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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Alexandra Lapierre nous livre avec talent une biographie romancée mais très solidement documentée de Belle Da Costa Greene. Formidable personnalité qui dépassa les lois ségrégationnistes de son époque pour créer son destin, sa vie et celle des siens. Stagiaire dans une bibliothèque à sa sortie d'études, elle devint par son travail, sa curiosité, sa culture, sa compétence la directrice de l'illustre Morgan library et une des personnalités de l'art la plus reconnue de son temps, une des femmes les plus rémunérées, la plus coru. Son secret toujours gardé au fond d'elle-même, une blessure qui coûta la fils à son neveu adoré.
Un très beau personnage, une époque qui revit, l'amour de l'art, de la bibliophilie. Superbe !
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Un autre destin, une autre vie. Je me suis plongée dans ce roman d'Alexandra Lapierre avec un immense plaisir.
Belle Greene ! Elle, et les siens ont décidé d'opérer "le Passage" - The passing. Comment dans un monde ségrégationniste, raciste pouvoir accéder à l'emploi que l'on désire, aux écoles, aux universités, aux arts, au lieu d'une résidence , choisir a place tout simplement comment vivre libre sous les lois Jim Crow ? Se battre, combattre ? ou bien se fondre, disparaître, se dissoudre, jusqu'à changer d'identité, jusqu'à couper les ponts avec sa commuauté, jusqu'à renier totalement son identité. C'est le choix de Belle Greene. Georgetown n'existe plus. On change de nom, on change de date et de lieu de naissance, on invente un nouvel arbre généalogique. Aucun retour en arrière possible. Clandestin.e.s pour toujours. Belle Greene, la bibliothécaire personnelle de JP Morgan, le plus grand banquier des États-Unis. Avec Belle Greene nous traversons plusieurs décennies de la terrible, cruelle et folle histoire américaine. Je l'avoue : terriblement passionnant.
Astrid Shriqui Garain
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J'ai été fascinée par cette biographie remarquable de 600 pages! Portrait d'une femme flamboyante au destin exceptionnel dont la vie et le succès ont été bâtis sur un mensonge ! Pourquoi cette mystification ?
Belle Greene, bibliothécaire, afro-américaine au teint clair, fille d'un avocat activiste noir, s'est fait passer pour blanche dans une Amérique ségrégationniste où les persécutions contre les noirs étaient plus violentes que jamais .
Au USA, de la fin du XIXème siècle et jusqu'en 1967 la loi obligeait les métisses, surtout les plus clairs, à déclarer leur origine africaine même très lointaine.
Belle, sa mère et ses frères et soeurs, franchirent le sulfureux "passage", changèrent leur état-civil et jurèrent de ne pas avoir de descendance. Se faire passer pour " blanc" leur permis de choisir' leur destin, d'étudier dans les meilleurs université mais c'était risqué de peine de mort !
Belle Greene, après avoir appris beaucoup à la bibliothèque de Princeton, est embauchée par le puissant banquier John-Pierpont Morgan afin d'inventorier et cataloguer toutes ses magnifiques acquisitions : des centaines de livres rares et objets d'art achetés en grande partie en Europe. Belle Greene intelligente et passionnée deviendra la première directrice de la librairie Morgan et mènera à bien l'acquisition et l'extension de collections de manuscrits, d'anciennes bibles, de nombreuses reliures..
Durant 40 ans elle va permettre à JP Morgan d'avoir la plus grande collection privée au monde. Elle est très attachée à cet homme brillant, capitaliste, paternaliste, coléreux mais généreux et passionné.
Belle a de nombreux amants, dont le célèbre Bernard Berenson, l'un des critiques et historiens d'art les plus influents du XXe siècle.
Elle aime la vie, la fête, est indépendante, boit, fume, papillonne, est habillée par le célèbre couturier français Poiret.
