Un livre intéressant pour celui qui s'intéresse à l'empire Ottomans.
Toutefois, j'ai eu un peu de mal à me lancer, j'ai trouvé les cinquante premières pages fastidieuses à lire. le livre débute sur le pèlerinage de la Brocquère sur les lieux saints du proche Orient, il nous décrit son itinéraire étape par étape avec chacun des lieux de pèlerinage qu'il traque de la Jordanie actuelle à la bande de Gaza. Pas de grandes anecdotes à se mettre sous la dent ni de rebondissements, juste une succession de noms propres et de descriptions d'églises et d'artefacts sacrés sans trop d'intérêt... Tout ça pour dire que j'ai faillis abandonner le livre avant que La Brocquère ne nous fasse rentrer dans le vif du sujet : La collecte d'information pour le compte de Phillipe le Bon.
Le livre commence réellement au départ de Damas ou notre espion intercepte une caravane qui va en direction du Nord (Bursa si je me souviens bien) il nous fait donc partager au cours de sa route les divers informations qu'il a tâche de transmettre à son seigneur, et non sans risques puisque à cette époque les francs/européens ne sont pas les bienvenue en Orient et ça se sent. L'hostilité vis à vis des chrétiens ajouté à la crise traversée par le monde orientale suite aux incursions de Tamerlan combinés à la conjoncture économique et à la peste qui a frappée la région trente ans plus tôt. Tout ceci dépeignant un Orient ou il ne fait pas bon vivre. Bref, ce voyage était loin d'une promenade de santé pour La Brocquère qui plus d'une fois est soupçonné d'espionnage et frôle l'exécution ou se trouve extorqué par des brigands.
Quant à la collecte, nous verrons par exemple le Constantinople d'avant prise, la cour du Sultan Mourrad II et ses protocoles ou bien une description des techniques de guerre ottomane entre autre.
Il nous livre malgré tout les risques une belle chronique historique à défaut d'un rapport classé secret qui ne servira jamais à Philippe le Bon puisqu'il ne fera jamais de croisade étant lui-même pris par les affaires secouant l'Occident (Guerre de Cent ans).
Pour la forme du texte, ce n'est pas un roman bien sur, ce n'est pas toujours agréable à lire. Beaucoup de doublon de page ou de longues descriptions superflues que les traducteurs ont choisi de laisser pour ne pas trahir l'authenticité. Mis à part ça le texte est clair, de plus Il y'a un grand travail de recherche que nous voyons à travers les notes de bas de page.
Pour finir, je conseillerai ce livre à un étudiant ou à un passionné d'Histoire de l'Orient "seulement".
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Les Turcs ne sont pas , à mon sens, tant à craindre ni à redouter que je l'ai autrefois entendu dire et que je l'aurais pensé, bien que je ne veuille pas les blâmer car je les ai trouvés sincères et loyaux. Je crois, et cela est visible, que là où ils se sont trouvés, ils ont agi avec courage jusqu'ici. Mais il me semble que des personnes bien dirigées n'auraient ni mal ni difficulté à les battre et à les mettre en déroute, vu qu'ils sont désarmés. Il me semble que j'oserais bien les combattre avec la moitié, voir moins d'hommes qu'eux, à condition qu'il y eût un prince bien obéi et qu'il voulût agir en suivant l'avis de ceux qui connaissent leur manière de faire la guerre.
Je rencontrai dans la ville de Larende un noble chypriote du nom de Lyachin Castrico, et un autre dénommé Léonce Machéras; ils parlaient assez bien français. Ils me demandèrent qui j'étais et comment j'étais arrivé là. Je leur répondis que j'étais au service de monseigneur le duc de Bourgogne et que j'étais parti de Jérusalem et Damas avec la caravane; ils furent bien étonnés que j'eusse pu passer jusque là. Ils me demandèrent où je voulais aller. Je leur répondis que je m'en aller en France vers mon seigneur par voie de terre. Ils me dirent que ce serait là chose impossible et que, si j'avais mille vies, je les aurais perdues avant d'y parvenir.
De ce moment, je suis resté plus proche d'eux (turcs) que je ne l'avais été. Ce sont des personnes très charitables les unes envers les autres, et leur foi est solide. J'ai souvent observé que lorsque nous mangions, s'il passait un pauvre près d'eux, ils le faisaient venir manger avec nous, ce que nous ne ferions pas.[...]
Les Turcs sont gais, joyeux et chantent volontiers des chansons de geste; celui qui veut vivre avec eux ne doit pas être soucieux ni mélancolique, mais il lui faut être avenant.
Ce sont des hommes (turcs) très obéissants à leur seigneur et il n'est personne, si haut placé soit-il, qui, même au prix de sa vie, n'oserait enfreindre son commandement. Je crois que c'est une des choses qui lui a permis de faire des grandes actions et d'importantes conquêtes guerrières, et le territoire qu'il a ainsi gagné est beaucoup plus vaste que ne l'est le royaume de France, ce qui est bien malheureux à voir.