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EAN : SIE310352_768
Club des editeurs / hommes et faits de l'histoire (30/11/-1)
4.39/5   9 notes
Résumé :
A mesure que s'éloignent les hautes périodes de notre histoire, nous avons trop tendance à ramener les grands personnages à des figures d'imagerie. Ainsi, Guillaume je Conquérant prend figure de reître du Moyen Age, brutal, cruel et rusé. L'époque romantique, notamment, l'a travesti en une sorte de mannequin à la carrure immense de héros frénétique.
Or, rien n'est plus faux. Il fut avant tout un homme, et c'est cet homme que La Varende a découvert après trent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Qui mieux que Jean de la Varende eût pu raconter, d'aussi près, le destin flamboyant de Guillaume de Normandie, le bâtard conquérant ?
Ce livre que j'ai nettoyé, dépoussiéré, recollé par endroits et finalement recouvert, est un vénérable ouvrage, édité par la maison "Flammarion" en 1946.
Il est enrichi de quelques cartes établies par Jean de la Varende et de plusieurs dessins inspirés, par la "Tapisserie de Bayeux", à G. Marjollin.
Le frontispice est un gravé sur bois réalisé par Blaise Monod.
Trônant à la place d'honneur, ce livre est aujourd'hui devenu une des pièces maîtresses de ma bibliothèque, une de celles, en tout cas, qui lui font honneur.
Jean de la Varende nous murmure que le passé n'est que sommeil.
Remontant le cours du temps, dans cette même Normandie où le prince vécut, l'historien, le biographe, se fait fort d'éveiller l'illustre personnage.
Car, nous dit-il, c'est le moins mort de nos héros.
Dans notre province, son nom retentit partout et son surnom termine, aujourd'hui, les exposés de tous les gardiens de musée, orne les enseignes de multiples corporations et figure dans tous les guides touristiques.
A son évocation, les érudits, les politiques, les guerriers, les rêveurs même prêtent l'oreille.
Il semble que son trépas soit d'hier.
Pourtant, il surgit d'une époque sombre où l'immensité de la misère a dispersé les êtres dans la foule maladive.
Le geste du serf et celui du baron se ressemblent.
Les mains se crispent sur les armes ou se joignent vers le ciel.
Guillaume, lui, échappe aux angoisses métaphysiques.
Il devient un des premiers laïcs respectueux....
Jean de la Varende, pour faire apparaître le vrai Guillaume de Normandie, a passé dans ses pas, recherché ses ancêtres, ses compagnons, ses amis.
Il a arrêté son regard sur les paysages que le Duc a contemplé, sur les églises où celui-ci pria et sur l'arbre sous lequel la justice était par lui rendue.
Jean de la Varende s'est informé, bien sûr.
Il a tout lu ce qu'on a écrit, entendu tout ce qui a été raconté, ne dédaignant pas même la légende, parfois si attaquée.
Cette biographie, très littéraire, est écrite par Jean de la Varende.
C'est dire si son style est élégant. Son érudition n'en est pas moins large.
L'écrivain, l'historien fait le récit de la "Grande Histoire", reconstitue l'époque, situe le contexte, sans pour autant négliger le détail, voire même l'anecdote.
Le récit est vivant, passionnant, moderne.
Il est à la rencontre de la Littérature et de l'Histoire.
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Jean de la Varende, c'est l'homme d'une terre, la Normandie, dont il tirait toute fierté : il était né dans l'Eure en 1887.
Il était inévitable qu'il consacrât un ouvrage à Guillaume le Bâtard, devenu Guilaume le Conquérant (1027-1087). Cette biographie fut écrite de 1944 à 1946 et publiée avec des illustrations qui sont la reprise sous forme de dessins des détails de ce que l'on nomme la tapisserie de Bayeux (en réalité, une broderie).
Il voulut, avant de brosser le portrait du futur roi d'Angleterre, rappeler l'ascendance du duc de Normandie, faire le portrait de Robert le Magnifique, son père, qui s'éprit d'Arlette. Quand Robert mourut, il fallut que Guillaume prît les rênes du pouvoir et les tînt fermement. Il dut faire ses preuves, car les barons normands se liguèrent pour tenter d'affaiblir ce pouvoir, mais il trouva la parade, s'allia avec le roi de France, Henri Ier, et les écrasa lors de la bataille du Val-ès-Dunes en 1047.
La Varende montre que l'autorité du duc s'affermit après cet affrontement, et, que, parallèlement, les communautés monastiques se développèrent, avec une multiplication de fondations, l'abbaye du Bec en tête, et un formidable personnage comme Lanfranc en figure de proue.
L'auteur, qui s'y connaissait en matière de construction de bateaux, aborda la question de la constitution d'une flotte en vue de la conquête de l'Angleterre, pays dont Guillaume devait prendre en main les destinées au lendemain de la mort d'Édouard le Confesseur, avec le consentement de Harold. Mais ce dernier n'aurait pas respecté sa parole et aurait usurpé le pouvoir. La confrontation devint du coup inévitable, et Harold fut écrasé à Hastings, le 14 octobre 1066, par les forces normandes débarquées avec Guillaume dans le Sussex, défaite qui s'explique en partie par la fatigue des troupes de Harold qui avaient remporté quelques jours avant une victoire sur les forces du prince danois Harold Hardrada. La Varende nous dépeint ensuite l'oeuvre de la conquête de son royaume par Guillaume et de l'installation de l'élite normande sur les deux rives de la Manche. Il évoque bien sûr l'érection des mottes et tours normandes (qui deviendront des tours romanes). La fin de vie du duc-roi fut moins glorieuse. Et il y a aussi la question du grand recenssement des personnes et de leurs biens en Angleterre, des données chiffrées scrupuleusement consignées dans le fameux Domesday Book.
On trouve, dans le livre de Jean de la Varende, quelques lignes mémorables où la description des voûtes des églises amène à se demander si ces pleins cintres n'épousaient pas la forme de coques de navire retournées.
Très bel ouvrage et très bel hommage rendu à Guillaume, à ses conseillers et à ses compagnons. La conquête de l'Angleterre resta longtemps un objet de fierté pour les Normands.
François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)

