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J'avais lu il y a assez longtemps Comment faire l'amour à un nègre sans se fatiguer de Dany Laferrière mais je n'en ai pas beaucoup de souvenirs. le goût des jeunes filles est un titre assez provocateur et effectivement, on suit un adolescent qui, caché par un concours de circonstances dans un bordel, fait la connaissance des jeunes filles qui y sont : Miki, Choupette, Marie-Erna, Marie-Flore, Marie-Michèle et Pasqualine. L'alternance entre l'observation des discussions des demoiselles et les notes du journal intime de Marie-Michèle, une jeune bourgeoise qui a trouvé refuge ici et se pose des questions sur sa condition, est intéressant. de même, on entraperçoit la misère de Haïti à travers leurs mots moqueurs de filles, leurs conditions...
Il faut quand même le temps de faire connaissance avec toutes ces filles, j'avoue avoir été bien perdue au début par leur nombre et le scénario très particulier. Les discussions entre filles sont très orientées (confère le titre) et j'ai été un peu genée par leur jeune âge.
Un livre qui est restée longtemps dans ma bibliothèque avant d'être lu, ça reste tout de même une lecture agréable qui m'a fait découvrir Haïti des années 60, ses différents classes sociales.
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Qui sont ces jeunes filles à la beauté insolente qui en ce début d'années 70 sillonnent les rues de Port-au-Prince à bord de la Buick du mystérieux Papa ?
C'est ce que nous découvrons sous le regard croisé d'un jeune garçon qui les observe, d'abord de loin puis de fort près, et de l'une d'entre elles qui écrit un journal intime . Enfin pas vraiment l'une d'entre elles car Marie Michèle ne fait pas partie de leur monde. Elle vient d'un milieu très privilégié, un "cercle doré" qu'elle déteste et fuit tant qu'elle peut en infiltrant la bande des filles.
Vues au travers du prisme de la jeunesse ou de l'inexpérience des deux adolescents, les jeunes filles paraissent superficielles ne pensant qu'à aller danser, se baigner, se chamailler et draguer mais cette façade de futilité cache une révolte, un refus de se laisser subordonner à une dictature. Elles sont les filles d'un peuple qui vit dans un monde de misère et de terreur où le danger de mourir, et pas seulement de chaud, est omniprésent. Pour survivre, échapper aux difficultés insurmontables de la vie quotidienne, elles ne disposent que de leur extraordinaire appétit de vivre et de leurs corps dont elles usent comme elles l'entendent. C'est leur seule solution mais sont-elles plus libres pour autant ?
Roman d'initiation et peinture de la société haïtienne sous le régime de Duvalier, le goût des jeunes filles est aussi un bel un hommage de l'auteur aux femmes de son île natale, à sa culture et aussi plus largement à la poésie et la littérature.
Tout dans ce roman n'est pas palpitant, certaines conversations m'ont paru un peu ennuyeuses. En revanche d'autres sont franchement hilarantes et en particulier celle à propos de Françoise Sagan. Finalement, ce que j'ai préféré dans ce roman ce sont les pages du journal de Marie Michèle dans lequel elle dénonce avec férocité les travers d'une classe en position ultra-minoritaire mais qui domine le reste du pays.
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Vous ne savez pas quoi faire cette fin de semaine? Tiens, je vous propose un week-end chaud et épicé sur Port-au-Prince : embarquez-vous dans le goût des jeunes filles de Danny Laferrière. C'est un roman, un voyage furtif et sensuel sur la capitale haïtienne, avec une provision suffisante de drôleries.

Qu'est-ce qu'elles ont de si particulier ces jeunes filles ? Choupette mène son vieil amant par le bout du nez. Pascaline, longiligne et charmante, a su dompter le sien, un homme athlétique à l'allure d'un tueur. Miki est somptueusement entretenue par un jeune ministre. Qu'est-ce qu'elles ont de si particulier donc ? C'est tout simplement leur goût, le goût des jeunes filles auquel ne peuvent résister les hommes.

