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EAN : 9782745940940
96 pages
Milan (08/10/2009)
4.54/5   14 notes
Résumé :

Un film culte vous laisse des souvenirs plein la tête. Des scènes qu'on voit et revoit avec le même plaisir que la première fois. Des répliques qui vous accompagnent au quotidien. Les Tontons flingueurs, c'est ça et bien plus encore ! Ce livre vous fait découvrir ce " bien plus encore ". Des photos inédites, des anecdotes, des détails savoureux racontés par les protagonistes du film, acteurs, équipe tec... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Une supposition, j'dis bien une supposition, que tu m'demandes, comme ça au pied levé, qui c'est, ce mec, Michel Audiard ?

Y a qu'un cave de ton espèce pour poser une question commaque ! Michel Audiard, mon pote, c'est un cador, une épée, un seigneur ! Des comme lui y en a un par millénaire, même en comptant les années bissextiles ! Michel Audiard c'est le roi du porte-plume, l'empereur de la jactance, le Charlemagne des écriveurs du cinématographe !

Eh bien, oui, c'est bien tout ça Michel Audiard ! Acteur, auteur, scénariste, dialoguiste, réalisateur… Il a tout fait dans le 7ème art, et ce qui l'a propulsé au firmament de la célébrité c'est bien sûr la qualité de ses dialogues ciselés avec un mélange d'humour, d'impertinence et de justesse :
Le Narrateur : Voici donc Francis Lagneau, dit « Petit Marquis », dit « Chérubin », dit « Talon Rouge », dit « Falbala », dit « Belles Manières ». Il est également connu, dans certains milieux, sous le sobriquet de « Requiem », dit « Bazooka », dit « La Praline », dit « Belle Châtaigne ». C'est curieux comme les gens sont méchants. (Présentation de Francis Lagneau (Lino Ventura) l'agent secret français dans Les Barbouzes)
Aujourd'hui, il y a des jeunes de vingt ans qui peuvent déclamer des tirades entières des Tontons Flingueurs ou des Barbouzes. Comment expliquer un tel phénomène ? Sinon enconstatant que Michel Audiard est non seulement représentatif de son époque (les années 60 et 70) mais en même temps porteur d'une intemporalité qui, à mon avis est une preuve de la permanence de l'esprit français.
Michel Audiard (1920-1985) est l'auteur d'une dizaine de romans, de quelques recueils de souvenirs ou d'anecdotes, mais c'est bien à son activité dans le cinéma qu'il doit sa célébrité... et sa popularité.
Parmi les quelques cent-vingt films qu'il a scénarisés et/ou dialogués, plus de la moitié ont été, grâce à lui, des succès retentissants, et une bonne trentaine figurent parmi des modèles du genre. Parmi ces derniers, on retiendra particulièrement : Un taxi pour Tobrouk (1960), le Président (1960), le cave se rebiffe (1961), Un singe en hiver (1962), Les Tontons flingueurs (1963), Les Barbouzes (1964), Ne nous fâchons pas (1966), Un idiot à Paris (1967), le Pacha (1968), Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages (1968), Tendre poulet (1978)... et bien d'autres.
Le secret de cette réussite est bien sûr la qualité de son écriture : à la fois très cultivée, et très populaire (la gouaille glisse parfois vers un argot un peu sophistiqué), "au coin du bon sens", d'un humour la plupart du temps caustique, basée souvent sur le contraste entre les personnages, les situations et les dialogues (ce qui crée un décalage réjouissant), et surtout bâtie sur mesure pour des acteurs hors norme . Jean Gabin, Bernard Blier, Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo (j'en passe et des meilleurs).
Les Tontons flingueurs représente sans doute la quintessence de l'humour d'Audiard.
C'est l'histoire de Fernand Naudin, commerçant à Montauban ("On ne devrait jamais quitter Montauban") et ex-truand, plus ou moins repenti. Son passé le rappelle quand son ami le Mexicain lui demande d'assurer son entreprise de grand banditisme (prostitution, distillerie clandestine et filouteries de toutes sortes) ainsi que la tutelle de sa fille Patricia. Il faudra bien de la patience à Fernand pour remettre de l'ordre dans la maison, mais il peut compter sur l'aide d'ami fidèles, Maïtre Folace ("Y a que l'argent qui devait rentrer sous huitaine, n'est toujours pas rentré. Y a que l'éducation de la princesse, cheval, musique, peinture, etc… atteint un budget « élyséen ». Et y a que vos dépenses somptuaires ont presque des allures africaines !"), Pascal, le garde du corps ("Monsieur Fernand, y a peut-être une place pour moi dans votre auto, dès fois que la réunion devienne houleuse, j'ai une présence tranquillisante..." ou encore Jean, l'ineffable majordome ("Allons vite, messieurs, quelqu'un pourrait venir, on pourrait se méprendre, et on jaserait. Nous venons déjà de frôler l'incident"). D'autant plus qu'en face, la concurrence est rude, menée par le terrible Raoul Volfoni ("Mais y connaît pas Raoul, ce mec ! Y va avoir un réveil pénible, j'ai voulu être diplomate à cause de vous tous, éviter que le sang coule, mais maintenant, c'est fini, j'vais le travailler en férocité, l'faire marcher à coups de lattes, à ma pogne j'veux le voir ! Et vous verrez qu'il demandera pardon, et au garde à vous…") et la jeune Patricia n'est pas non plus de tout repos ("Patricia, mon petit, je ne voudrais pas te paraître vieux jeu, encore moins grossier, l'homme de la pampa, parfois rude, reste toujours courtois, mais la vérité m'oblige à te le dire : ton Antoine commence à me les briser MENU !")