Elle aime l'Europe où la question des gens de couleur ne se pose pas !
Mais Belle vit avec la crainte perpétuelle d'être découverte. Son père qui les a abandonnés et revient de Russie, les reconnaîtra-t-il ? la fera -t-il chanter ? le moindre faux pas d'elle ou de sa fratrie peut mener à la révélation de leur fausse identité et tout faire basculer. Va-t-elle se perdre dans le tourbillon du succès et de l'argent ?
Tous les personnages ont existé et tous les faits sont réels. Certains chapitres peuvent surprendre par l'étendue des détails mais reconnaissons que l'auteure a fait un travail remarquable, des années de recherches. le livre est complété de photos et d'une bibliographie
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« One-drop rule », une seule goutte de sang…..
Autrement dit, aux Etats-Unis, une seule goutte de sang noir, même remontant à très longtemps en arrière et vous êtes considéré comme personne à peau noire, donc sans les mêmes droits que les blancs. Dans les années 1900, cette décision était vraiment d'actualité et il était hors de question de tricher ou même d'essayer…. Bien sûr, de nos jours, sur le papier, tout cela n'existe plus… Sur le papier, mais en réalité ? Bref, revenons à l'excellent roman d'Alexandra Lapierre.
Après un remarquable travail de recherches très approfondies, pendant trois ans, elle a reconstitué et présenté la vie de Belle Greene, une jeune fille que l'on voit évoluer sur plusieurs décennies. Avec sa famille (sa mère et ses frères et soeurs), elle décide de prendre une autre identité, d'oublier les racines noires de leurs ancêtres. Tous et toutes ont la peau claire, parfois même les cheveux blonds. En s'inventant un autre passé, d'autres noms, le plus proches de ce qu'ils sont, les portes de tout ce qui leur est interdit d'après les règles, s'ouvriront et ils pourront aller au bout de leurs ambitions. Il leur faudra être prudents, mais pour eux, c'est important de pouvoir vivre leur vie sans tenir compte de cette goutte de sang.
« Je ne me suis jamais sentie noire, physiquement je suis blanche. Je ne vois pas pourquoi je devrais vivre et mourir comme un chien. »
Passionnée par les livres rares et anciens, d'un petit job à une place jalousée et enviée, Belle gravit les échelons et devient la directrice de la bibliothèque / musée du richissime J.P. Morgan. Très douée pour les négociations, jouant de son intelligence, de son charme et des relations mises en place au fil du temps, elle complète les collections, faisant de ce lieu unique un endroit magique.
Magnifiquement écrit, ce récit se dévore. On découvre les hauts et les bas de cette famille, les difficultés qui se mettent en travers de leur route, le retour du père qui les met en danger (c'est un militant de la cause noire). Tout ce à quoi il a fallu renoncer pour réussir et le fait qu'en agissant ainsi, Belle fréquente ceux qui n'aiment pas, voire martyrisent son peuple. Sa réussite est à ce prix. Mais en agissant ainsi, ne court-elle pas le risque, avec les siens, que le secret de leurs origines soit un jour dévoilé ? Tout finit par se savoir, non ?
Renier son passé, c'est faire table rase, c'est occulter en partie ce qu'on est….
« Être noire, c'est partager les mêmes expériences, les mêmes souvenirs, les mêmes plaisanteries, les mêmes histoires, les mêmes chansons. » dit la mère de Belle. C'est comme si rien n'avait existé avant la nouvelle identité.
C'est par un concours de circonstances tout à fait étonnant que la vérité sur cette femme a été connue. On aurait pu ne rien savoir…
Je suis heureuse d'avoir découvert cet admirable portrait. Il aurait été dommage de passer à côté. J'aime l'idée qu'une femme, non destinée à une telle carrière, soit arrivée à ses fins, qu'elle ait tenue tête, qu'elle n'ait pas cédé.
Un coup de coeur !

