Plusieurs années après
Souvenirs d'un jeune homme,
Lauzier redonne vie à son héros en le faisant vieillir de quelques années et en le réutilisant comme épouvantail cristallisant tout ce qu'il reproche à la société. Et une nouvelle fois, le propos fait mouche avec mordant.
Le trait de
Lauzier s'est vraiment amélioré au fil des albums, et nous avons cette fois-ci droit à quelque chose de beaucoup plus lisible, sans aller à dire que le dessin soit beau (il est clair et net), ou que les couleurs soient belles (elles sont assez criarde d'ailleurs).
Lauzier a par contre amélioré ses phylactères et enfin la lecture se fait sans problème. C'est un grand pas en avant.
L'histoire contient, comme pour
Souvenirs d'un jeune homme, une partie rédigée sous forme de journal, sauf que cette fois-ci il est sous forme de texte tapé à la machine et recorrigé au stylo par-dessus. C'est amusant de lire ça, notamment quand un terme a été rayé pour un autre.
Cette fois-ci, nous avons une histoire qui va s'orienter sur les jeunes adultes, mais aussi sur les artistes. Contrairement à
La course du rat où
Lauzier faisait un portrait au vitriol du show-biz et des cadres, il fait ici un portrait toujours aussi grinçant et méchant, mais visant tout un autre pan de la population. C'est les pseudos-artistes qui en prennent pour leur grades, mais il attaque aussi la cellule familiale. le portrait grinçant du personnage évolue encore dans un monde de faux-cul et de menteurs, mais cette fois-ci le propos ne fait que les effleurer.
C'est en fait une BD assez différente de
la Course du rat ou
Souvenirs d'un jeune homme. Dans ces deux là, l'auteur faisait un portrait à charge sans concession, au vitriol, presque méchant. Là, l'auteur fait un portrait plus nuancé. le personnage principal a aussi des bons côtés, il n'est pas seulement cette petite ordure qu'on aurait envie de frapper. Et le récit contient plusieurs passages plus sensibles, ce n'est plus seulement de l'humour glaçant (et c'est ce qui m'a fait hésiter à ranger la BD dans Roman graphique). Bref, une maturité pour le personnage mais aussi pour le ton de la BD.
Si le propos reste critique,
Lauzier le tempère pas mal et tout n'est plus aussi noir qu'auparavant. Cependant l'ensemble reste humoristique et grince-dents, mais surtout donne matière à réflexion. Personnellement j'ai à nouveau beaucoup aimé cet ouvrage, qui sait faire des belles critiques, souvent justes, et qui m'a laissé un petit sourire au coin des lèvres et une petite réflexion au coin du cerveau.