On pourrait citer chaque réplique, tant elles sont ciselées, adaptées aux personnages,(et aux acteurs) et d'un humour réellement intemporel

Faut pas prendre les Tontons flingueurs pour des Barbouzes sauvages (ou le contraire !)
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Je suis resté longtemps hermétique aux Tontons flingueurs, à Audiard. Je ne sais pas trop pourquoi, je trouvais ça vulgaire, mufle, pas rock and roll. Je me suis longtemps demandé où était la plus value, et comment se faisait-il qu'il y avait une clientèle inconditionnelle pour cela ? Plutôt que de me fier au quand dira- t-on, j'aurais dû commencer par voir le film. Comme on ne met pas son chapeau avant de s'habiller ! J'ai fini par voir le film il n'y a pas longtemps, et je trouve ça irrésistible, et magnifiquement innovant, servi de main de maître par .., un délassement total.

Pour démarrer sur les chapeaux de roues cette année 2021..
Tout a été revu, pensé minutieusement par l'équipe d'artistes. Une équipe d'artistes hors pair ! Ca me fait penser à la DS -déesse- probablement de la même époque qui en tant qui confort routier, conception de voiture de demain, de classe grande routière pour ceux qui avaient de "l'artiche", aurait dit Audiard, avait été revue techniquement, en ingénierie, en design, de bout en bout , ben ici c'est pareil avec la drôlerie en plus..