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C'est une biographie très détaillée que La Varende offre ici à ses lecteurs: non seulement il détaille pas à pas la vie du duc Guillaume, mais il s'intéresse à l'époque, à ses moeurs, prenant le temps de planter le décor, détaillant l'histoire de sa famille, mais aussi les différentes civilisations en présence, les transformations dans la société, l'essor du monachisme, les royaumes alentour, l'équilibre politique et religieux, les routes de pèlerinage ou encore l'architecture et la construction navale! Sans parler même de comparaisons entre différents historiens, et de notes de bas de pages assez frappantes , car cette biographie a été écrit entre 1943 et 1945 et l'auteur a inclus des détails sur les sites détruits entre le début de son travail et son édition, débarquement oblige.
Extrêmement complet, illustré de schéma de la main même De La Varende, ce texte mériterait d'être réédité car il contentera à la fois les amateurs d'histoire, les amoureux de la Normandie, que personne n'a jamais écrit comme La Varende, et les simples amateurs de beaux textes car sa plume est aussi précise et magnifique ici que dans ses romans!
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Ce livre de "La Varende" raconte la vie d'une grande figure de la Normandie : "Guillaume le Conquérant" qui, plusieurs centaines d'années après Jules César et ses légions romaines, fit la conquête de l'Angleterre.
Au dire de l'auteur c'est une biographie traitée en roman - après trente ans d'amitié attentive entre lui, écrivain normand et le personnage historique -
La prodigieuse mémoire De La Varende (1887-1959) et son érudition lui font réunir dans cet ouvrage tous les détails de l'époque, il devient un compagnon de Guillaume pour dérouler à nos yeux son destin fabuleux.
le grand père de l'Europe moderne a franchi les siècles pour se dresser devant nous.
Un livre exceptionnel.


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Le souffle épique de l'Histoire ou comment un auteur s'investit entièrement dans son oeuvre pour redonner vie à son héros.

Au terme de chapitres touffus, le lecteur voit ainsi la silhouette de Guillaume le Conquérant se profiler d'abord à l'horizon, puis se préciser, s'agiter sous les « hautes corymbes des poiriers » en des poses originales et personnelles et tirer dans son sillage une galerie de trognes invraisemblables mais vivantes : les Hauteville, les Talvas de Bellême, les Sorreng, les Toëni, les Montgomery, féroces, crédules et remuants seigneurs du XIéme siècle normand.

