Les 3 tomes de cette trilogie sont assez inégaux dans les émotions qu'ils procurent.
J'ai ressenti un vrai coup de coeur pour le 1er tome où l'on suit les deux frères à leur arrivée chez la grand-mère, la création de leur cahier qui leur sert d'échappatoire, leur étonnante force de caractère qui leur permet de faire face aux pires situations et même de s'en accomoder, leur survie ensemble et contre tous.
Le style est particulièrement épuré. Seuls les faits sont transcrits. L'émotion nous provient justement de cette absence d'émotion qui permet toutes les interprétations en fonction de sa sensibilité et de son imaginaire.
Le 2ème tome est selon moi beaucoup plus glauque, ce qui a quasiment entraîné un abandon. J'ai dû poser le livre un certain temps avant de le reprendre plusieurs jours plus tard, poussée par la curiosité et la peur de passer à côté d'un autre coup de coeur.
Ce coup de coeur n'est pas venu.
L'atmosphère de ce 2e tome est assez plombé. L'un des deux frères, Claus, a traversé la frontière, laissant l'autre dans ce quotidien fait de misère et de solitude. La guerre est omniprésente dans l'ensemble de l'oeuvre mais un peu comme un personnage secondaire : on sait qu'elle est là, elle fait partie du décor, mais ne semble pas être déterminante dans le cours de l'histoire.
Lucas apprend à vivre seul, il se lie avec une femme, avec le prêtre etc...
Le 3ème tome est celui de tous les dénouements : où est passé ce frère qui a traversé la frontière ? Les deux frères vont-ils pouvoir se retrouver ? de quoi sera fait leur quotidien ?
Ce final est assez surprenant et c'est cela qui montre le grand talent d'
Agota Kristof : avoir su mener son histoire, mot après mot, sans que le lecteur puisse se douter un instant de la réalité des choses.