Cecil Saint-Laurent qui écrit sur une Communarde, c'est un peu comme si Sulitzer sortait un livre sur
Arlette Laguiller, ça intrigue. Il aurait été plutôt du genre à la conduire à grands coups de pieds au cul jusqu'au premier bateau en partance pour la Nouvelle-Calédonie. A moins qu'elle ne fut séduisante et qu'elle aimât l'amour, façon
Caroline Chérie de la Butte-aux-Cailles.
Intriguée par cette trouvaille dans une boite à livres, je le pris, je le lus, et je ne fus pas déçue…
Paru en 1970, La Communarde narre les aventures et les mésaventures de Lucien Richelance, dit « l'enfant du viol », jeune homme de condition modeste qui rêve de s'élever dans la société. Fervent lecteur
De Balzac, Lucien quitte Metz grimé en femme, et se rend à Paris.
Il s'éprend de Marie, une jeune Communarde courageuse, séduit Joséphine Laurent-Dupuy, épouse d'un préfet d'Empire, tisse des liens avec
Louise Michel.
La Commune sert surtout de décor à une histoire qui oscille entre roman d'amour teinté d'érotisme, et journal intime, entre considérations politiques et atermoiements sentimentaux et sexuels des protagonistes.
L'auteur, pro-versaillais, est assez critique envers la Commune «Si les chefs étaient aussi timorés, aussi ignorants, si les hommes étaient aussi indociles, aussi avinés, la Commune était en effet vouée à l'échec. »
Louise Michel est décrite comme une hommasse, Courbet comme un affreux bavard, Hugo en donneur de leçons hautain et rimailleur. Quant à Thiers, il est un véritable chef d'état, et Trochu la vertu incarnée.
Les relations sentimentales et sexuelles des protagonistes nous rappellent celles de la série des
Caroline Chérie, sans les affriolants dessous de Caroline de Bièvre qui ont fait place au mauvais calicot. Les scènes de « viol consenti » alternent avec les considérations sur l'émancipation de la femme, et cela a vraiment mal vieilli. Seule Marie la Communarde semble trouver grâce aux yeux de l'auteur et c'est son personnage qui sauve le roman d'un ennui total.