Choupette, Marie-Flore, Marie-Erna, Pascaline, Miki, Marie-Michèle récidivent en Haïti avec dix ans de retard la révolution des moeurs qui a secoué les sociétés occidentales dans les années 60. Les bars, les boîtes de nuit, la plage, le sexe, la coke, c'est le quotidien de ces jeunes filles à l'esprit libre et déluré. Toutefois l'épicentre de cette effervescence a plutôt lieu dans les quartiers pauvres de Port-au-Prince. La petite bourgeoisie cloîtrée dans son petit monde à Pétionville ignore tout de ces remous sociétaux. Hormis Marie-Michèle qui, dans son journal d'ado, pose un regard acide et sans concession sur la classe sociale aristocratique et rétrograde à laquelle elle appartient. Sa propre mère n'y échappe pas, elle est même le centre de sa réflexion et incarne cette poignée de riches qui vit en « quarantaine », avec des barrières sociales bien étanches, au milieu d'une population en grande majorité pauvre. Oisives, les femmes forment un cercle clanique et passent leur temps dans des cocktails, des expositions, des galas sélects dans les ambassades, ou à apprendre des langues étrangères. Pour autant leur vie n'est pas si rose que cela. Elle est minée par la jalousie entre membres du cercle, la médisance, le conflit au sujet de l'héritage, l'insatisfaction sexuelle et l'adultère.

Quant aux jeunes filles engoncées dans ce système archaïque et bourgeois, elles n'osent pas révéler leurs fantasmes, leurs désirs. Les rares, comme Marie-Michèle, qui contestent ce diktat, cette chape de plomb morale, et tissent des relations sans chasteté, sont qualifiées de salopes. Cependant le problème de cette adolescente de dix-sept ans est au-delà du seul droit de toutes les jeunes filles de s'éclater librement. Elle reste surtout révoltée contre la starification étanche de la société haïtienne, l'égoïsme, le snobisme, la condescendance d'une petite bourgeoisie qui semble vivre sur une autre planète. Ce trouble identitaire la pousse justement à fréquenter le monde d'en bas, le monde des pauvres et se rend compte que c'est dans ce capharnaüm de misère et d'agitation que bat le vrai coeur d'Haïti. Sachant qu'elle ne pourrait réconcilier ces deux mondes, elle a préféré s'exiler en Amérique.

Le goût des jeunes filles est le livre d'un double procès. L'auteur accuse en premier lieu la littérature de son pays d'hermétisme, de grandiloquence, d'aveuglement et même de compromission. Magloire Saint-Aude, suffisamment cité dans le livre, et Léon laleau incarnent cette tendance de la littérature haïtienne. L'un est un poète hermétique à l'attitude douteuse (ami du dictateur Duvalier jusqu'à sa mort) bien qu'apprécié par l'auteur-narrateur, l'autre est un poète aveugle, qui ne sait pas lire dans le coeur de ses muses. Il accuse en deuxième lieu la bourgeoisie haïtienne d'égoïsme, de cupidité, de sentiment de supériorité. Et rares sont enfin de compte ceux qui sortent blanchis de ce double procès. On pourrait citer Marie-Michèle, une insurgée contre le luxe insolent et égoïste de sa propre classe sociale et René Depestre, le poète qui tire à boulets rouges sur l'aristocratie et partage le sort des pauvres gens.

Belle réflexion sur la littérature et la société haïtiennes, ce roman est certainement né d'un double manque. Celui d'un livre au style simple et clair et celui d'un livre qui parle de la génération des jeunes filles de vingt ans. Au fil des pages, le bouillonnement de la jeunesse du pays, les questionnements traversant cette société, sont racontés sous deux niveaux, deux regards. Celui du héros-narrateur en la personne de l'auteur et celui d'une narratrice seconde sous la forme d'un journal, Marie-Michèle. le tout livré dans une langue simple et claire, sans fioritures. le goût des jeunes filles fait partie d'un cycle romanesque qualifié par l'auteur d'« Autobiographie américaine ». C'est en réalité une autofiction.

Les dialogues sont nombreux, salés et drôles. L'humour et la crudité du langage sont d'ailleurs la marque de fabrique de ce livre sensuel avec en toile de fond la dictature sous Duvalier et sa horde de tontons macoutes.