C'est du moins mon humble avis aujourd'hui ou c'est comme ça que je vois les choses ..
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Livre culte pour film culte. Même s'il ne faut pas résumer Michel Audiard à cette oeuvre uniquement. Il y en a de nombreuses autres, et parfois de plus haute volée, mais quand même, la truculence des dialogues, les scènes inoubliables (celle de la cuisine reste mémorable et me fait toujours mourir de rire 20 ans après ma première séance), chacun trouvera son bonheur dans ce livre, même ceux qui n'ont pas vu le film (ça existe ?!). Des anecdotes sur le tournage (acteurs, auteurs, réalisateurs...), des photographies, des dialogues...
A (re)découvrir pour une époque où le cinéma français (sans faire de chauvinisme, hein !) savait se faire plaisir et en apporter à son public...
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On m'a offert ce livre pour un Noël, et c'est tant mieux, car, je ne l'aurai pas acheté. Pourquoi, est-il mauvais ? Que non point, il est même plutôt bon, très bien documenté, il est quasi exhaustif sur le célèbre film de Lautner, film devenu culte et surtout toujours cité quand on parle de Michel Audiard, et c'est là le bémol, "Les tontons flingueurs" est une parodie des films de truands réussie, avec une très belle distribution, et bien sur les dialogues font mouche. Mais, il est regrettable de réduire Audiard à ce film ou à ce type de dialogue (Soit dit en passant, dans la même veine, je trouve celui d' "Un singe en hiver" meilleur, avis personnel). Il est normal qu'Audiard, ne fasse pas l'unanimité, mais je crois surtout qu'il est méconnu, jugez le aussi, sur ses romans, ou sur les dialogues de films comme "garde à vue" ou "On ne meurt que deux fois"....
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Les Tontons Flingueurs trône au palmarès des films cultes du cinéma français. Un chef d'oeuvre qui, cinquante ans après, fait toujours partie des films préférés du public. Dans ce dictionnaire "façon puzzle", l'auteur rend hommage à un monument d'humour décalé, de personnages loufoques et de situations abracadabrantesques. Sans oublier les plus grandes répliques devenues des classiques ("Touche pas au grisbi salope !", "Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît", etc). de A comme Audiard à Z comme Série Z, de G comme Grisbi à V comme Volfoni, de B comme Blier à l'comme Lautner : entrez dans l'univers et les coulisses d'un film de légende.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Scène de la cuisine


MAITRE FOLACE : Vous croyez qu’ils oseraient venir ici ?
MONSIEUR FERNAND : Les cons, ça ose tout ! C’est même à ça qu’on les reconnaît.

Les Volfoni sonnent à la porte et entrent.

PAUL VOLFONI : T’es sûr que tu t’es pas gouré de crèche ?
RAOUL VOLFONI : J’me goure jamais, en rien.
UNE INVITEE : Scotch ou jus de fruit ?
RAOUL VOLFONI : Rien ! Si c’est notre pognon qu’ils sont en train d’arroser, les petits comiques, ça va saigner ! dites donc, mon brave…
JEAN : Monsieur ?
RAOUL VOLFONI : Il est là, votre patron ?
JEAN : Qui demandez-vous ?
RAOUL VOLFONI : Monsieur Fernand Naudin.
JEAN : Monsieur Fernand…
RAOUL VOLFONI : …Fernand l’emmerdeur, Fernand le malhonnête, c’est comme ça que j’l’appelle moi.
JEAN : Si ces messieurs veulent bien suivre…
RAOUL VOLFONI : Et comment ! Alors tu viens, dis !
JEAN : Si vous voulez bien vous donner la peine d’entrer.

Dans la cuisine

RAOUL VOLFONI : Bougez pas ! Les mains sur la table. J’vous préviens qu’on a la puissance de feu d’un croiseur et des flingues de concours
JEAN : Si ces messieurs veulent bien me les confier…
RAOUL VOLFONI : Quoi ?

Patricia fait irruption dans la cuisine.

PATRICIA : Oh non, on est encore en panne de sandwiches. Tu sais, mon oncle, si tes amis veulent danser…

Patricia ressort de la cuisine.

JEAN : Allons vite, messieurs, quelqu’un pourrait venir, on pourrait se méprendre, et on jaserait. Nous venons déjà de frôler l’incident.
MONSIEUR FERNAND : Tu sais ce que je devrais faire, rien que pour le principe…
RAOUL VOLFONI : Tu trouves pas que c’est un peu rapproché ?
PAUL VOLFONI : J’te disais que cette démarche ne s’imposait pas. Au fond, maintenant, les diplomates prendraient plutôt le pas sur les hommes d’action. L’époque serait aux tables rondes et à la détente. Hein ? Qu’est-ce que t’en penses ?
MONSIEUR FERNAND : J’dis pas non.
RAOUL VOLFONI : Bé dis donc, on est quand même pas venu pour beurrer des sandwiches ?
PAUL VOLFONI : Pourquoi pas ? Au contraire, les tâches ménagères ne sont pas sans noblesse. Surtout lorsqu’elles constituent le premier pas vers des négociations fructueuses. Hein ?... Merci.
MONSIEUR FERNAND : Maître Folace, vous avez oublié de planquer les motifs de fâcherie.
PAUL VOLFONI : Oh, monsieur Fernand…
MONSIEUR FERNAND : Tu connais la vie, monsieur Paul… Mais pour en revenir au travail manuel, ce que vous disiez est finement observé. Et puis ça reste une base.
RAOUL VOLFONI : Ça, c’est bien vrai. Si on rigolait plus souvent, on aurait moins souvent la tête aux bêtises.

