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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Emily et Virginia sont soeurs.
L'une est gouvernante au manoir de Lord Auskin, et la préceptrice de son fils.
L'autre, Virginia, a quitté le domicile familial le jour de Noël pour tenter de vivre selon ses choix, selon ses désirs. Et même si, pour cela, pour s'assumer, elle doit devenir fileuse et connaitre le sort d'une tâche rude, être exploitée dans l'Angleterre de la fin du XIXème siècle. Ces petites mains corvéables à souhait dans une industrie qui ne se soucie que bien peu de ses ouvriers, les femmes besognent au fil des heures, à la merci du contremaitre ou du directeur quand elles ne sont pas rivées aux métiers qui tissent, les enfants employés pour se glisser sous les métiers, et pour qui l'enfance n'a plus que la saveur du souvenir à l'heure où il faut gagner sa part de pain au sein de la famille.

Virginia a choisi la liberté, celle d'aller où elle le souhaite, celle d'être le seul maitre de sa vie et d'en choisir l'avenir, ne laissant pas le hasard décider de tout.
Emily est moins audacieuse et sa vie se résume davantage à se laisse porter, à aller où on a décidé pour elle, sous l'emprise des décisions des parents, du Lord et de ce fiancé qu'elle n'a pas choisi et de ce mariage qu'elle subit.
Son seul "ami" est son cahier, ce confident des pensées pour le meilleur et le pire pour elle et ceux qui la côtoient, dans lequel réalité et affabulations voisinent avec vérité et mensonge...

De leurs vies respectives, les détails sont distillés à travers les échanges épistolaires des deux jeunes femmes, lettres qui bientôt traversent l'océan puisque Virginia a gagné l'Amérique.
Et c'est un peu comme si s'allumaient quelques fenêtres de l'Histoire, quelques lumières sur quelques événements marquants : pour aborder l'abolition de l'esclavage sur les terres américaines, et les perceptions des modifications de la société là-bas et en Angleterre, pour évoquer Salem - lieu de vie pour un temps de Virginia et des siens - et l'ombre des sorcières comme un présage lorsque le nom de celle ville prononcé fait songer au pire, pour poser un regard sur Ellis Island et le poids de la solitude et du désespoir qui accablent le lieu, pourtant gage d'espérance et de liberté...

Virginia comblée de sa condition, même dans les moments d'adversité, femme aimée, dans sa plénitude, vivante, et mère attendrie.
Emily, amante sans attache si ce n'est l'affection qu'elle porte à son élève dont les jours sont comptés.
L'une avance, vit, l'autre observe, jalouse s'aigrit. L'une habite l'existence, l'autre ne côtoie et ne songe qu'à sa fin. L'une s'enthousiasme quand l'autre se laisse porter par ses sentiments et s'éteint, se recroqueville...
L'aventure assumée de l'une rend plus criante la fixité de l'autre comme deux faces d'un miroir qui réfléchit la condition féminine de l'époque.


Un récit, touffu, tout en circonvolutions, comme une lanterne magique dans ce qu'il dévoile et dissimule, dans ce qu'il laisse deviner pour mieux le réfuter. Une écriture choisie, tout en érudition qui happe le lecteur et le dirige jusqu'aux phrases finales qui modifient une dernière fois la perspective que pourrait à nouveau prendre ce récit.
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Depuis le dernier salon du livre à Paris où j'ai assisté à une intervention intéressante de Cécile Ladjali, j'avais l'intention de découvrir une de ses oeuvres.
Au hasard : Les vies d'Emily Pearl, édité en 2008 chez Actes Sud.
Résultat : bonne pioche ! Emballée par ce court roman, prenant et plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord, je ne l'ai quasiment pas lâché une fois entamé.

Tout, de la couverture à la quatrième laisse penser à un roman de facture classique se déroulant dans un manoir anglais à la fin du XIXème siècle. On découvre rapidement qu'il s'agit du journal d'Emily, préceptrice du jeune fils malade d'un lord, séduisant veuf…évidemment. Elle s'y confie bien sûr, mais toute l'originalité ici vient d'un permanent chassé-croisé entre le quotidien confiné de la narratrice au coeur de la campagne anglaise et la vie de sa soeur Virginia, partie vivre en Amérique, relatée ( ou fantasmée, who knows ? ) grâce à des bribes de sa correspondance.

