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EAN : 9781101981092
400 pages
Penguin Books Ltd. (03/04/2018)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Marina Willett, M.D., has a problem. Her husband, Charlie, has become obsessed with H.P. Lovecraft, in particular with one episode in the legendary horror writer's life: In the summer of 1934, the "old gent" lived for two months with a gay teenage fan named Robert Barlow, at Barlow's family home in central Florida. What were the two of them up to? Were they friends--or something more? Just when Charlie thinks he's solved the puzzle, a new scandal erupts, and he disa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il est toujours intéressant de découvrir un nouvel auteur. En l'occurrence l'américain Paul La Farge (1970-2023) qui vient de mourir d'un cancer. Né à New York, il est diplômé de Yale University, à New Have, Connecticut. Son premier roman « The Artist of the Missing » (1999, Farrar, Straus & Giroux, 256 p.) est illustré par 11 images surréalistes réalisées par l'artiste cubiste Stephen Alcorn. Un jeune artiste, Frank, débarque dans une grande ville avec l'espoir de découvrir le mystère de la disparition de ses parents. A la morgue, il rencontre Prudence, qui par ses photos révèlent les secrets des morts. Puis, Prudence disparaît à son tour. Son deuxième roman « Haussmann, or the Distinction » (2001, Farrar, Straus & Giroux, 396 p.) examine le travail, connu, et la part d'ombre qui l'entoure du Baron Georges-Eugène Haussmann (1809-1891), urbaniste qui a redessiné Paris, entre autres villes. Ce ne serait que la traduction d'un texte obscur en français, écrit en 1880 par un métaphysicien minimaliste oublié Paul Poissel (1848-1921) si l'on en croit le véritable auteur de la postface, Paul La Farge.
Enfin, en 2018, La Farge publie « The Night Ocean » (2018, Penguin Press, 400 p.) un roman sur un médecin enquêtant sur la relation entre l'écrivain Howard Phillips Lovecraft et Robert Hayward Barlow. Entre temps, il écrit l'introduction de l'édition anglaise de « Moravagine » de Blaise Cendrars traduit par Alan Brown (2004, New York Review of Books Classics, 256 p.). Ce qui n'est pas rien.
Il est également l'auteur de nombreuses novelles, parues, notamment dans « The Village Voice » et dans « The Believer ». Il est à noter que le site de cette revue s'ouvre sur 6 nouvelles, en hommage à sa disparition. Enfin, son livre inclassable « The Facts of Winter » (2005, McSweeney's, 160 p.) est censé être un recueil de poèmes oniriques traduits par l'auteur français fictif Paul Poissel.

« The Night Ocean » est donc inspiré par Howard Phillips Lovecraft (1890-1937) un écrivain américain connu pour ses récits fantastiques, d'horreur et de science-fiction. On connait Lovecraft pour le mythe qu'il a créé, le « mythe de Cthulhu », un vaste « cycle de folklore synthétique ». « L'Appel de Cthulhu » écrit en 1928, (1900, Robert Laffont Bouquins, 1230 p.) est le point de départ du Mythe, repris ensuite par d'autres auteurs comme repris et développé par d'autres, parmi lesquels August Derleth « Légendes du mythe de Cthulhu » (1975, Christian Bourgois, 410 p.) ou Robert E. Howard avec son personnage de Conan, traduction de Anne Zribi (1980, J.C. Lattès, 248 p.). C'est un reflet du monde réel, mais avec des entités extraterrestres, qui cherchent à rétablir leur ancienne domination sur la terre.
C'est à cette époque qu'il publie la quasi-totalité de ses écrits les plus connus grâce à la revue « Weird Tales », comme « L'Affaire Charles Dexter Ward » et « Les Montagnes hallucinées », regroupés dans les 7 tomes de ses oeuvres complètes (2022, Editions Mnénos, environ 2000 p.).
Lovecraft meurt du cancer à 80 ans dans sa maison de Providence, Rhode Island. le devenir des droits littéraires de Lovecraft est sujet à contestations. Il avait de nombreux protégés, tous jeunes. Lovecraft avait précisé que le jeune R. H. Barlow, l'un de ces protégés, devait être son exécuteur littéraire mais ceci n'a pas été mentionné dans son testament. Sa tante s'est néanmoins occupée de ce point et Barlow reçut effectivement la charge de l'héritage littéraire global à la mort Lovecraft. Lovecraft, alors âgé de 43 ans avait rencontré Barlow, 16 ans, un étudiant féru en culture mexicaine. « The Night Ocean » serait une de ses nouvelles, écrite avec Barlow.
Paul La Farge nous narre l'histoire de Charlie Willett, un journaliste de « The Village Voice », et aussi un fan de Lovecraft, essaie de résoudre l'énigme de la fin du « vieil homme ». le tout sous le contrôle de sa femme, Marina Willett, psychiatre. En effet Lovecraft et Barlow, homosexuel assumé, ont vécu ensemble pendant deux mois en 1935 dans la maison familiale de Barlow. Se pose la question de leurs relations, platoniques ou non. Charlie pense avoir résolu cette énigme, mais il disparait soudain. La police parle de suicide, mais Marina ne le croit pas.