Une invitée fait irruption dans la cuisine.

UNE INVITEE : Bonjour. Mais où il est Jean ?
MAITRE FOLACE : Qu’est-ce que vous lui voulez ?
L’INVITEE : Y a plus de glace et y a plus de scotch !
MONSIEUR FERNAND : Maître Folace, donnez-lui des jus de fruit, allez…
L’INVITEE : Pas de jus de fruit, du scotch, vos jus de fruit vous pouvez vous les…
MAITRE FOLACE : … Allons, mademoiselle ! l’oncle de Patricia vous dit qu’il n’y a plus de scotch, un point c’est tout.
L’INVITEE, tendant la main vers l’argent qui traîne sur la table : Vous n’avez qu’en acheter avec ça.
MAITRE FOLACE : Touche pas au grisbi, salope !
RAOUL VOLFONI : L’alcool à c’t’âge là !
MONSIEUR FERNAND : C’est un scandale, hein ?
RAOUL VOLFONI : Nous par contre, on est des adultes, on pourrait peut-être s’en faire un petit ?
MONSIEUR FERNAND : Ça, le fait en est. Maître Folace ?
MAITRE FOLACE : Seulement, le tout venant a été piraté par les mômes. Qu’est-ce qu’on fait, on s’risque sur le bizarre ? Ça va rajeunir personne.
RAOUL VOLFONI : Ben nous voilà sauvés.
JEAN : Tiens, vous avez sorti le vitriol ?
RAOUL VOLFONI : Pourquoi vous dites ça ?
MAITRE FOLACE : Eh !
PAUL VOLFONI : Il a pourtant un air honnête.
MONSIEUR FERNAND : Sans être franchement malhonnête, aux premiers abords, comme ça, il… a l’air assez curieux.
MAITRE FOLACE : Il date du Mexicain, du temps des grandes heures, seulement on a dû arrêter la fabrication, y a des clients qui devenaient aveugles. Oh, ça faisait des histoires.

Ils boivent.

RAOUL VOLFONI : Faut reconnaître, c’est du brutal !
PAUL VOLFONI : Vous avez raison. Il est curieux, hein ?
MONSIEUR FERNAND : J’ai connu une polonaise qu’en prenait au petit déjeuner. (Il boit). Faut quand même admettre que c’est plutôt une boisson d’homme. (Il tousse).

Ils se resservent.

RAOUL VOLFONI : Tu sais pas ce qu’il me rappelle ? C’t’espèce de drôlerie qu’on buvait dans une petite taule de Bien-Hoa, pas tellement loin de Saïgon. Les volets rouges, et la taulière une blonde comac. Comment qu’elle s’appelait, nom de Dieu ?
MONSIEUR FERNAND : Lulu la nantaise.
RAOUL VOLFONI : T’as connu ?
PAUL VOLFONI : J’lui trouve un goût de pomme.
MAITRE FOLACE: Y en a.
RAOUL VOLFONI : Et bien c’est devant chez elle que Lucien-le-Cheval s’est fait dessouder.
MONSIEUR FERNAND : Et par qui, hein ?
RAOUL VOLFONI : Ben, v’là que j’ai pus ma tête.
MONSIEUR FERNAND : Par Teddy de Montréal, un fondu qui travaillait qu’à la dynamite.
RAOUL VOLFONI : Toute une époque !

