elle s'adresse. Pour terminer, juste un mot sur ce titre, « Démystifier le vivant », qui laisse entendre l'existence de volontés mystificatrices. Certes, des conspirateurs, des mystificateurs, il y en a toujours eu. Mais de nombreuses métaphores évoquées dans cet ouvrage n'ont jamais caché de telles volontés. Elles ont juste été élaborées avec « les moyens du bord », à une époque donnée, dans un environnement donné. Alors dans un siècle, quel regard porteront les scientifiques sur nos métaphores modernes ?
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Au fil des pages, le lecteur est incité à prendre du recul et à remettre en question ces métaphores, en les décortiquant pour révéler leur impact sur notre compréhension du vivant.

L'ouvrage plonge profondément dans les notions fondamentales telles que les écosystèmes, la biodiversité, l'évolution, l'espèce humaine, les gènes et le fonctionnement des organismes. Les auteurs aident le lecteur à remettre en question des expressions telles que "Les forêts, poumons verts de la planète", "sexe fort, sexe faible", "gène égoïste", démontrant comment elles peuvent simplifier à l'excès des réalités biologiques complexes. Ils permettent au lecteur de déconstruire ces métaphores et de saisir la richesse, mais également la diversité du vivant dans toute leur complexité.

L'originalité de l'ouvrage réside également dans l'approche adoptée pour aborder ces métaphores. La touche humoristique d'Arnaud Rafaelian apporte une dimension visuelle et ludique à l'essai. Ses dessins uniques, combinant une esthétique distinctive à un humour subtil, qui sont de précieux alliés pour éclairer les concepts abordés d'une manière engageante et mémorable.

Un aspect notable de cet ouvrage et son aptitude à rendre la compréhension des enjeux écologiques actuels plus accessible sans plonger le lecteur dans l'éco-anxiété ou la climato-anxiété. Les auteurs parviennent à sensibiliser le lecteur aux défis environnementaux pressants tout en conservant un ton optimiste et pédagogique.

Ce livre est véritablement un incontournable pour tous ceux qui s'intéressent aux sciences de la vie, à la biologie, à l'écologie, et à la philosophie des sciences. Il nous pousse à réfléchir aux mots que nous utilisons pour décrire le monde naturel qui nous entoure, nous rappelant que les métaphores sont de puissants outils conceptuels à manier avec précaution.

A la fois éducatif et divertissant, cet ouvrage, nous aide à mieux comprendre le vivant, tout en nous encourageant à réfléchir de manière critique notre langage ainsi que notre compréhension du monde naturel.
Lien : https://lescoupsdecoeurdecme..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
De manière générale, les métaphores établissent des liens entre nos concepts et notre environnement, entre soi et les autres, elles décrivent notre vision de la réalité, en pratiquant la superposition ou la correspondance des formes, des relations, des propriétés, des processus. C'est l'adéquation de cette superposition qui fait sa puissance, et non l'explication de l'objet lui-même. La métaphore est donc une figure de style fondée sur une analogie implicite: elle désigne une chose par une autre, de nature ou de domaine différent, sans expliciter les points de similitude: elle se laisse deviner.
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On pourrait dire : Australopithecus afarensis, notre lointain cousin. La métaphore du cousinage est moins fausse que celle de l'ancêtre. Elle renvoie au fait qu'un cousin est un collatéral, pas un ascendant. Le nom d'espèce évite de personnifier le fossile. "Australopithecus afarensis, notre lointain parent" serait une expression risquée. En effet, dans la langue française, il existe deux sens au terme "parent". Soit il désigne quelqu'un d'apparenté (sans signifier le degré de parenté), soit il désigne l'ascendance directe ("mes parents").
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Les métaphores scientifiques sont utiles pour dire et réussir à comprendre ce qui n'est pas encore connu. Comme l'explique la physicienne et philosophe des sciences Evelyne Fox Keller (née en 1936): "Pour parvenir à expliquer leurs efforts quotidiens, ils [les scientifiques] doivent inventer de nouveaux mots, expressions ou formes de langage qui puissent indiquer ou souligner des phénomènes qui n'ont pas de descripteurs littéraux. [...] La souplesse du langage figuré est indispensable.
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Sur le plan pédagogique et didactique, l'usage des analogies organes-machines est très discutable et doit être manié avec ménagement : on peut y avoir recours en première approximation pour fournir une représentation simplifiée de phénomènes complexes à condition d'engager ensuite systématiquement une réflexion critique sur leurs limites et leur inexactitude.
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Le dernier problème posé par la métaphore du "poumon vert" porte sur une difficulté à envisager les processus biologiques et géologiques sur un temps long: 99%du dioxygène que les êtres vivants respirent aujourd'hui ne provient pas des forêts actuelles, ni même d'ailleurs du phytoplancton de nos océans (l'autre "poumon de la planète").
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