Ils étaient quatre frères : Edward, Edmund, George et Richard, ils étaient les fils de Richard d'York, comte de Rutland et de Cambridge et duc d'York (1411-1460) et de Cecile Neville (1415-1495), et deux d'entre eux furent roi, Edward IV et
Richard III (2 octobre 1452- 22 août 1485).
Paul Murray Kendall comprit qu'il fallait s'intéresser à ce dernier personnage en le replaçant dans son cadre chronologique, la seconde moitié du XVe siècle et en atténuant quelque peu la légende noire fabriquée par les historiens du clan Tudor, famille ennemie des York à laquelle appartenait Richard, et renforcée par
William Shakespeare qui devait encore plus assombrir le tableau dans sa pièce éponyme.
Les visiteurs de la White Tower ont droit à ce sempiternel couplet : Richard fut un infanticide, il fit tuer les enfants de son frère Edward IV et d'Élisabeth Woodville, Edward V et Richard, pour accéder au trône. Cette sinistre réputation rejoint celle d'
Henry VIII, l'organisateur du meurtre de quelques-unes de ses épouses. Ainsi un Tudor,
Henry VIII, partage-t-il la triste réputation avec un York,
Richard III, d'avoir fait mourir les gens qui l'encombraient. Mais ce dernier semblait avoir l'âme la plus obscure selon ses détracteurs.
Vêtu de noir et souvent représenté bossu, il n'en fallait pas plus pour apparenter
Richard III, organisateur de crimes familiaux, aux tyrans romains, Caligula et Néron. C'était, bien sûr, caricatural et contraire à la vérité historique.
Rappelons les faits. Les Lancastre avaient pris possession de la couronne comme des usurpateurs :
Henry IV avait traîné cette réputation ;
Henry V avait réparé cette image en écrasant les Français à Azincourt en 1415 et en étant bien près de ravir la couronne de France aux Valois après la signature du traité de Troyes s'il survivrait au roi de France Charles VI- ordre de disparition qui, par chance pour notre pays, s'inversa ;
Henry VI, sous le règne duquel fut brûlée
Jeanne d'Arc à Rouen en 1431, ne gouverna pas bien, eut des défaillances psychologiques et vit son autorité contestée par les York.
C'est de là que vint le malheur de l'Angleterre qui, défaite par Charles VII en France avec la triple reprise de Paris, de la Normandie et de l'Aquitaine, commença à souffrir d'une guerre civile, connue comme guerre des Deux Roses, la rose des Lancastre et la rose des York.
Le père et l'un des frères de
Richard III, Richard duc d'York et Edmund, perdirent la vie lors de la bataille de Wakefield en décembre 1460.
Le frère aîné de Richard, Edward fut reconnu digne de la majesté souveraine mais il dut s'imposer sur le terrain militaire, ce qui se passa entre Towton et Saxton, le 29 mars 1461, après des combat
s acharnés. Les partisans des Lancastre furent alors défaits.
Edward IV remplaça donc sur le trône,
Henry VI, encore en vie. Richard, fait duc de Gloucester, fut l'un des meilleurs soutiens du roi son frère. Mais un partisan d'Edward, qui n'aimait pas l'épouse de ce dernier, Élisabeth Woodville,
Richard Neville, comte de Warwick, qui essayait de placer sa famille dans la succession dynastique en faisant se marier l'une de ses filles au frère cadet d'Edward, George, voyant ses plans échouer, résolut de se rapprocher de Marguerite d'Anjou, épouse d'
Henry VI, en échafaudant une union matrimoniale entre le fils de ces derniers et sa deuxième fille, Anne. Marguerite d'Anjou accepta, à la condition que l'on fît revenir sur le trône d'Angleterre
Henry VI. Mais ce plan échoua et Warwick trouva la mort au cours de la bataille de Barnet, le 14 avril 1471.
Edward et Richard éliminèrent
Henry VI après leur victoire, afin qu'il ne fût plus une menace pour les York. Puis les deux frères durent se débarrasser de l'intrigant George, leur propre frère qui détestait la reine et qui avait mis la main pour la neutraliser sur Anne Neville, la fille de Warwick, dont Richard semblait s'être épris.
Le drame se noua à la mort d'Edward IV, qui avait voulu que Richard fût déclaré Lord Protecteur pendant la minorité d'Edward V. Que se passa-t-il ? Anne Neville monta-t-elle Richard contre la reine ? Fut-il pris d'ambition ? Tout n'est pas clair, même dans le livre de
Paul Murray Kendall. Toujours est-il que Richard se fit couronner, qu'il régna deux ans- assez bien, on peut le dire- et qu'il ne perdit sa couronne sur le champ de bataille de Bosworth, le 22 août 1485, que par l'obstination du jeune Henry Tudor, poussé par sa mère Margaret, à régler à son avantage la querelle des Lancastre et des York. Il est probable qu'il fit ôter la vie aux jeunes fils d'Edward IV pour conserver sa couronne, mais on ne sait pas comment cela advint réellement ni quand.
Enterré hâtivement dans un prieuré franciscain à Leicester, les restes de son corps y furent découverts et identifiés en 2012 et ils eurent droit à des funérailles solennelles dans la cathédrale
Saint-Martin en 2015.
François Sarindar, auteur de
Charles V, Dauphin, duc et régent (2019)