Dans la salle à manger

PATRICIA: Tu boudes ?
ANTOINE : Bouder, moi ? Tu plaisantes. N’empêche que je commence à en avoir assez moi des amours clandestines ; s’embrasser par téléphone deux fois par jour, c’est bien mignon, mais j’suis un homme, moi, tu comprends ? Tout ça à cause de ton oncle. Ecoute, c’est vraiment trop bête, on dirait vraiment que vous avez tous peur de lui. Mais j’vais aller lui parler moi.
PATRICIA : Tu vas lui parler de quoi ?
ANTOINE : Je vais lui parler de notre mariage, de toi, de moi, de nous.
PATRICIA: Répète un peu ce que tu viens de dire !
ANTOINE : De toi, de moi…
PATRICIA : Non, non, juste le premier mot, c’était le meilleur.

De nouveau dans la cuisine

MAITRE FOLACE : D’accord, d’accord, je dis pas qu’à la fin de sa vie Jo-le-Trembleur il avait pas un peu baissé. Mais n’empêche que pendant les années terribles, sous l’occup’, il butait à tout va. Il a quand même décimé toute une division de panzers.
RAOUL VOLFONI : Ah ? Il était dans les chars ?
MAITRE FOLACE : Non, dans la limonade, sois à c’qu’on te dit !
RAOUL VOLFONI : J’ai plus ma tête…
MAITRE FOLACE : Il avait son secret, le loup.
RAOUL VOLFONI , se levant précipitamment : C’est où ?
JEAN : A droite, au fond du couloir.
MAITRE FOLACE : Et… et… et… 50 kilos de patates, un sac de sciure de bois, il te sortait 25 litres de 3 étoiles à l’alambic ; un vrai magicien, Jo. Et c’est pour ça que je me permets d’intimer l’ordre à certains salisseurs de mémoire qu’ils feraient mieux de fermer leur claque-merde !
PAUL VOLFONI : Vous avez beau dire, y a pas seulement que de la pomme, y a autre chose, ce serait pas des fois de la betterave, hein ?
MONSIEUR FERNAND : Si, y en a aussi.

Dans la salle à manger

RAOUL VOLFONI : On vous apprend quoi à l’école, mon petit chat ? Les jolies filles en savent toujours trop. Vous savez comment je l’vois, votre avenir ? Vous voulez le savoir ?
PATRICIA : Non, non, non…
RAOUL VOLFONI : Ben j’vais vous dire quand même, j’vois une carrière internationale, des voyages, ouais, l’Egypte, par exemple, c’est pas commun ça l’Egypte ? C’qu’ y a d’bien, c’est qu’là-bas, l’artiste est toujours gâté.
ANTOINE : Monsieur désire un renseignement ?
PATRICIA: Non, monsieur me proposait une tournée en Egypte
ANTOINE : Hein ?
RAOUL VOLFONI : Non, j’disais l’Egypte comme ça ! J’aurais aussi bien pu dire… le Liban.
ANTOINE : Je vois, monsieur dirige sans doute une agence de voyage ?
PATRICIA : mais non, voyons, chéri. Monsieur fait la traite des blanches, mais tu sais que c’est courant, allez, viens !

De retour à la cuisine

MONSIEUR FERNAND : J’reprendrais bien quelque chose de consistant, moi !
RAOUL VOLFONI : Dis donc, elle est maquée à un jaloux ta nièce ? J’faisais un brin de causette, le genre réservé, tu m’connais, voilà tout d’un coup qu’un petit cave est venu me chercher, les gros mots et tout !
MONSIEUR FERNAND : Quoi ? Monsieur Antoine ! Il s’agit pas de lui faire franchir les portes, il faut le faire passer à travers.
JEAN : Je serais pas étonné qu’on ferme !

Monsieur Fernand sort de la cuisine, suivi par les autres tontons flingueurs.