Un modèle de biographie, documentée et passionnée.
Pour s'en convaincre, il suffit d'en savourer les premières lignes :

« le passé n'est qu'un sommeil : pour un esprit attentif et sensible, tout se ranime. Sous l'afflux des regards et dans l'émotion, les temps anciens sont comme la fleur de Jéricho sous la rosée ; ils s'élargissent, se dénouent et vont refleurir. L'intelligence ne suffit pas : c'est plus encore une oeuvre de sensualité. La résurrection exige l'emploi de tout l'être, de chaque cellule sollicitée, et, celui qui veut rendre la vie, qu'il y apporte sa vie. »

A lire et à relire, ne serait-ce que pour le style.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Car il a tellement souffert, tellement trimé !
Cette vie de soixante ans, glorieuse, certes, fut bien dure à celui qui l'a portée sur les épaules et dans la tête !
Son père, en mourant si jeune, meurt deux fois, comme père et comme protecteur.
L'enfant bâtard devient l'orphelin méprisé ; tout de suite traqué, il a passé de l'adulation à la haine, et du règne à la fuite.
Peut-il même accorder à sa mère une tendresse qui ne soit divisée ?
Et il doit reconquérir ce qu'il croyait son bien.
Après une courte accalmie, quand il a vaincu l'Angleterre, il devra combattre et remonter à cheval durant vingt années, entre les faux amis et les traîtres....
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A propos de ces matériaux, il est certain que les bois secs ont manqué; que très vite, faits en vert, beaucoup de navires ont dû jouer et se déclinquer, - ce qui est ici le terme original: désorganiser leurs clins -, et que sur la plage où ils abordèrent, ils ne furent plus bons qu'à faire du feu. La légende de Guillaume, incendiant ses vaisseaux pour ne pas autoriser même la pensée d'une retraite, doit en venir.
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Le passé n'est qu'un sommeil : pour un esprit attentif et sensible tout se ranime. Sous l'afflux des regards et dans l'émotion, les temps anciens sont comme la fleur de Jéricho sous la rosée ; ils s'élargissent, se dénouent et vont refleurir.
L'intelligence ne suffit pas : c'est plus encore une œuvre de sensualité. La résurrection exige l'emploi de tout l'être, de chaque cellule sollicitée, et, celui qui veut rendre la vie, qu'il y apporte sa vie.
Est-ce donc tellement difficile, quand les hommes et les terres ont si peu changé ?
Le vent du nord, chez nous, enveloppe toujours le monde de ses nues grises ; les souffles de la mer apportent encore leur sel sur les feuilles, avec leur énervante moiteur et leur crachin flottant.
Le ciel, qu'interrogeait du haut de Falaise Guillaume de Normandie, comportait les mêmes probabilités atmosphériques : si la brise venait de Guibray, les limiers-maîtres manqueraient de nez l'après-midi, et si le vent adonne de Vire, les piqueux devront emporter leur capulet...
(extrait du premier chapitre "les ancêtres - 911/1028)
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Le passé n'est qu'un sommeil : pour un esprit attentif et sensible, tout se ranime.
Sous l'afflux des regards et dans l'émotion, les temps anciens sont comme la rose de Jéricho sous la rosée, ils s'élargissent, se dénouent et vont refleurir.
L'intelligence ne suffit pas : c'est plus encore une oeuvre de sensualité.
La résurrection exige l'emploi de tout l'être, de chaque cellule sollicitée, et, celui qui veut rendre la vie, qu'il y apporte sa vie.
Est-ce donc tellement difficile, quand les hommes et les terres ont si peu changé ?
Le vent du nord, chez nous, enveloppe toujours le monde de ses nues grises ; les souffles de la mer apportent encore leur sel sur les feuilles, avec leur énervante moiteur et leur crachin flottant.
Le ciel, qu'interrogeait du haut de Falaise Guillaume de Normandie, comportait les mêmes probabilités atmosphériques : si la brise venait de Guibray, les limiers-maîtres manqueraient de nez l'après-midi, et si le vent adonne de Vire, les piqueux devront emporter leur capulet....
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La conversion fut plus officielle qu'intime, et le culte des vieilles divinités nordiques ne disparut que sous le règne de Guillaume, sur sa fin. Avec le Christ, nos ancêtres ajoutèrent un dieu de plus à leur panthéon, sans se préoccuper consciencieusement des vertus prônées par le culte chrétien. Beaucoup se firent baptiser pour toucher l'aube de toile dont on revêtait le nouveau catéchumène....Tel Normand se vantait des nombreuses chemises qu'il tenait ainsi de ses nombreux baptêmes.
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Vidéo de Jean de La Varende
Mademoiselle de Corday Jean de la Varende Éditions Via romana
Initialement paru en 1939, ce portrait psychologique de Charlotte Corday est l'occasion pour l'auteur, royaliste et contre-révolutionnaire, de reconnaître la diversité des oppositions à la Révolution française. Il résume l'essence de l'assassin de Marat à une identité fantasmée : fille de gentilhomme, païenne, vierge, viking et normande. ©Electre
https://www.laprocure.com/product/303006/mademoiselle-de-corday
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