AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Éric Diacon (Autre)
EAN : 9782213007465
445 pages
Fayard (01/12/1996)
4.28/5   20 notes
Résumé :

Lorsque Richard III disparaît, Henri Tudor et ses successeurs, aidés par les historiens de leur temps, s'attachent à ternir son image de façon que la Maison d'York ne laisse dans les coeurs qu'un mauvais souvenir. Un siècle plus tard, Shakespeare tirera de cette image déformée le personnage central d'une de ses grandes tragédies, et désormais le roi Richard sera pour la plupart des gens l'usurpateur du trône de son frère, l'assassin de ses neveux, le bos... >Voir plus
Que lire après Richard IIIVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ils étaient quatre frères : Edward, Edmund, George et Richard, ils étaient les fils de Richard d'York, comte de Rutland et de Cambridge et duc d'York (1411-1460) et de Cecile Neville (1415-1495), et deux d'entre eux furent roi, Edward IV et Richard III (2 octobre 1452- 22 août 1485).
Paul Murray Kendall comprit qu'il fallait s'intéresser à ce dernier personnage en le replaçant dans son cadre chronologique, la seconde moitié du XVe siècle et en atténuant quelque peu la légende noire fabriquée par les historiens du clan Tudor, famille ennemie des York à laquelle appartenait Richard, et renforcée par William Shakespeare qui devait encore plus assombrir le tableau dans sa pièce éponyme.
Les visiteurs de la White Tower ont droit à ce sempiternel couplet : Richard fut un infanticide, il fit tuer les enfants de son frère Edward IV et d'Élisabeth Woodville, Edward V et Richard, pour accéder au trône. Cette sinistre réputation rejoint celle d'Henry VIII, l'organisateur du meurtre de quelques-unes de ses épouses. Ainsi un Tudor, Henry VIII, partage-t-il la triste réputation avec un York, Richard III, d'avoir fait mourir les gens qui l'encombraient. Mais ce dernier semblait avoir l'âme la plus obscure selon ses détracteurs.
Vêtu de noir et souvent représenté bossu, il n'en fallait pas plus pour apparenter Richard III, organisateur de crimes familiaux, aux tyrans romains, Caligula et Néron. C'était, bien sûr, caricatural et contraire à la vérité historique.

Rappelons les faits. Les Lancastre avaient pris possession de la couronne comme des usurpateurs : Henry IV avait traîné cette réputation ; Henry V avait réparé cette image en écrasant les Français à Azincourt en 1415 et en étant bien près de ravir la couronne de France aux Valois après la signature du traité de Troyes s'il survivrait au roi de France Charles VI- ordre de disparition qui, par chance pour notre pays, s'inversa ; Henry VI, sous le règne duquel fut brûlée Jeanne d'Arc à Rouen en 1431, ne gouverna pas bien, eut des défaillances psychologiques et vit son autorité contestée par les York.
C'est de là que vint le malheur de l'Angleterre qui, défaite par Charles VII en France avec la triple reprise de Paris, de la Normandie et de l'Aquitaine, commença à souffrir d'une guerre civile, connue comme guerre des Deux Roses, la rose des Lancastre et la rose des York.

Le père et l'un des frères de Richard III, Richard duc d'York et Edmund, perdirent la vie lors de la bataille de Wakefield en décembre 1460.
Le frère aîné de Richard, Edward fut reconnu digne de la majesté souveraine mais il dut s'imposer sur le terrain militaire, ce qui se passa entre Towton et Saxton, le 29 mars 1461, après des combats acharnés. Les partisans des Lancastre furent alors défaits.
Edward IV remplaça donc sur le trône, Henry VI, encore en vie. Richard, fait duc de Gloucester, fut l'un des meilleurs soutiens du roi son frère. Mais un partisan d'Edward, qui n'aimait pas l'épouse de ce dernier, Élisabeth Woodville, Richard Neville, comte de Warwick, qui essayait de placer sa famille dans la succession dynastique en faisant se marier l'une de ses filles au frère cadet d'Edward, George, voyant ses plans échouer, résolut de se rapprocher de Marguerite d'Anjou, épouse d'Henry VI, en échafaudant une union matrimoniale entre le fils de ces derniers et sa deuxième fille, Anne. Marguerite d'Anjou accepta, à la condition que l'on fît revenir sur le trône d'Angleterre Henry VI. Mais ce plan échoua et Warwick trouva la mort au cours de la bataille de Barnet, le 14 avril 1471.
Edward et Richard éliminèrent Henry VI après leur victoire, afin qu'il ne fût plus une menace pour les York. Puis les deux frères durent se débarrasser de l'intrigant George, leur propre frère qui détestait la reine et qui avait mis la main pour la neutraliser sur Anne Neville, la fille de Warwick, dont Richard semblait s'être épris.
Le drame se noua à la mort d'Edward IV, qui avait voulu que Richard fût déclaré Lord Protecteur pendant la minorité d'Edward V. Que se passa-t-il ? Anne Neville monta-t-elle Richard contre la reine ? Fut-il pris d'ambition ? Tout n'est pas clair, même dans le livre de Paul Murray Kendall. Toujours est-il que Richard se fit couronner, qu'il régna deux ans- assez bien, on peut le dire- et qu'il ne perdit sa couronne sur le champ de bataille de Bosworth, le 22 août 1485, que par l'obstination du jeune Henry Tudor, poussé par sa mère Margaret, à régler à son avantage la querelle des Lancastre et des York. Il est probable qu'il fit ôter la vie aux jeunes fils d'Edward IV pour conserver sa couronne, mais on ne sait pas comment cela advint réellement ni quand.
Enterré hâtivement dans un prieuré franciscain à Leicester, les restes de son corps y furent découverts et identifiés en 2012 et ils eurent droit à des funérailles solennelles dans la cathédrale Saint-Martin en 2015.