MONSIEUR FERNAND ,prenant Antoine par les épaules : Dehors tout le monde, allez, les petites filles au dodo. Dehors, et les familles françaises, ça se respecte monsieur, les foyers c’est pas des putes…
ANTOINE : Mille excuses, monsieur, pour cet excès de familiarité, c’est l’excès de boisson.
MONSIEUR FERNAND : Oh ! Qui qu’a bu ?
MAITRE FOLACE : Oh ! du jus de pomme
MONSIEUR FERNAND : Du tact moi monsieur Antoine et à toute la bande… Allez hop.
MAITRE FOLACE : Allez, allez, dehors, on ferme…
MONSIEUR FERNAND : allez, allez, allez, allez…
MAITRE FOLACE : allez, allez, allez, allez y. la sortie c’est par là. Allez ouste. On retire sa main de là. Allez, allez.
RAOUL VOLFONI : Barrez-vous, j’vous dis, barrez-vous.
PAUL VOLFONI : Allez au lit, au lit tout ça.

Les jeunes sortent. Paul Volfoni, pris dans le mouvement, sort avec eux et doit frapper pour rentrer dans la maison. Tous éclatent de rire. Jean signale à Monsieur Fernand la présence de Patricia qui se met à pleurer.

MONSIEUR FERNAND : On causait de quoi ?
RAOUL VOLFONI : De notre jeunesse
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Scène de la péniche

Pascal, Monsieur Fernand, et Maître Folace arrivent sur le pont de la péniche.

PASCAL : Eh ! Léo, c’est moi, Pascal.
LEO : J’arrive, qui est avec toi ?
PASCAL : Je suis avec le notaire.
LEO : Tu me dis que vous êtes deux, vous êtes trois…
PASCAL : J’annonce les employés, pas le patron…
LEO : Possible mais j’attends un ordre de Monsieur Raoul…
Monsieur Fernand envoie d’un coup de poing Léo à l’eau.
MAITRE FOLACE : C’est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases…
PASCAL : Allons !

Dans la péniche

RAOUL VOLFONI : Si vous marchez tous avec moi, qu’est-ce qu’il fera votre Fernand, un procès ?
On frappe à la porte de la salle. Freddy se lève et va ouvrir la porte. Monsieur Fernand envoie d’un coup de poing Freddy au tapis.
MAITRE FOLACE : Bonsoir messieurs ! Madame !
RAOUL VOLFONI : J’croyais pas t’avoir invité…
MONSIEUR FERNAND : Mais t’avais pas à le faire, j’suis chez moi. Qu’est-ce que t’organises ? Un concile ? Tu permets ?
RAOUL VOLFONI : Je les avais réunis pour décider ce qu’on faisait pour le Mexicain rapport aux obsèques.
MONSIEUR FERNAND : Si c’est des obsèques du Mexicain dont tu veux parler, c’est moi que ça regarde, maintenant, si c’est celles d’Henri, tu pourrais peut-être les prendre à ta charge…
RAOUL VOLFONI : Non, ça va pas recommencer, j’vais pas encore endosser le massacre.
MONSIEUR FERNAND : On parlera de ça un peu plus tard. Pour l’instant, on a d’autres petits problèmes à régler, priorité aux affaires. Je commence par le commencement. Honneur aux dames, madame Mado, je présume ?
MME MADO : Elle-même.
MONSIEUR FERNAND : Chère madame, Maître Folace me fait part de quelques…pfff… quelques embarras dans votre gestion, momentanés, j’espère. Souhaiteriez-vous nous fournir quelques explications ?
MME MADO : Les explications, monsieur Fernand, y en a deux : récession et manque de main d’œuvre. Ce n’est pas que la clientèle boude, c’est qu’elle a l’esprit ailleurs. Le furtif, par exemple, a complètement disparu.
MONSIEUR FERNAND : Le furtif ?
MME MADO : Le client qui vient en voisin, bonjour mesdemoiselles, au revoir madame. Au lieu de descendre maintenant après le dîner, il reste devant sa télé, pour voir si par hasard, il ne serait pas un peu l’homme du XXème siècle. Et l’affectueux du dimanche, disparu aussi. Pourquoi ? Pouvez-vous me le dire ?
MONSIEUR FERNAND : Encore la télé ?
MME MADO : L’auto, monsieur Fernand ! L’auto !
MONSIEUR FERNAND : Ah, mais, dites-moi, vous parliez de pénurie de main d’œuvre tout à l’heure.
MME MADO : Alors là, monsieur Fernand, c’est un désastre ! Une bonne pensionnaire, ça devient plus rare qu’une femme de ménage. Ces dames s’exportent, le mirage africain nous fait un tort terrible, et si ça continue, elles iront à Tombouctou à la nage.
MONSIEUR FERNAND : Bien, je vous remercie, madame Mado, on recausera de tout ça… Qui est-ce le mec du jus de pomme ?
THEO : Ce doit être de moi dont vous voulez parler ?
MONSIEUR FERNAND : Dis-moi, dans ta branche, ça va pas très fort non plus ! Pourtant du pastis, vrai ou faux, on en boit encore ?
THEO : Moins qu’avant, la jeunesse française boit des eaux pétillantes, et les anciens combattants des eaux de régime. Puis surtout il y a le whisky.
MONSIEUR FERNAND : Et alors ?
THEO : C’est le drame, ça, le whisky….