Après avoir subi du chantage à la mort de Lovecraft, Barlow part au Mexique et devient féru de culture maya. Par contre, lorsque le scandale de l'homosexualité de Lovecraft éclate, il se suicide. Un de ses étudiant était William S. Burroughs, venu au Mexique avec sa femme Joan Vollmer, pour échapper aux accusations de drogue en Louisiane. Au printemps 1950, Burroughs suivit un cours sur les codex mayas avec le professeur Barlow. La culture maya apparaît d'ailleurs dans ses romans de Burroughs comme « La Machine Molle » (1994, Christian Bourgois, 484 p.) traduit de « The Soft Machine » où le narrateur affiche sa « connaissance des Mayas, de leur archéologie et du sens secret du motif à mille-pattes »
WS Burroughs aurait eu connaissance d'un cahier secret intitulé « Erotonomicon » et journal intime de Lovecraft détaillerait la vie sexuelle de Lovecraft, en particulier sa liaison avec un jeune fan masculin. Pensant avoir la clé de l'énigme, Charlie Willett, passionné par les conspirations, tombe sur le volume en 2006.
Il existe bien un « Inkorn's Erotonomicon » sous-titré « An Advanced Sexual Vocabulary for Verbivores and Vulgarians » de Paul Convery (2012, Matador, 272 p.). L'ouvrage se présente comme une étude lexicographique unique de l'amour et de la luxure dans toutes ses dimensions : érotique, sociologique, somatologique et sexologique. Il comporte des entrées sélectionnées à partir d'un corpus de 25 000 mots sélectionnés à partir de plus de 300 ouvrages de référence et monographies. Sachant que la découverte de cet ouvrage bien avant sa parution, on peut se poser la question de savoir quelle confiance on peut porter pour ce qui pourrait être une construction a posteriori. Un faux de faux. On note tout de même la ressemblance avec le « Nécronomicon », un ouvrage fictif du mythe de Cthulhu inventé par HP Lovecraft. Cet ouvrage, d'un auteur fictionnel Abdul al-Hazred, ayant soit-disant vécu vers 730, ainsi que les vers d'introduction « N'est pas mort ce qui à jamais dort, / Et dans les ères peut mourir même la Mort », sont tout autant des fictions. Les canulars qui suivent font références à des livres inexistants à la vente. de même que ses sources, uniquement là pour donner plus de crédibilité à la fiction. Il existe un coffret « The Necromicon » en 5 volumes de plus d'un kilo (2021, Arcturus, un petit millier de pages). L'édition qui rencontra le plus de succès reste le « Necronomicon Simon », du nom de son éditeur littéraire, pseudonyme d'un évêque orthodoxe, traduit par Philippe Touboul, est toujours rééditée (2022, Bragelone, 888 p.). Cela fait toujours quelques arbres en moins et quelques écus en plus.
Comme on le constate, le synopsis est assez embrouillé, et il vaut mieux connaitre plus ou moins la véritable base pour comprendre l'histoire. En fait, c'est un auteur qui écrit sur une personne qui elle-même écrit sur une autre qui n'a pas forcément existé en tant que telle. C'est le cas dans « The Night Ocean », tout comme c'était déjà le cas pour le Baron Haussmann. On ne s'étonne donc pas que Paul La Farge ait écrit la préface de « Moravagine » de Blaise Cendrars, qui relève du même procédé. Jeux doubles de miroirs doubles. « La pire erreur que vous puissiez commettre est de voir une autre personne à travers l'objectif de vos préjugés. La deuxième pire erreur est de penser que vous ne regardez pas à travers l'objectif de vos préjugés ».
Existe-t-il une morale ou une conclusion à tire de ce double jeu de dupes. « Pour voir quelque chose, il fallait être à l'extérieur, mais quand on était à l'extérieur, on ne pouvait pas le voir pour ce qu'il était ». Y voir une analyse psychologique de la signification des relations, amoureuses ou homosexuelles, entre personnes, et plus généralement pour l'humanité. Cela ressemble fort à du jus de crane de psychologue en mal d'idées de recherches. Certes, le fait que Charlie soit, ou se soit évadé, d'un établissement psychiatrique, que sa femme Marina soit également dans la profession devrait mettre sur la piste. Charlie s'évade pour se suicider, encore que… D'où la notion de « pseuicide », qui aurait simulé sa mort, lui ouvrant alors une vie plus sereine que celle de l'hôpital. « Apprendre la vérité. . . m'a poussé plus loin dans le désespoir, mais, étrangement, le désespoir m'a rapproché de la révélation ».
Alors pourquoi avoir choisi HP Lovecraft comme personnage principal de l'histoire. Deux possibilités. C'est un auteur de science-fiction, reconnu à l'époque, à une époque, d'ailleurs où cette discipline était peu courante. « Je me demande si les histoires sont notre façon de prendre ces humains imparfaits avec lesquels nous sommes coincés sur Terre et d'en faire des gens qui nous aiment et que nous pouvons aimer en retour ». Par ailleurs, il est soupçonné d'homosexualité, à une époque où ces pratiques étaient condamnées. La protection contre les discriminations date de 1998, et sa dépénalisation de 2003. « L'Amérique est vraiment le pays de Lovecraft : craintive parce qu'elle ne peut pas aimer ».
Cette histoire dans une histoire dans une histoire, et des mensonges pour couvrir d'autres mensonges, tout cela laisse finalement un gout amer, de pouvoir difficilement démêler le faux du faux. « Partout où il a regardé, il a trouvé un faux sol de faits sur un sous-sol béant de légende, dont le sol était également faux ». Pourvu que les royalties, gérées ou non par Barlow, ne soient pas couvertes par des chèques en bois.
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