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Voilà une véritable découverte pour moi, Alexandra Lapierre déjà qui nous raconte si bien la véritable histoire de « Belle Greene » ou plutôt « Belle d'a
Costa Greene » comme elle se fera appeler, véritable héroïne du début du XXe siècle aux États Unis et dont je n'avais jamais entendu parler.
Je savais qu'il y avait des communautés de « Noirs » à la peau, les yeux et les cheveux clairs dans les états de Caroline, je l'avais déjà lu dans « L'autre moitié de soi » de Britt Bennett.
Mais cette famille complètement blanche, mère et enfants qui choisit de quitter sa communauté de Georgetown pour émigrer à Washington, en modifiant un peu leur patronyme pour passer pour de purs blancs (s'ils sont découverts, c'est prison, voire davantage) dans le seul but d'accéder à tout ce qui leur est interdit en pleine période de ségrégation raciale (une seule goutte de sang noir dans les origines suffit).
On va suivre, Belle, la plus délurée, la plus intelligente, la plus ambitieuse qui va intégrer l'Université de Princeton et au fil de ses rencontres va devenir une Reine de NY dans les sphères économiques, intellectuelles et artistiques. Non seulement reconnue unanimement aux USA mais dans le monde entier comme experte incontournable en matière d'art ancien
(Manuscrits, livres et tableaux anciens) que tous les collectionneurs de renom s'arrachent à prix d'or.
Grâce à son travail acharné, son talent, son entregent elle va devenir la bibliothécaire particulièrement du richissime JP Morgan, créateur de la Banque Morgan et faire de la future « Morgan Librairy », la concurrente des plus grandes bibliothèques du monde. Elle va collectionner les amants de coeur et utiles mais sans pouvoir donner naissance à un enfant, le risque est trop grand.
Le roman est trop foisonnant pour en dire plus, il y a de l'exaltation, de l'amour, des désillusions, des malheurs mais l'essentiel c'est le destin hors norme d'une femme hors du commun.
A la fin du livre, on trouve des photos des principaux protagonistes.
Lisez-le !
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J'avais très envie de lire ce roman à sa sortie. J'avoue, je l'ai feuilleté à la médiathèque. Mais ce n'était pas le bon moment pour moi de le lire. Je suis donc très contente que ce roman figure dans la sélection du grand prix des lecteurs pocket pour me permettre de le lire.