A l’écart, Pascal et le garde du corps de Raoul Volfoni discutent…

BASTIEN : Dis donc, je le connais pas celui-là, il est nouveau ?
PASCAL : C’est le petit dernier de chez Beretta. J’te le conseille pour le combat de près, et puis pour les coups à travers la poche, ou le métro ou l’autobus. Mais note, hein ? Faut en avoir l’usage, sans ça, au prix actuel, on l’amortit pas.
BASTIEN : Le prix passe, la qualité reste, c’est pas l’arme de tout le monde, ça ! T’as eu ça par qui ?
PASCAL : Par l’oncle Antonio.
BASTIEN : Le frère de Berthe ?
PASCAL : Oui.

Retour dans la salle de conférence de la péniche.

THEO : … Tout ça pour vous faire comprendre, Monsieur Fernand, que le pastis perd de l’adhérence chaque jour. Le client devient dur à suivre.
MONSIEUR FERNAND : Oh ! tu sais, c’est un petit peu dans tous les domaines pareil, moi si je te parlais motoculture… Ouais enfin !
MME MADO, apportant du thé : J’espère qu’il est encore chaud.
MONSIEUR FERNAND : Merci. Bien, et maintenant à nous, dans votre secteur pas de problème, le jeu n’a jamais aussi bien marché.
RAOUL VOLFONI : Que tu dis !
MONSIEUR FERNAND : C’qui vous chagrine, c’est la comptabilité, vous êtes des hommes d’action, et je vous ai compris, et je vous ai arrangé votre coup.
RAOUL VOLFONI : T’arrange, t’arrange, et si on était pas d’accord ?
MONSIEUR FERNAND : Tu vas voir que c’est pas possible. J’ai adopté le système le plus simple, regarde. On prend les chiffres de l’année dernière, et on les reporte.
TOMATE : L’année dernière, on a battu des records !
MONSIEUR FERNAND : Eh bien, vous les égalerez cette année ! Vous avez l’air en pleine forme, là ! Gais, entreprenants, dynamiques…
RAOUL VOLFONI : Et en plus, tu nous charries, c’est complet.
MONSIEUR FERNAND : Pascal ?
PASCAL : Oui, monsieur Fernand ?
MONSIEUR FERNAND : Tu passeras à l’encaissement chez ces messieurs sous huitaine.
RAOUL VOLFONI : C’est ça, et si jamais on paye pas, tu nous butes ?
PASCAL: Monsieur Raoul…
MONSIEUR FERNAND : Bien messieurs, il ne me reste plus qu’à vous remercier de votre attention.
RAOUL VOLFONI : Bastien ! Accompagne ces messieurs !
Pascal, Monsieur Fernand et maître Folace quittent la salle.
MME MADO : Toi, Raoul Volfoni, on peut dire que tu en es un !
RAOUL VOLFONI : Un quoi ?
MME MADO : Un vrai chef.
RAOUL VOLFONI : Mais y connaît pas Raoul, ce mec ! Y va avoir un réveil pénible, j’ai voulu être diplomate à cause de vous tous, éviter que le sang coule, mais maintenant, c’est fini, j’vais le travailler en férocité, l’faire marcher à coups de lattes, à ma pogne j’veux le voir ! Et vous verrez qu’il demandera pardon, et au garde à vous…
Toc, toc, toc ! Raoul Volfoni va ouvrir et reçoit un coup de poing de Monsieur Fernand.
MONSIEUR FERNAND : J’avais oublié : les 10% d’amende. Pour le retard.
RAOUL VOLFONI : Il a osé me frapper, il se rend pas compte !
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Scène de l’anniversaire