Malgré les propos vulgaires et très terre à terre du personnage de Choupette, celui-ci trotte longtemps dans l'esprit du lecteur. Mais c'est le personnage de Tante Raymonde que j'ai trouvé le plus attachant. Sa personnalité acariâtre, loufoque, à l'humour irrésistible, m'a profondément touché.
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Retour de lecture sur "Le goût des jeunes filles", un roman au titre proustien de Dany Laferrière, publié en 1992. L'histoire se passe à Haïti à Port-au-Prince en 1971, l'année de la mort du dictateur François Duvalier "Papa Doc" qui sera remplacé par son fils "Baby doc" tout aussi violent. C'est dans ce pays contrôlé par les tontons macoutes, hommes de main du dictateur, et dans ce contexte de misère et d'insécurité sociale et politique que le héros de cette histoire, Dany, jeune adolescent de 15 ans va être obligé de se réfugier dans une maison en face de chez lui, suite à un incident. Dans cette maison vivent Miki et d'autres jeunes filles exubérantes. le jeune homme admirateur du poète local Magloire Saint-Aude, élevé uniquement par des femmes suite à l'exil de son père, va ainsi vivre quelque temps dans l'intimité de ces jeunes femmes et être exposé à leurs obsessions sexuelles d'adolescentes. Ce livre est donc bien sûr un livre sur l'adolescence, un roman d'initiation, mais c'est également une violente critique sociale et politique de ce pays. La narration alterne ainsi entre un descriptif de la vie haïtienne qui donne une image très réaliste de l'atmosphère de cette ancienne colonie française et le journal d'une fille de famille riche, qui à travers ses réflexions, établit une critique sans concession de la classe dirigeante du pays. En mettant chaque fois en opposition l'aspect pitoyable et rétrograde de cette classe d'élites, qui se compromet sans scrupule avec ce régime dictatorial pour préserver ses privilèges et les aventures de ces filles qui, à l'autre extrême, n'ont rien d'autre que leur spontanéité et envie de vivre, l'auteur nous dresse un tableau très contrasté de ce que pouvait être la vie dans ce pays à cette époque, sous cette dictature. Ce livre est également un hommage aux femmes de ce pays. Que ce soit pour les jeunes femmes chez qui se réfugie Dany, souvent agaçantes, où pour la mère et les tantes du héros qui gèrent tout toutes seules, on a toujours droit à un portrait très attachant de ces personnages féminins. le style léger de Laferrière permet une lecture facile et agréable de ce livre, même si cela manque peut-être un peu de passion. Au final c'est un livre intelligent, très intéressant, qui nous plonge dans le climat particulier de cette île à cette époque, et nous permet de découvrir sa culture à travers une histoire racontée avec une très grande tendresse.
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Le Goût des jeunes filles, Dany Laferrière
Ecrit par Marie-Josée Desvignes dans La Cause Littéraire
Dany Laferrière nous a habitués à ses titres provocateurs et dès son premier roman, Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer, l'insolence, l'humour et l'ironie amère étaient au rendez-vous, des traits que l'on retrouve chez nombre d'auteurs haïtiens, un peu comme pour souligner la nécessité de prendre la vie dans sa « générosité » avec une insouciance et un réel appétit de vivre, qui tient sans doute à la lucidité de ce peuple soumis régulièrement à des épreuves et des traumatismes et à leur force de vie aussi. Dans Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer, avec une intrigue centrée sur la drague, Dany Laferrière mettait en scène l'abstinence sexuelle de Bouba, colocataire du narrateur qui cite le Coran à tout bout de champ pour s'interdire de faire l'amour (« Allah est grand et Freud est son prophète »). Ce texte irrésistiblement drôle cache comme toujours chez Laferrière un discours beaucoup plus politique sur la négritude, et est délibérément basé sur les rapports exogènes entre noirs et blanches et celui des classes et des races ; il était le pendant de celui-ci.

Publié initialement en 2005 chez Grasset, le Goût des jeunes filles, au titre proustien pour un texte ultra-réaliste, rempli d'humour et dont chaque titre de chapitre est sous l'égide du poète Magloire Saint-Aude, nous donne à lire une sociologie du désir amoureux au féminin, avec une version féminine aussi de la vie en bande du côté des filles. Il y a la bande à Miki et il y a Marie-Michèle qui appartient au milieu huppé de la société de Port-au-Prince, qui se mêle aux autres filles, « des rôdeuses, des moqueuses, des paresseuses, des prostituées qu'il rêvait de rencontrer quand il avait quinze ans », celles de la rue donc, pour en finir avec l'hypocrisie de sa classe qui bien que minoritaire opprime le reste du peuple.

L'exilé haïtien a croisé durant toute son adolescence ces jeunes femmes pleines de vie et d'insolence, instigatrices de son goût pour l'amour, la poésie, la révolte. Avec un retour à ses quinze ans, le souvenir de ces femmes-là va pousser le narrateur à revenir le temps d'un week-end à retrouver les instants précieux mais aussi dangereux qu'il a vécus dans ce quartier.

