Vincent Depaul était maître d'internat à Toulouse.
Il s'en est absenté durant une vingtaine de jours, afin d'aller toucher un petit héritage à Marseille.
Mr du Fresne, gentilhomme normand, lui a proposé au retour d'embarquer sur une tartane pour éviter quarante lieues de mauvais chemins.
Mais voilà que "Saint'eu Vierg'eu", une felouque barbaresque est venue à leur couper la route ...
XVIIème siècle, la guerre, la famine, l'épidémie ...
La misère des uns ; la vie insouciante, libertine, égoïste des autres ...
Mais un homme s'est dressé, luttant contre tous : Monsieur Vincent.
Pierre Fresnay dans "Monsieur Vincent" fait une composition inégalée, extraordinaire.
Pierre Fresnay, inoubliable "Monsieur Vincent" !
Des scènes d'une profonde intensité dramatique ...
Une oeuvre qui fera époque ... Votre prochain spectacle !
Ce commentaire dithyrambique n'est pas adressé au livre de Jean de la Varende que celui-ci a sous-titré "Images et dialogues pour Monsieur Vincent - Essai cinématographique".
Il est extrait de la bande annonce du film de Maurice Cloche, qui obtint en 1947 le Grand Prix du Cinéma Français.
Car Jean de la Varende n'est crédité nulle part au générique du film.
Pourtant, dans son avant propos,
Jean de la Varende dit avoir travaillé ce texte à trois sous l'égide de
Maximilien Vox.
Les deux autres étant certainement
Jean-Bernard Luc et
Jean Anouilh qui, eux, sont crédités au générique du film pour
le scénario et les dialogues.
Alors, que s'est-il vraiment passé ?
Pourquoi Jean de la Varende aurait été écarté de l'écriture de ce grand film dont il avait signé un scénario à Chamblac en 1943 ?
Parce qu'il ne passe pas dans son texte le souffle épique qui traverse le film.
Car ce texte de Jean de la Varende n'est pas bon.
Il oscille entre le grandiloquent et le ridicule.
Alors que la présence magnétique de Pierre Fresnay et l'écriture assez moderne, nerveuse et efficace de
Anouilh et de Luc ont fait du film un véritable petit chef d'oeuvre.
Quoiqu'il en soit l'expérience a déçu
Jean de la Varende puisqu'il en parle comme d'une décevante tentative, comme d'une cruelle tentation.
Mais ce livre de Jean de la Varende est composé aussi d'une deuxième partie : "L'autre île", une féérie marine en marge de
Stevenson, sorte de morceau de scène à jouer ...
En Angleterre, à la fin du XVIIIème siècle, des marins préparent un mauvais coup dans une salle enfumée.
Bandeau sur l'oeil, jambe de bois à la patte, un damné forban surnommé "Vieux diable" harangue ses hommes qu'il compte lancer contre la "Jeune Emilie", et y rafler tout ce qu'elle contient de soies, d'épices et de lingots.
Lorsque surgit, par une fenêtre défoncée, un admirable jeune homme, tout de blanc et d'argent vêtu, jusqu'au tricorne garni de plume !
"On m'appelle le Chevalier Blanc
Je vais et je vole au secours d'innocents
Qu'en la campagne résonne la poudre
Je vais et vole plus vif que la foudre
La-la-la-la-la, la-la-la-la
La-la-la-la-la, la-la-la
La-la-la-la-la, la-la-la
On m'appelle
Le Chevalier Blanc" ...
Stop !
Que Dieu me savonne et qu'Olivier Constantin me pardonne, mais Gerard Lanvin peut ranger son collant blanc si seyant.
Il s'agit ici de lord Allemby, le duc de Gloucester ... qui cherche à recruter un équipage de sac et de corde, le plus dur et le plus terrible qu'il puisse trouver, pour se lancer à la course au trésor que son aïeul, lord admiral David Thune, a laissé sur une lointaine île sans nom au milieu d'une mer infinie ...
Mais dans cette aventure, personne n'est vraiment ce qu'il croit ou ce qu'il prétend.
Et la course au trésor va se transformer très vite en un récit métaphysique intrigant et un peu confus.
Mais qui contient pourtant quelques belles envolées et plusieurs moments d'humanité intense.
Ce deuxième texte, "L'autre île" a été signé à Chamblac en 1932.
Il devait servir à y accompagner une exposition de maquettes de navires, elles aussi sorties des mains de Jean de la Varende.
Maximilien Vox en fit un très beau livre, illustré de bois magnifiques ...