JEAN, MAITRE FOLACE etPATRICIA, en chœur : Happy birthday to you…happy birthday to you…happy birthday to you, Fernand… happy birthday to you…
PATRICIA : Bon anniversaire, mon oncle!
MAITRE FOLACE : Joyeux anniversaire, mon cher !
JEAN : Good health and happiness, sir ! Santé et prospérité, sir!
MONSIEUR FERNAND : C’est vraiment trop gentil.
PATRICIA, présentant un paquet : On m’a rapporté celui-là tout à l’heure. Expéditeur : Volfoni frères.
MONSIEUR FERNAND : On a beau avoir fait la paix, ça fait quand même quelque chose. Et j’dois dire, le geste est délicat.
PATRICIA : C’est sûrement une pendule, écoute.

Monsieur Fernand prend le paquet et le jette par la fenêtre, une déflagration secoue la pièce.
Plus tard, Monsieur Fernand arrive sur la péniche des Volfoni, il frappe à la porte, Raoul Volfoni lui ouvre.

MONSIEUR FERNAND : Happy birthday to you…happy birthday to you…happy birthday to you, … happy birthday to you…

Monsieur Fernand décoche un magistral coup de poing à Raoul Volfoni.

PAUL VOLFONI : Il est parti.
RAOUL VOLFONI : Non, mais, t’as déjà vu ça ? En pleine paix, il chante, et puis crac, un bourre pif ! Il est complètement fou ce mec. Mais moi, les dingues, je les soigne. Je vais lui faire une ordonnance et une sévère… J’vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quat’ coins de

Paris qu’on va l’retrouver éparpillé par petits bouts, façon Puzzle. Moi quand on m’en fait trop j’correctionne plus, j’dynamite, j’disperse, j’ventile…

Les Volfoni arrivent dans la maison du Mexicain

PAUL VOLFONI : On n’aurait pas dû venir.
RAOUL VOLFONI : Ta gueule. Assure-toi qu’il est couché.

Raoul Volfoni ajuste sa bombe sans s’apercevoir de la présence de Monsieur Fernand, à côté de lui.

RAOUL VOLFONI : Alors, y dort le gros con ? Ben y dormira encore mieux quand il aura pris ça dans la gueule ! Il entendra chanter les anges, le gugusse de Montauban ! J’vais le renvoyer tout droit à la maison mère, au terminus des prétentieux…

A l’hôpital

RAOUL VOLFONI : Fumier va !
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Non mais t'as déjà vu ça ? En pleine paix ? Il chante et puis crac, un bourre-pif ! Il est complètement fou ce mec. Mais moi, les dingues, je les soigne. Je vais lui faire une ordonnance et une sévère… Je vais lui montrer qui c'est Raoul. Aux quatre coins de Paris qu'on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon Puzzle. Moi, quand on m'en fait trop je correctionne plus : je dynamite, je disperse, je ventile !

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Mais y connaît pas Raoul ce mec ! Y va avoir un réveil pénible, j'ai voulu être diplomate à cause de vous tous, éviter que le sang coule. Mais maintenant c'est fini, je vais le travailler en férocité, le faire marcher à coup de lattes, à ma pogne je veux le voir ! Et je vous promets qu'il demandera pardon et au garde-à-vous!

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Vidéo de Pierre-Jean Lancry
Reportage consacré au film culte de Georges LAUTNER, "Les Tontons flingueurs", à l'occasion de sa diffusion ce soir sur France 2. Extraits du film avec certaines des meilleures répliques de Michel AUDIARD, photos de tournage, et interviews de Georges LAUTNER et de Pierre-Jean LANCRY, auteur du livre "Pleins feux sur les Tontons flingueurs".
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