On est en 1968 en plein régime Duvalier et ses tontons macoutes qui rodent partout dans les rues de Port-au-Prince. Si danger, il y a, il n'est pas de ce côté-ci de la rue.

Ton insolent pour jeunes filles insolentes qui semblent n'avoir peur de rien et auxquelles aucun homme ne résiste, véritables déesses de l'amour. Ces jeunes filles qui vivent de l'autre côté de la rue, le narrateur leur laissera la parole tout du long. Elles sont cinq. Paillardes, provocantes, libres de leur corps et riches de leur sensualité, cachant dans leur arrogance la peur qui rôde. Et il y a Marie-Michèle, cette jeune fille bourgeoise donc, bien élevée, qui fraye avec ces délurées, qui nous livre son quotidien dans un journal intime. L'enfer n'est pas toujours là où on le croit et le temps d'un week-end le narrateur va vivre au milieu des angoisses liées à la dictature, des moments de grâce qui vont lui faire paraître cet enfer comme un paradis. Mais pour ces jeunes filles qui se livrent à corps perdus et avec arrogance aux jeux de l'amour pour exister, dans le fracas, au milieu du désastre, quelle véritable relation à leur corps, quelle vie que la leur, faussement enchantée et enchanteresse ? le lecteur qui lit et vit au rythme de ces filles langoureuses qui ne parlent que de désir et de sexe peut-il oublier complètement que les amants de ces filles sont des êtres sanguinaires à la solde d'un dictateur. Lorsque la sublime Pascaline s'offre au « marsouin », est-ce pour le frisson du désir ou pour espérer ainsi un moyen de revoir son frère disparu. Quoi qu'en semble éprouver le narrateur de quinze ans qui, le temps d'un week-end, oublie lui aussi que partout dans la vie règnent la peur et l'horreur.

L'impertinence caractérise l'homme libre, le poète, le rêveur. « C'est simple, pour empêcher un Haïtien de rêver, il faut l'abattre » écrivait Laferrière dans Vers le sud. Procès de la compromission de la littérature de son pays qu'incarne la figure du poète Magloire pourtant tant apprécié de l'auteur, et procès de la cupidité de la bourgeoisie minoritaire égoïste au sort des plus pauvres, le Goût des jeunes filles est surtout une chronique de la vie haïtienne.