Belle Greener a choisit : elle ne sera pas noire, mais blanche.
Dans cette Amérique ségrégationniste du début du XXe siècle le jeune fille joue avec le feu, joue avec sa vie. Elle ne veut pas de limites sous prétexte qu'elle a du sang noir dans les veines. Elle coupe les liens avec sa famille, personne ne doit savoir. Elle devient Belle Da Costa Greene et une nouvelle destinée s'ouvre à elle : elle va devenir la bibliothécaire de la Morgan Library de New-York, connue et reconnue dans le monde entier.

C'est le destin de cette jeune femme que nous raconte Alexandra Lapierre. Une destinée fascinante et exceptionnelle. Une héroïne forte et vivante, d'une puissance inouïe. Un roman fouillé et très documenté, avec des explications en annexe sur la façon dont l'auteure a mené son enquête et son travail.

Ce récit est une plongée dans le monde du livre et des collectionneurs guidés par une jeune femme au caractère bien trempé.

Un petit bijou, un bien joli coup de coeur. Une femme forte a garder en mémoire.
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La lecture de ce livre a été un véritable coup de coeur tant l'histoire de cette femme exceptionnelle est intense, touchante et poignante. C'est d'autant plus poignant que c'est une histoire vraie. En effet, Alexandra Lapierre après des recherches exploratoires longues et minutieuses, ne livre que des faits avérés et sourcés. J'ai été vraiment touchée par l'histoire de cette femme née dans une famille issue du métissage d'esclaves et de Blancs, amoureuse folle des livres et de la beauté en général. A force de métissage, ses parents et frère et soeurs sont tous d'apparence blanche. Seule Belle et son frère Russel sont un peu plus foncés de peau. Comme des méditerranéens par exemple. Leur père est un activiste reconnu pour la défense de la cause des Noirs. Mais il sera également un piètre mari et un mauvais père. Il abandonnera finalement sa famille, la laissant dans le besoin. C'est à ce moment-là que la vie de Belle, de sa mère Geneviève et de ses frère et soeurs, bascule. Ils décident de changer de nom et de devenir blanc pour avoir un avenir. Ils doivent alors abandonner leur famille et tous leurs amis. En plus cette décision est dangereuse car aux Etats-Unis une loi interdit de changer de couleurs ( le passing). Soit on est blanc, soit on est noir. Pas de place pour les métis. Les sanctions en cas de découverte de passing peuvent aller jusqu'à la mort. Toute leur vie, Belle et sa famille vivront avec cette épée de Damoclès. Pour ne pas courir le risque d'avoir des enfants noirs, ils promirent tous de ne jamais avoir d'enfant afin que la sécurité de tous soit assurée. Belle Marion Greener devient alors Belle da Costa Greene. Da Costa, des origines portugaises pour expliquer la couleur un peu plus sombre de sa peau. Ses soeurs, elles, sont toutes blanches et blondes. On suit alors la vie incroyable de Belle qui à force de ténacité, d'audace et d'intelligence deviendra la bibliothécaire particulière de l'un des hommes les plus puissants des Etats-Unis de cette époque (première partie du 20e siècle), le banquier J. P. Morgan. Collectionneur, amoureux fou lui aussi des livres et des oeuvres d'art, il chargera Belle de le seconder dans son ambition démesurée d'acquérir les plus belles oeuvres d'art du monde. Elle accomplira sa tâche avec brio avec la pleine confiance de son big chief comme elle le surnomme. Ils entretiendront jusqu'à la mort de J. P. Morgan, une relation complice, tendre mais également assez exclusive et tyranique du côté de J. P. Morgan. Cela n'empêchera pas Belle de croquer la vie et les hommes à pleines dents. Elle sera la reine de la haute société… Cette femme au fort caractère est aussi très attachante et avec elle, on découvre et admire les plus belles oeuvres d'art connues. Cette lecture est vraiment enthousiasmante mais jette également un éclairage cru sur le racisme aux Etats-Unis. Vraiment un gros coup de coeur !
Lien : https://mapassionleslivres.w..
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Lors de la dernière masse critique Babelio, j'avais craqué pour Belle Greene d'Alexandra Lapierre. J'ai été intriguée par la thématique et par le profil féminin qui se dessinait. J'ai eu le grand bonheur d'être retenue pour le lire et j'en suis plus que ravie.

L'histoire se passe dans les années 1900. Belle est passionnée par les livres rares et elle décide de forcer le destin. Peu à peu, elle gravit tous les échelons. Elle devient la directrice de la bibliothèque du magnat J.P. Morgan et fait fureur parmi l'aristocratie internationale, sous le faux nom de Belle da Costa Greene. Mais son secret est bien lourd : dans un monde encore foncièrement raciste, elle est en réalité afro-américaine, fille d'un célèbre activiste noir. Son teint clair lui permet de cacher ses origines, mais non sans efforts.

J'ai apprécié l'avertissement au lecteur et l'appendice à la fin présentant des photographies de Belle Greene et de certaines personnes évoquées dans le livre. J'ai adoré mettre un visage sur un nom, j'ai aimé voir à quoi ressemblait vraiment cette femme hors normes et j'ai apprécié qu'on me rappelle la triste réalité concernant les lois aux Etats Unis à l'époque car je reconnais que ne les connaissais pas assez bien pour mesurer vraiment le hiatus entre les communautés. Ce sont autant d'éléments qui m'ont permis d'appréhender véritablement dans quel contexte Belle a fait ses choix et cela remet les choses en perspective. La loi du « one drop » est d'une telle cruauté qu'on comprend que certains aient tenté d'y échapper pour jouir d'un avenir différent, surtout quand on sait à quel point la vie pouvait être difficile pour la communauté afro-américaine.

Ce roman est tout simplement fascinant . Il présente – de manière certes un peu romancée – des faits véritables, des destins véridiques et tout à fait singuliers! Il serait possible de faire un film à partir de ce matériau, sans que cela ne manque de rebondissements, de drames, de joies et de coups de théâtre. L'écriture de l'autrice montre bien tout le romanesque de la vie de Belle Greene mais aussi sa méticulosité, sa précision dans le domaine des livres, des arts et plus largement de la collection. La plume se fait donc experte pour parler d'Arts, lyrique pour décrire certaines oeuvres qui ont enflammé notre Belle, posée pour évoquer les faits politiques, pleine de réserve pour évoquer les drames d'une existence qui n'a pas été épargnée et elle se fait aussi parfois complice pour évoquer la vie intime de Belle – ne nous cachant que peu de choses de ses émois et de ses excès. Nous avons donc là une belle alternance qui permet de conserver l'intérêt historique tout en faisant souffler un petit vent d'aventure et de non conformisme car Belle en avait à revendre!

