Je suis entrée sans à priori malgré mes lacunes historiques dans ce roman ( tiré d'une histoire vraie) qui met en scène deux jeunes Roumains, dont l'un, Adi, est fils d'un dignitaire du régime de Ceaucescu, promis à un avenir de nanti.
Le roman est construit de manière chronologique, par étapes. On découvre le mode de vie d'Adi, on fait connaissance avec ses parents, un couple uni , la femme est clairement au service de ses hommes, mari et fils- l'homme a de l'ambition, Adi est fils unique, investi de beaucoup d'attente parentale. Ils sont pris dans un système, mais comme tout parent, désirent le bonheur de leur fils. le père, surtout, a une idée très arrêtée des ingrédients nécessaires à ce bonheur et des moyens d'y parvenir.
Au début du roman, Adi entre à l'université, son regard s'élargit, il rencontre Maty qui vit déjà de manière autonome dans un appartement, et en se liant à ce jeune plus « averti » que lui, sa conscience politique va peu à peu émerger.
Adi est amoureux. Sa petite amie a le tort d'être d'origine allemande (donc sa famille est soupçonnée d' hostilité au régime- c'est là qu'il devient intéressant d'approfondir ses connaissances sur l'histoire de la Roumanie) et le père d'Adi manigancera pour éloigner la jeune fille de son fils. Il y parviendra.
Cet élément romanesque n'est pas étranger à la décision d'Adi de s'exiler avec Maty , et voilà nos 2 jeunes gens jetés sur les routes d'Europe du Sud, dans la clandestinité, avec des péripéties à peine croyables pour parvenir à arriver jusqu'en France.
Il faut toute leur jeunesse, leur naïveté et leur détermination, associées à des rencontres parfois déterminantes, pour permettre à ce projet d'aboutir.
Un récit documenté, très enlevé, une aventure assez trépidante, , une histoire de trahisons ( père et fils se trahissent mutuellement) une histoire d'amitié, de solidarité et de liberté.
L'écriture nous emporte dans cet enchaînement de circonstances sans que jamais l'ennui s'installe.
C'est aussi grâce à l'écriture de
Bruno LAPEYRIE, fluide, imagée qui nous permet de sentir une vraie proximité avec ses personnages.
Cette lecture que je recommande chaudement comme la bière dégustée avec le dernier billet lors de l'arrivée des deux jeunes gens sur le territoire grec, m'a donné envie d'en savoir plus sur la Roumanie et son histoire.
Une fois n'est pas coutume, je vais également parler de l'objet livre.
Je ne cache pas que le volume de ce premier roman m'a impressionné et m'a fait un peu peur, car il s'agit d'un gros livre de 500 pages.
La couverture est sobre et je dirais même chic, avec un graphisme épuré, et cela m'a plu.
Ce qui est difficile avec les gros livres, pour moi qui aime lire allongée , c'est leur poids ! Or ici, surprise ! le livre est léger, il tient bien en mains et sa police de caractère est très agréable à l'oeil.
Donc bravo à l'éditeur d'avoir su trouver un bel équilibre pour cet objet livre.