Angela Merkel. Aufstieg zur Macht. Biographie

Non, non, la biographie ne date pas de 1973 comme la photo de la couverture pourrait le laisser penser, mais bien des années 2000 (2005 en réalité). L'auteur retrace la vie de la "fille de Kohl" dont la longévité à la chancellerie est en train d'égaler celle de son mentor.

Née à Hambourg quelques semaines avant que son père, pasteur, ne soit nommé dans un petit village à mi-chemin d'Hambourg et Berlin, puis, quatre ans plus tard, dans une petite ville à 80km de la capitale, Angela grandit dans la tranquillité et se fait passer pour une élève modèle ; discrète, appliquée, calme, pas ambitieuse mais responsable, silencieuse et par surcroît fortiche en organisation de soirées pour ses amies du FDJ dont elle est membre, la Freie Deutsche Jugend, une association pour les jeunes communistes, elle obtient d'excellentes notes qui la mènent tout droit au bac, ce qui n'était réservé, en RDA, qu'à 10% des élèves. Depuis 1961, le mur sépare en effet les deux Allemagne et le régime communiste n'apprécie pas les congrégations religieuses. Malgré cela, Pfaffer Kastner, le père d'Angela, devient une sommité en RDA - il faut ajouter que la population est très imprégnée de protestantisme.

Après le bac, elle veut quitter le domicile familial et, pour poursuivre ses études, refuse Berlin qui était trop proche du village parental au profit de la prestigieuse université de Leipzig. Ses matières préférées étaient le russe et l'anglais et une sorte d'amour haineux pour la physique. C'est pourtant cette matière qui va l'occuper pour entrer en doctorat, qu'elle fera à l'Académie des Sciences de Berlin et qu'elle achève en 1986. Angela, qui s'est mariée en 1977 et a divorcé en 1981, car en RDA, lorsqu'une femme est mariée, elle reste à la maison, ce qui ne lui convenait pas du tout, est alors chercheuse universitaire et touche 1012 marks par mois quand il en faut 400 pour un chaud manteau d'hiver. Plus tard, sa soeur, Irene, aujourd'hui ergothérapeuthe, et sa mère, alors professeure de philologie, s'engageront au SPD. Son frère, Marcus, informaticien à Darmstadt, serait plutôt CDU. Mais que se passe-t-il pour que la sérieuse Angela se mette à s'intéresser à la politique ?

Rien n'aurait sans doute changé la carrière de chercheuse qui se présageait sans la chute du mur qui survient tandis qu'elle est partie comme toutes les semaines au sauna (ah lala cette tranquillité d'esprit et ces nerfs d'acier à toute épreuve !) et qui l'amène à rejoindre un groupe politique dirigé par trois pasteurs protestants amis de son père, le DA, Demokratische Aufbruch. Elle y brille par sa capacité à organiser la communication mais aussi à savoir se rendre indispensable et devient en 1990 porte-parole adjointe du dernier premier ministre de RDA, Lothar de Maizière. Celui est rapidement confondu d'avoir été un agent de la Stasi, comme deux des dirigeants du parti d'Angela. Comme entre-temps le DA s'est rapproché de la CDU, c'est une bonne occasion pour le dissoudre. Et voilà Angela membre de la CDU.

La dissolution de la RDA le 3 octobre 1990 lui fait perdre son emploi. Kohl lui propose alors de représenter au Bundestag une petite circonscription (Stralsrund-Rügen-Grimmen), qu'elle remporte en décembre. L'année suivante, Kohl la nomme ministre de la jeunesse et des femmes - peu de temps après qu'elle eut déclaré un peu rapidement dans un journal que les femmes et la famille ne l'intéressaient pas. Elle se fait élire en décembre présidente adjointe de la CDU, dont Kohl est le président. En octobre 92, elle est élue présidente du "groupe de travail évangélique" (EAK - Evangelische Arbeitskreis) de la CDU, où elle veut redonner de l'importance au "C" de la CDU. En 93, elle démissionne de l'EAK et parvient à se faire élire présidente du Land Mecklembourg-Vorpommern, ce qui lui donne une base électorale importante. En 94, elle est réélue députée et nommée ministre de l'environnement, toujours dans un gouvernement de Kohl. On peut dire que la carrière de Merkel a été lancée en deux ans, de 89 à 91 et par l'intercession décisive de Kohl.

Les sujets difficiles dont elle s'occupe concerne l'annulation de l'article 218 qui a trait à l'IVG et que les conservateurs de la CDU veulent maintenir ; et la conférence sur le climat de l'ONU en 95 à Berlin. En 98, Kohl, qui en était à une possible quatrième réélection, après 16 ans à la chancellerie, perd les élection en faisant le plus mauvais score de la CDU depuis 1949 devant le SPD de Schröder. Wolfgang Schaüble devient alors président de la CDU et Merkel, qu'il n'apprécie pas beaucoup, devient secrétaire générale. Toujours en 1998, Angela Kastner qui a gardé le nom de son premier mari, Ulrich Merkel, épouse Joachim Sauer avec qui elle vit depuis de nombreuses années. En 1999, le scandale du financement du parti de la CDU la mène à une rupture avec Kohl. En 2000, Schaüble quitte la présidence de la CDU. C'est Merkel qui se fait élire à sa place.

En 2002, elle refuse de représenter la CDU pour les élections fédérales. Schröder est réélu. Merkel perd son ministère, mais conserve son poste de députée. En 2005, la CDU est devant le SPD, mais avec le second plus faible score de son histoire (35% et 34% pour le SPD). Néanmoins, en formant une coalition, Merkel est élue chancelière.

La biographie s'arrête ici et l'auteur propose douze hypothèses du succès sans cesse reconduit de Merkel : elle serait (finalement) ambitieuse ; elle n'a pas d'idéologie fixe mais repère rapidement les opportunités et les évolutions de la société ; elle aurait une revanche à prendre de l'autorité de son père et de la RDA en s'émancipant toujours plus ; la vie en RDA lui aurait appris à dissimuler et contenir ses émotions (malgré quelques larmes médiatisées) ; elle est portée par ses convictions de l'autoresponsabilité et de la liberté individuelle qui lui font par ailleurs aimer les Etats-Unis ; elle refuse toute remise en cause importante de la société ; elle serait davantage rationnelle qu'animée par des principes chrétiens ; elle est engagée à défendre les femmes de par son passé en RDA ; elle incarne plus que personne avant elle l'Allemagne-même et son histoire ; elle mesure très vite les risques et les conséquences des décisions ; elle sait utiliser les médias ; en faisant du changement climatique un thème central, elle s'inscrit dans des enjeux contemporains.