Belle est un personnage – une personne! – tout à fait extraordinaire. Elle brille par sa détermination et son courage hors norme. Elle tient la fratrie et les pousse à faire partie des « Passing », ces personnes qui se font passer pour blanches alors qu'elles sont issues d'un métissage. Elle rejette le carcan d'une société inégalitaire qui lui refuse – parce qu'elle a des origines afro-américaines et que de surcroît, elle est une femme – le droit d'étudier dans de bonnes universités, le droit d'avoir un bon emploi, le droit de côtoyer l'élite de la société, le droit de se passionner pour les livres anciens. Elle est engagée sans le savoir, elle contribue inconsciemment par ses actes à changer la société en forçant le respect. Son combat ne pourra agir que sur les générations futures, une fois son secret révélé bien sûr, mais une fois mis à jour, il permet aussi de regarder le monde avec un esprit critique et de s'interroger sur les inégalités. Belle est également une femme audacieuse et intrépide, une femme qui, avec son caractère bien trempé, enfreindra quelques lois (et de manière savoureuse!), qui vivra sa vie comme elle l'entend sous couvert de respecter la morale. C'est une femme qui aura une vie pleine et nourricière : nourricière car elle s'enrichira de ses rencontres, de son rapport à l'Art, de ses amitiés plurielles. Mais sa vie est aussi une épreuve constante : ne pas se trahir, ne pas dévoiler son secret, protéger les siens, tout en vivant pleinement… cela reste un jeu de funambule auquel elle sacrifiera quelques nuits d'inquiétudes. Sa vie est aussi entourée d'amour que de livres : des amours vibrantes, des amours décevantes, des amours folles, des amours endeuillées. Mais, toujours, contre vents et marées, cette femme tiendra bon. Elle plie, elle pleure, mais elle ne ploie pas, on ne la brise pas. Elle encaisse, accepte, avance. C'est une femme extraordinaire de courage et de résilience, et en cela, elle force l'admiration. Ce roman m'a plu aussi à cause de ça : sans lui, j'aurais continuer à ignorer une femme que l'on ne devrait pas ignorer.

Les personnages secondaires sont tout aussi saisissants. Nous avons une chronique mondaine, en même temps qu'une chronique artistique. Bernhard Benson est détestable tant il est bouffi d'égoïsme, sa femme qui encourage ses aventures, est à la fois étrange et manipulatrice. Les amies de Belle sont étonnantes – parfois d'une aide phénoménale, parfois d'une méchanceté sans nom, car le succès entraîne la jalousie et les revers sont plus fréquents qu'escomptés. Belle fait de belles rencontres amicales parmi la gent masculine. Certains l'aideront, certains l'aimeront, certains lui offriront le tremplin qu'il lui fallait. Tout un univers chamarré gravite autour de cette femme et nous emporte dans un autre monde, dans une autre époque, entre aristocratie sur le déclin, nouveaux riches, vrais passionnés et faux intellectuels, entre magouilles et vérité, entre amour et haine affichées. J. P. Morgan est d'ailleurs un personnage à lui tout seul! Brillant, tyrannique, bon et agaçant, il fait naître chez nous des sentiments ambivalents selon les époques de sa vie.

Je terminerai par la famille de Belle… et quelle famille! Ce père est une figure terrible, entre amour fou, admiration et aversion. Il dispose d'un vrai poids et laisse une véritable empreinte sur le destin de sa fille. La mère et la grand-mère sont aussi deux forces de la nature. J'ai aimé la grand-mère que nous découvrons dès le début, j'ai aimé la mère aussi, sa force, son amour pour ses enfants, son courage. le frère de Belle est peut être celui qui m'a agacée car, à un moment donné, il donne l'impression de se plaindre la bouche pleine tandis que sa soeur se démène pour maintenir la famille la tête hors de l'eau. Teddy, la jeune soeur est désespérante, mais quand nous voyons où la mène la désobéissance et les conséquences sur la vie de Belle, nous ne pouvons que lui jeter un regard compatissant car cette désobéissance est aussi la source d'un des plus grands bonheurs de Belle.

