En fait après une présentation générale, on a cinq dessins commentés d'Henriot, sûrement des Années folles, évoquant le début de la décennie 1910. On trouvera une demi-douzaine d'autres dessins toujours d'Henriot évoquant le front et l'arrière pour la période de la Grande Guerre.
Suit un rappel de la Guerre de 1870 avec sa conséquence la perte de l'Alsace-Lorraine. L'auteur de l'ouvrage présente ensuite son grand-père Joseph Guilhot de Lagarde, issu d'une famille de petite noblesse calviniste ayant abjuré le protestantisme et résidant à Saint-Jean-Lherm depuis le XIXe siècle (au nord-est de Toulouse).
Joseph, né en en 1872, fait Saint-Cyr et à la déclaration de guerre il est capitaine au 156e RI en caserne à Toul. Comme officier le plus ancien, il est adjoint du colonel, ce qui lui donne la possibilité d'avoir des renseignements pertinents sur certains combats et autour de faits impliquant des soldats. On a du mal à comprendre d'ailleurs comment Joseph Guilhot de Lagarde soit resté capitaine durant toute la Guerre alors que nombre de commandants (dont notre arrière-grand-père) furent fauchés. Cet officier étant très catholique, c'est l'occasion de voir une des images pieuses recto-verso qu'il portait sur lui, celle avec la Sacré-coeur de Jésus au centre du drapeau tricolore (page 19).
Son parcours durant le conflit est résumé, on a de plus la très bonne idée de mettre une carte du front en 1915, avec indication de tous les endroits où notre officier combat de 1914 à 1918. Ainsi voit-on que le 11 novembre 1918 il est à Gand en Belgique dans les rangs du 97e RI d'infanterie alpine (basé en temps de paix à Chambéry). Cerise sur le gâteau, on suit également sur une autre carte le séjour en novembre et début décembre de ce capitaine en Belgique puis à partir de la mi-janvier en Allemagne, entre-temps il est en permission.
Ceci est l'occasion de rappeler, y compris par une photo, que le gouvernement belge réside de fin 1914 à novembre 1918 à Sainte-Adresse à côté du Havre. Des images de la retraite allemande et de la libération de la Belgique sont offertes dont celle centré sur un groupe d'enfants wallons venus applaudir le Président Poincaré à Tournai début novembre. Deux pages rappellent que l'infirmière Édith
Cavell fut fusillé pour espionnage en octobre 1915, nous ajouterons que n'est pas seulement en Belgique que des statues lui furent dédiées dans les années 1920 puisque l'on en trouve une devant l'entrée de l'hôpital de Belfort.
Pour illustrer le rêve d'une Rhénanie indépendante, portée par Poincaré, Joffre et une bonne partie de la droite française, est offerte une carte des départements français sous la période napoléonienne, il est dommage que des erreurs existent tant pour le découpage proposé des départements (au-delà des simplifications tolérables) que dans l'ensemble rhénan allemand des années 1920. Par contre la carte montrant la zone d'occupation de la Rhénanie est claire, même si les Belges regretteront que soient pas portés les cantons rédimés.
La moitié de l'ouvrage est consacré à nous évoquer la Rhénanie sous l'occupation allié. Notre commandant quitte l'Allemagne durant l'été 1920 et c'est à Lyon qu'il sera nommé lieutenant-colonel en septembre 1922. Il a été frappé par une certaine prospérité des villes allemandes, il faut dire qu'il prend comme point de référence les communes françaises ravagées par le conflit. de nombreux aspects de la vie des populations civiles allemandes et des troupes françaises séjournant en Rhénanie sont évoqués. Seul bémol pour cet ouvrage le titre, en effet le contenu est bien plus large que ce que l'on s'attendait.