Marie-Josée Desvignes
Lien : http://www.lacauselitteraire..
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Dans « le goût des jeunes filles », Dany Laferrière se souvient de ses quinze ans et du week-end durant lequel il dut se réfugier dans un appartement en face de chez lui, à Port-au-Prince, alors qu'il se pensait poursuivi par un Tonton Macoute. le flat sert de base arrière pour un groupe de jeunes filles un rien plus âgées que lui. Pasqualine, Marie-Michèle, Miki, Choupette et les autres viennent de tous les couches de la société haïtienne, filles des bidonvilles ou de la très exclusive bourgeoisie de Pétionville. Dans l'appartement, elles n'arrêtent pas de se crêper le chignon, mais le soir, elles s'unissent pour écumer les bars et les boîtes de la ville, et faire tourner les hommes – respectables hommes mariés ou jeunes voyous – autour de leur petit doigt. le jeune garçon observe ébahi ce manège ne sachant trop si les filles sont à plaindre ou à envier, jusqu'à ce que lui-même soit entraîné à goûter au charme d'une d'entre elles.
Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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Je pensais à un roman festif, coloré et bien piquant, j'ai trouvé, à la place, un roman noir, sombre et consternant. Plus que la joie et la bonne humeur, ces filles qui font l'admiration du narrateur m'ont, en effet, transmis quelque chose qui relève d'une gêne et d'une peine. J'ai été triste pour elles, pour leur vie, pour les drames et les malheurs qu'elles avaient à subir. Elles veulent échapper à la tristesse de leur pays en profitant de leur jeunesse, en usant de leur corps, en tirant profit de leur beauté mais elles le font avec une certaine démesure, avec une certaine sauvagerie qui donne l'impression d'une fuite en avant comme s'il fallait vivre la vie à pleine dent tant elle est fragile et volatile. Dans ce pays que je ne connais pas, l'Haïti, elles essayent de survivre en riant à gorge déployé. La note sonne fausse et ce n'est pas la joie qu'on ressent car elles ont beau s'habiller de lumière, le décor est trop sombre pour émerveiller. Dans ce pays si violent, leur sexualité débridée ne fait qu'écoeurer parce qu'on a l'impression qu'elle n'existe que pour leur assurer la vie. Ce n'est pas ce que j'appelle, moi, la Liberté. C'est plutôt ce que j'appelle, moi, une monnaie d'échange, un ticket de rationnement. Passé ces instants de gêne, je dois reconnaître le talent de l'auteur qui sait écrire de différentes couleurs. Sa plume évolue, se modèle selon les personnages qui parlent et racontent. C'est bien fait et bien écrit mais ça n'a pas suffit pour faire de ce roman un de mes coup de coeur.
Lien : http://mezelamin.blogspot.fr..
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Je trouve le titre de ce livre particulièrement bien choisi. Dany Laferrière nous raconte l'histoire d'un jeune garçon vivant avec sa mère et ses quatre tantes juste en face de la demeure d'une jeune femme qui reçoit quotidiennement ses cinq amies. Ainsi que leurs courtisans... Cela fait six jeunes femmes qui aiment la musique, la danse, s'amuser, qui entrent et sortent, vont et viennent sous les yeux de ce garçon bientôt adulte.
Et puis un jour, à cause d'une mauvaise blague de son copain Gégé, cet adolescent demande à se cacher chez ces jeunes filles. Et là, il a beau se réfugier dans la lecture, il ne peut rester insensible à tous ces charmes.
Dany Laferrière nous dépeint avec justesse et délicatesse deux mondes totalement différents en Haïti : celui des beaux quartiers de Pétionville et celui de filles de Port-au-Prince, qui passent directement de l'âge de l'enfance à celui, impitoyable, du monde adulte. Il a vécu entouré de ces femmes (ses tantes, ses voisines) et nous dévoile avec tact leurs réalités, leurs envies, leurs épreuves, leurs amours.
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En usant de l'analepse, le narrateur évoque ses propres souvenirs auxquels se mêlent les événements et réflexions consignés dans le journal de Marie-Michèle. On découvre ainsi, tout à la fois , l'univers d'un groupe de jeunes filles vivant à Haïti, la misère d'un pays gouverné par Duvallier où les tontons Macoutes font régner la violence .

Port-au-Prince, 1971 : Choupette, Marie-Erna, Marie-Flore, Marie-Michèle, Pascaline, dix huit ans pour la plus part, font partie de la bande à Miki. Oiseuses, insolentes, elles vivent d'expédients et de la prostitution.
Le narrateur, tout jeune garçon au moment des faits, va se réfugier chez Miki pour échapper aux représailles des marsouins ( « C'est ainsi que Gégé appelle les tontons macoutes ») . Enfermé chez elle, il va finalement connaître sa première expérience sexuelle .
L'histoire narrée permet de mieux connaître la culture de ce pays à travers sa musique (les groupes de musiciens comme les Shupa shupa), sa littérature (Magloire Saint Aude, poète surréaliste haïtien) , son cinéma, ses artistes, mais aussi la terreur ambiante, la corruption, les inégalités, la pauvreté.
Marie-Michèle, elle, vient d'un milieu privilégié, dans son journal elle dénonce les travers du clan dont elle est originaire (égoïsme, superficialité.. « Si elles cachent leur misère, moi je cache ma richesse ».). A la fin du roman on apprend que ce journal intime est publié vingt cinq ans après « États d'âme d'une petite bourgeoise en mal de conscience politique »
L'interview de Marie-Michèle qui clôture le roman livre aussi beaucoup d'informations sur la vie haïtienne et ses habitants.





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A Port-au-Prince dans les années 70, un adolescent élevé par des femmes, son père étant en exil politique, est traqué par des « marsouins » (maquereaux) et doit se cacher dans la maison de sa belle et jeune voisine, Miki. Discret, passant son temps à lire des livres, Dany voit évoluer la bande d'amies de Miki, délurées, sensuelles, joyeuses, querelleuses, impertinentes. Pasqualine, d'une beauté irrésistible, Choupette, effrontée, Marie-Michelle, la grande bourgeoise en immersion qui tient un journal, Marie-Edna, Marie-Flore.
Le livre fait vivre la liberté et la sensualité de ces jeunes filles, les émois de Dani, l'atmosphère de Port-au-Prince qui apparaît comme une ville très animée et pas aussi cadenassé qu'on pourrait le croire par les Tontons Macoute.
La joie de vivre, l'humour de DL sont bien là, sa profondeur aussi. TB.
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