Emily rêve de liberté et de reconnaissance à une époque et dans un cadre qui ne sont pas précisément les plus propices pour une jeune femme de sa condition. Alors, progressivement, pour donner consistance à ses rêves et aider un peu le destin, elle devient manipulatrice, utilisant entre autre le pouvoir de son journal, intentionnellement laissé à la lecture de son amant…le veuf séduisant, évidemment. Les conséquences prennent une tournure de plus en plus tragiques, jusqu'à l'impardonnable.

Cécile Ladjali a selon moi un réel talent de conteuse, un style à la fois efficace et poétique, alternant phrases courtes et ciselées avec des descriptions plus fouillées, délicatement évocatrices.
La double construction de l'intrigue entre réalité et aspirations fantasmées d'une jeune anglaise et entre Angleterre et Amérique me semble être le point fort et particulièrement réussi de ce récit. Elle permet de pointer à la fois les entraves et convenances qui verrouillent alors la société anglaise, et tout particulièrement la condition des femmes en cette fin de XIXème et d'apercevoir les prémisses d'un nouveau monde en mouvement, tout en surfant en permanence entre "les vies d'Emily Pearl".
Je ne suis pas sûre finalement d'avoir réellement démêlé le vrai du faux dans cette pure fiction qui captive presque comme… une histoire vraie. Qu'importe, j'ai passé un très bon moment de lecture.
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Voilà un bon bout de temps que je possédais Les Vies d'Emily Pearl, j'ai donc profité de cet été pour le lire (enfin) !

Je dois dire que l'intrigue du roman m'a immédiatement plu, puisqu'elle raconte le destin de la jeune Emily Pearl, de 1897 à 1899, engagée comme gouvernante dans un manoir Anglais appartenant à Lord Auskin, un veuf séduisant et intimidant. Dès le début, le lien avec Jane Eyre était évident ; pourtant, au fur et à mesure du récit, je me suis rendue compte qu'Emily Pearl était une personne bien singulière et différente de l'héroïne de Charlotte Brontë. En effet, dans son "journal intime", la jeune gouvernante nous décrit son quotidien, ses amours avec le maître de maison, sa complicité avec son élève Terrence, brillant et attachant, mais malheureusement condamné à une mort précoce ; bref, les évènements s'enchaînent et donnent beaucoup de rythme au récit, ce que j'ai beaucoup apprécié.
Ainsi, entre des parents superficiels et égoïstes, un fiancé niais et ragoûtant, et une soeur adorée, Virginia, partie en Amérique, Emily ne sait plus quoi faire de sa vie...Elle rêve de rejoindre sa soeur tout en restant profondément attachée aux êtres qui l'entourent en Angleterre. La fin est vraiment inattendue et vient, d'après moi, sublimer cette héroïne exceptionnelle, qui, jusqu'au bout de ses efforts, reste digne et courageuse...

Bref, j'ai beaucoup aimé cette histoire documentée, constituant une réflexion sur la condition de la femme au XIXème siècle, et qui, en l'espace de 200 pages, m'a fait rêver et m'a chagrinée à la fois...

A lire !!

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Grande-Bretagne, fin XIXe, époque victorienne : le décor est planté. Par sa place de préceptrice dans une riche famille, Emily Pearl cherche à s'extraire de son milieu familial et veut échapper à l'ennui d'une destinée tracée d'avance. Personnage d'abord fragile, Emily va se révéler d'une personnalité complexe, à la limite de la perversité parfois. Car certains de ses actes auront de graves conséquences. Ce récit prend à la fois le ton du journal et de l'échange épistolaire, sans en prendre vraiment la forme. Ainsi, Emily se confie tour à tour à son cahier puis à sa soeur, si éloignée qui a eu le cran, elle, de partir pour Londres puis en Amérique. Mais où est la part de Vérité dans ce qu'écrit Emily et même dans ce qu'elle vit ?
Cécile Ladjali nous raconte les contradictions de son héroïne, sa soif de liberté et son désir de sécurité, de revanche aussi sur une société cloisonnée qui emprisonne les individus dans des rôles qu'ils n'ont pas d'autre choix que de jouer. Un roman extrêmement bien construit et qui vous transporte dans l'univers mental d'une femme prisonnière de son époque.
(Florence)
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Roman surprenant qui commence comme un roman de Jane Austen, mais on est rapidement détrompé: il y a une certaine perversité, un pessimisme voire un fatalisme dans ces personnages qui sont parfois difficiles à cautionner. Mais on comprend peu à peu que la fuite de sa soeur la laisse extrêmement malheureuse, avec un intense sentiment d'abandon face à sa condition, à ses parents rustres et à son amant et amour impossible. Écriture sérieuse, un peu maniérée parfois. J'ai cependant apprécié ce moment.
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