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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
"les vies d'Emily Pearl" est un roman contemporain qui se déroule à l'époque victorienne mais qui ne peut être classé dans ce genre parce que écrit au 21e siècle et plus audacieux dans les moeurs qu'il révèle (les modèles du genre évoquaient sans les exprimer les situations shocking). Ce n'est pas non plus un roman féministe car il n'est pas vindicatif quant à la situation de la femme.
Si le début du récit s'apparente au célèbre "Jane Eyre", l'auteure se démarque bien vite de cette héroïne et dresse le portrait d'une femme humiliée par sa condition sociale, en pleine crise d'identification, fascinée par une soeur enviée et vénérée. Elle est incapable d'assumer ses choix, ses amours, ses élans.
Mon point de vue est assez mitigé sur cette personnalité constamment en équilibre instable entre petits bonheurs et frustrations.
C'était mon premier contact avec l'oeuvre de Cécile Ladjali à qui je reconnais un beau style, une écriture poétique qui, dans ce récit est parfois en décalage avec l'âpreté des individus.
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Angleterre, 1898. Emily Pearl entre au service de Lord Auskin en devenant la gouvernante de Terence, un garçon de 7 ans dont la mère est morte à sa naissance. de nature rêveuse et insatisfaite, elle rédige un journal dans lequel elle dépose ses frustrations, ses correspondances, ses souvenirs, comme un flux monocorde, sans ponctuation, mais avec de fausses accusations.

***************
Nul n'a omis de remarquer le style victorien de cette histoire, tragique histoire (je cite de mémoire Malice et Lou, mais j'en oublie - il faudrait que quelqu'un se dévoue pour réaliser une page qui présenterait tous les billets de lecture sous les titres des livres appréciés...!).

Les prénoms des personnages féminins : Emily (Brönte ?) , Virginia (Wolf ?), y donne une touche très époque victorienne... Que de clins d'oeil en effet. Emily se raccroche à sa soeur, véritable bouée de sauvetage dans la mare d'ennui dans laquelle elle patauge.
"Mon ennui est d'un seul bloc, comme une pierre que l'on jette au fond d'un puits."

Seul Terence semble important, car faible : il a besoin d'elle. Au début, elle se méfie d'Alec Auskin, le père, qui lui semble intouchable, question de rang.

Puis ils deviennent amants, un rapport très trouble les lie, une sorte de perversion de l'interdit. Mais Emily ne peut se satisfaire. Elle pense rejoindre sa soeur, émigrée en Amérique. Mais elle se marie avec un garçon qui l'indispose. le mariage a lieu le même jour que le remariage de Lord Auskin avec Anne. Anne n'aime pas les hommes et passe son temps à folâtrer avec ses maîtresses. C'est le côté comique du livre, car il y en a.

A travers le journal, on découvre Virginia, la rebelle, partie à Londres gagner son indépendance en travaillant à l'usine. Virginia tombe amoureuse d'un pasteur, ils émigrent en Amérique. Ils s'installent à Salem où ils déclenchent l'hostilité des autochtones et réveillent les esprits des sorcières.

Partout l'eau est présente : mare, pluie, neige, océan, orage, la plage, la pêche, la baignoire.

Une sorte de symbole purificateur, un désir de baptême, de renouveau.
"Souvent je pense aux vagues. Je les associe à ma soeur. C'est à cause de leur façon de caresser la plage, avec leur grands bras qui se replient et laissent sur le sable un film brillant. (p.139)"

Emily raconte dans son journal des petites anecdotes de la maisonnée, parfois fausses. Elle découvre qu'en médisant, en laissant traîner son journal à la lecture d'Alec, elle va déclencher des règlements de comptes, condamner des innocents à être mis à la porte. Son comportement ira même jusqu'à occasionner la mort. Drôle de puissance pour une frêle jeune femme qui se dit victime. Une victime qui se défend avec des mots, des armes invisibles mais pas moins efficaces.
Puis Emily se réveille.
"Je reviendrai à mon cahier. A tout ce qu'il y a de faux et de vrai écrit à l'intérieur. Je n'y écrirai plus que mon bonheur, ma joie d'être là et d'être juste. Je renoncerai à voyager. Je renoncerai à suivre les plumes, les trains, les bateaux. Virginia comprendra. Ma vie de femme et de mère est ici. Je l'ai admis. Je ne suis plus la même. J'ai changé. Je suis celle que je veux être. Enfin. (p.181)"

Un an passe. Terence dépérit. Il souffre même. Emily décide d'abréger ses souffrances. Raté. Elle provoque l'indignation de son amant qui la chasse. Ce sera le signal de départ pour Ellis Island, Virginia l'y attend.