Ainsi, j'ai adoré ma lecture. Je suis réellement fascinée par cette femme hors norme, à la fois belle et farfelue, touchante et exaspérante, brillante et sensible – parfois trop!. En plus de nous présenter un extraordinaire destin, ce livre nous offre une chronique d'un temps révolu entre distinction, batifolage fou et érudition, et il ouvre la porte sur une vie plus romanesque que nous n'aurions pu la rêver, une vie d'une intensité si rare que plus d'un s'y est brûlé les ailes.
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Plongée dans le monde particulier des bibliophiles ... Pas tant celui des amateurs de contenus, plutôt celui des collectionneurs d'ouvrages rares et/ou précieux : les premières éditions, datant du XV ème siècle, ceux sertis de pierreries, ceux ayant les plus belles enluminures ou ayant appartenu à un personnage historique ...
Belle est devenue LA personne incontournable de cette spécialité pendant la 1ère moitié du XX ème siècle ...
Mais, si Alexandra LAPIERRE lui a dédié cette biographie romancée (mais sans invention pour combler les inconnues de l'histoire), c'est que rien ne la prédestinait à cette vie !
On retrouve en toile de fond l'ineptie des lois Jim Crow qui ont sévi jusqu'en 1964 aux États-Unis, et celle, pire, de l'unique goutte de sang - one-drop rule -

Un livre que je n'ai pas lâché ! (Comme Moura, Artémisia ou Fanny Stevenson ... Ces romans d'A. LAPIERRE dédiés aux histoires de femmes !)

Encore une fois ... A la fin de l'édition brochée il y a un glossaire, bien utile pour certains termes spécifiques à la bibliophilie et une galerie de portraits de certains personnages du livre ... C'est bien de la savoir avant de le lire !
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Belle naît dans le quartier noir de Georgetown. Avec sa mère et ses soeurs, elle pourrait passer pour une blanche, une femme méditerranéenne. Belle comprend qu'en étant noire, au début du 20ème siècle, aux États-Unis, les possibilités d'un avenir meilleur sont moindres. Elle décide alors de « passer » de l'autre côté, et elle se réinvente une identité de femme blanche. A force d'études et de courage, elle entre au service de JP Morgan, un riche industriel bibliophile qui lui confie la tâche de constituer une bibliothèque d'oeuvres rares….

Belle Greene est un roman qui parle d'une femme qui a réellement existé. Alexandra Lapierre nous fait le récit de sa vie. Roman féministe, roman profondément humain, le lecteur suit la destinée de cette femme noire qui décide de changer d'identité pour s'élever dans la société. Amoureuse des livres, Belle va parcourir le monde, courant les enchères pour constituer l'une des plus belles bibliothèques des États-Unis.

J'ai adoré ce roman parce qu'on y suit une femme forte, indépendante et inspirante. On la suit dans les années folles. Éprise de liberté et de savoir, elle va gravir tous les échelons de la société et devenir l'une des femmes les plus fortunées de New-York. Son destin est tout simplement incroyable. J'ai adoré la suivre dans les sphères de la haute-société new-yorkaise où l'argent coule à flots. Difficile d'imaginer à l'époque les fortunes des riches hommes d'affaires! J'ai adoré la suivre dans les ventes aux enchères, seule femme alors à venir enchérir pour son patron.

J'ai aimé suivre Belle dans sa complexité: femme noire qui se fait passer pour blanche avec cette épée de Damoclès qui pèse chaque jour au-dessus de sa tête. Elle risquait en effet la pendaison si son secret était découvert! le début du 20ème siècle voit l'émergence des luttes pour les droits des noirs. C'était très intéressant de voir Belle, tiraillée entre son envie de s'intégrer et d'être reconnue dans la haute société et celle de ne pas trahir ses ancêtres.

Alexandra Lapierre dresse ici le portrait d'une femme fascinante qui a su dompté les plus grands. Sa vie fut tout simplement incroyable et je suis très heureuse d'enfin la connaître.

Belle Greene est un magnifique roman que je ne peux que recommander à tous les amoureux des livres et des êtres épris de liberté!
Lien : https://carolivre.wordpress...
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