François Sarindar, auteur de Charles V, Dauphin, duc et régent (2019)
Commenter  J’apprécie          1085
Il est certain à la lecture du livre que l'auteur est tout dévoué à réhabiliter le roi infâme que nous ne connaissons pour beaucoup qu'à travers Shakespeare.

Richard III est évidemment dépeint par les vainqueurs Tudor et il va de soit qu'il faut prétendre avoir renversé un tyran sanguinaire plutôt qu'un bon administrateur.

A la lecture de cette biographie, le portrait de Richard est bien nuancé et riche de détails inconnus. Fidèle à son frère le roi Edouard contrairement à son frère George qui finira exécuté pour trahison, il sera toujours un appui sur lequel celui-ci pourra compter, jusqu'à le nommer lord protecteur à sa mort pour veiller sur son fils Edouard V.

Dès son enfance, Richard est confronté à la trahison, à la fuite, aux retournements de veste, difficile effectivement de faire confiance à l'avenir à celui qui hier vous promettait son honneur et part dans le camp adverse le lendemain.
Richard restera curieusement naïf sur ce point, arrosant de bienfaits son entourage une fois roi en espérant s'attacher les fidélités, on sait ce que cela a donné.

Pendant de nombreuses années il va administrer le nord pour son frère, et il est attesté que sa justice équitable était louée et son opinion recherchée pour trancher les cas difficiles et que c'était un excellent gestionnaire et militaire. Il détestait la cour et ses intrigues et ne s'y rendit que peu de fois.

Nommé lord protecteur en charge du petit roi, c'est là que tout bascule, on lui présente des témoignages attestant que le roi avait contracté un engagement avant son mariage. du coup cela remet en cause la légitimité des enfants. Un serment fait précédemment suffisait à l'époque pour annuler son engagement actuel, même royal.
Richard déteste la reine et sa famille, l'auteur aussi d'ailleurs qui ne la décrit que comme une intrigante cupide cherchant à garder le pouvoir avec sa famille de profiteurs rapaces et sans scrupules. Avec le recul, peut être à garder son fils vivant cela suffit à expliquer ses tentatives contre Richard.

C'est l'instant où tout bascule, c'est limite si ce n'est pas à "l'insu de son lui-même" que Richard décide d'être roi, poussé aussi par ses conseillers qui lui murmurent à l'oreille qu'il est le seul héritier York valable.
La tragédie est consommée.

Sur la disparition des petits princes prisonniers dans la Tour, il est certain que personne ne s'est vanté d'avoir organisé leur disparition, et qu'il y a peu de matières pour prouver la culpabilité de qui que ce soit, et pire peu importe leur sort véritable, il y a tellement de complots à l'oeuvre que le « méfait s'avérerait sans doute profitable à l'état ».

Richard en à peine 2 ans de règne fera des réformes intelligentes, avait à coeur le bien être commun, il n'aurait pas été un mauvais roi loin de là, le destin en décidera autrement et le mot qui résume le mieux son époque et son règne est : trahison.
Commenter  J’apprécie          30
Richard III a mauvaise presse et c'est à démontrer que cela est injustifié que s'attelle Paul Murray Kendall.
Extrêmement complète, cette biographie reste tout à fait accessible et offre une plongée très intéressante, à la fois dans le caractère d'un homme à qui le destin ne fera aucun cadeau, mais surtout dans les tribulations du pouvoir d'une époque charnière de l'Angleterre, pas toujours très bien connu du lecteur français lambda. L'auteur, d'ailleurs, ne s'arrête pas aux frontières en question mais met en lumière le jeu des alliances européennes d'une façon qui donne envie de trouver aussi sec des biographies sur Jacques III d'Écosse ou Charles le Téméraire!
Très bien écrit, ce qui ne gâche rien, documenté avec sérieux, avouant nettement les trous dans les faits reconstitués quand le cas se présente, c'est une biographie de très grande qualité et à recommander chaudement.
Commenter  J’apprécie          110
Shakespeare a fait de Richard III un être détestable et détesté, que son avidité du pouvoir isole et aveugle, assassin de ses neveux, exécuteur de ses rares soutiens.