Un livre désiré (cette formule n'est-elle pas un gage en soi ?) après la lecture du billet de Holly qui pourtant ne racontait pas l'histoire (mais quand Holly estime un livre, c'est qu'il a quelque chose de plus).

Un livre dévoré en quelques heures, je suis parfois exigeante avec les dénouements ! Néanmoins l'histoire me laisse sur ma faim. Je m'explique. Un style magnifique, certains paragraphes sont "trop beaux" comme disent les jeunes aujourd'hui. A en pâlir d'envie. Avec un talent pareil, j'aurai fait une héroïne admirable, or je trouve qu'elle "craint".

D'elle, on ne sait rien de réel au fond. Même le journal ne reflète -peut-être pas- la réalité.
Emily reste à la surface, elle y flotte, comme si elle avait peur d'être elle-même. Elle ne se voit qu'au travers de sa soeur, qui semble si insouciante. Ah ! quelle contrariété ai-je eu quand les soeurs se manquent de quelques jours autour de la tombe de leur parents !

Mais je dis que je reste sur ma faim, c'est que j'aime les histoires qui finissent bien. Je vais finir par croire que j'ai un fond romantique !
Tant qu'à faire, je vous livre ma version. Rien n'empêche qu'Emily soit parmi les survivants, non rien ne l'empêche !
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Je ne suis pas particulièrement connaisseuse ni passionnée par les romans victoriens, leur préférant souvent les contemporains, mais de temps en temps, un bon changement d'air s'impose et je suis ravie de lire Henry James ou W. Wilkie Collins. La présentation de ce roman français contemporain m'a intriguée, sans que je sois sûre d'y trouver… ce que j'y cherchais. Je l'ai lu sans déplaisir et en alignant page après page sans respirer, mais au bout du livre, je suis un peu mitigée.
A la fin du XIXème siècle, Emily Pearl, jeune fille d'origine très modeste qui se verrait bien sortir de sa condition, obtient un emploi de préceptrice auprès d'un jeune garçon à l'esprit vif mais à la santé fragile. le maître des lieux est comme il se doit veuf et d'une séduction un peu trouble. Emily tient un journal intime, sans pudeur ni tabou, dans un style plutôt contemporain un peu déroutant au début. Passons sur cela, c'est un choix original de l'auteur, tout à fait intéressant et auquel je me suis vite adaptée. Entrer dans l'univers d'Emily, dans ses rêves, ses frustrations, ses fantasmes, est captivant, et surtout le versant de ses relations épistolaires avec sa soeur Virginia qui, d'une vie d'ouvrière du textile à Londres a immigré en Amérique où elle mène une vie très heureuse avec son époux Elliot, pasteur engagé. J'imaginais que cette soeur était un double fantasmé d'Emily et qu'une révélation viendrait le prouver à la fin du livre, cela n'apparaît pas ou alors de façon trop subtile pour moi… Une fin plus fantastique aurait pu s'ouvrir aussi, avec l'eau et l'ambiance poisseuse qui en résulte, omniprésente dans le récit d'Emily, mais là encore, ce que je pressentais n'est pas arrivé.
Je dois reconnaître le talent de Cécile Ladjali à créer une atmosphère et à nous mener où elle veut, tout en nous faisant attendre autre chose ! Ce roman m'a un peu rappelé Ailleurs de Julia Leigh, lu l'année dernière, quoique j'ai davantage apprécié celui que je viens de finir, moins malsain qu'Ailleurs. Je me rends compte que j'ai très peu raconté ces vies d'Emily Pearl, vous verrez qu'il vaut mieux en savoir le moins possible pour les découvrir, ce que je vous engage à faire malgré mes quelques réticences.

Lien : http://lettres-expres.over-b..
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