Paul Murray Kendall, dans la biographie qu'il lui consacre, nuance l'image, insistant sur le soutien que Richard, alors Duc de Gloucester, apporta à son frère Edouard IV, sur son action au service de la couronne, sur sa fidélité et son courage politique noircis par les historiens à la solde des Tudor.

Il ne peut cependant nier ni justifier le meurtre des 2 fils de son frère, alors des enfants. Il tente d'expliquer, simplement expliquer, que les évènements ont conduit Richard III à éliminer ses neveux, et ce malgré lui.

Dans la collection 10/18, la romancière Kate Sedley situe son action sous le règne d'Edouard IV. Son héros est au service de Richard, Duc de Gloucester. La documentation qui a servi à dresser la toile de fond historique paraît solide. Visiblement la romancière maitrise son sujet et, là encore, Richard y est décrit comme loyal envers son frère comme vis à vis de ses partisans et fin politique.

Monstre ? Personnage grisé par le pouvoir ? Héritier et fruit d'une période sanglante (nous sommes au terme de la Guerre des Deux-Roses) ? Ou frère loyal calomnié par le camp vainqueur ? La biographie de Paul Murray Kendall, très complète et à ce jour inégalée, si elle tend à la réhabilitation du dernier des Plantagenêts, ne le disculpe pas pour autant de la responsabilité de la mort de ses neveux et laisse au lecteur le choix d'une opinion.
Commenter  J’apprécie          20
Après avoir vu le RIII de Shakespeare au théâtre, j'ai voulu avoir un autre éclairage sur ce personnage historique, dont le moins que l'on puisse dire est qu'il ne ressort pas grandi du traitement que lui réserve le grand dramaturge. PM Kendall, dont j'avais beaucoup aimé le Louis XI, en offre un portrait beaucoup plus nuancé, décrivant un souverain soucieux de son peuple, épris de justice et de loyauté, qui a finalement été perdu par ces qualités. Ce texte résonne étrangement avec notre époque, où les autocrates qui fondent leur pouvoir sur la brutalité et la crainte sont finalement plus respectés par leur peuple que les démocrates libéraux…
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il entendit des cris...un choc métallique. La cavalerie de Stanley taillait sa troupe en pièces. "Trahison !" criait-il entre deux coups de hache comme pour résumer en un mot la malédiction de sa vie. Aucun de ses hommes ne se trouvait plus à son côté. Il affrontait seul un bouquet de lances et d'épées aux coups desquelles il était insensible. Et pourtant, sur son heaume, en dépit de la poussière et des éclairs de l'acier, brillait toujours le cercle d'or de sa couronne. "Trahison !" hurlait-il en faisant tournoyer sa hache.
Une dizaine d'armes transpercèrent son armure. Seul au milieu de ses ennemis, il tomba sans vie sur le sol, laissant son royaume et sa renommée entre les mains d'Henry Tudor.
Commenter  J’apprécie          240
"O Dieu ! s'exclame le chroniqueur de Croyland. Quelle assurance nos rois pourront-ils désormais avoir qu'au jour de la bataille ils ne seront pas abandonnés par leurs sujets !"
Commenter  J’apprécie          250
Il n'est pas facile d'être le frère d'un roi. De partager son sang sans partager son trône. D'être presque tout et par là même rien. Les Français lui ont donné un titre qui lui sied mieux que tout autre: Monsieur - un titre où joue une ombre d'ironie. Monsieur tout court, car le nom qui devrait suivre est le nom même du roi. S'il n'a pas de fonctions précises, le frère du roi a mille tentations. L'ambition est son patrimoine, et la conspiration, le seul exutoire à sa jalousie. Les pages d'histoire sont pleines de ses intrigues et de ses trahisons. En ce même moment, les frères de Louis XI et de Jacques III d’Écosse composaient leurs propres variations sur cet inépuisable thème, que George de Clarence consacrait à orner tant d'ardeur et d'imagination.
Commenter  J’apprécie          52

>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Biographie générale et généalogie>Politiciens, économistes, juristes, enseignants (844)
autres livres classés : histoireVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (55) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..