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Gérard Lauzier (Illustrateur)
EAN : 9782205024197
64 pages
Dargaud (07/06/1996)
3.65/5   13 notes
Résumé :
Les fameuses Tranches de vie imaginées par Lauzier ne sont pas tristes. L'auteur, par ailleurs réalisateur de cinéma (Mon père ce héros et Le Plus Beau Métier du monde avec Depardieu), jette un regard lucide sur notre société dont Portrait d'artiste est la synthèse parfaite.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Décidément, Lauzier a un sacré don pour croquer la société et ses malaises.

Pour un troisième ouvrage de l'auteur, j'ai été plus qu'enchanté, je dois bien le dire. Tout est bon là-dedans.

Déjà, le trait est soigné par rapport à La Course du rat du même auteur, avec de petites améliorations notables. le dessin n'est toujours pas beau mais je l'ai trouvé un poil plus sympathique. Peut-être une plus grande maturité (bien qu'il n'y ait pas dix ans entre les deux). Les couleurs sont toujours autant abominables, là-dessus il n'y a rien à sauver.
Par contre, un effort énorme a été fourni au niveau des phylactères, et enfin c'est lisible ! La lecture est fluide, les bulles sont bien taillées, c'est un régal ! Rien à voir avec l'ancien système complètement brouillon.

Et encore une fois, c'est l'histoire qui est juste superbe. J'ai littéralement a-d-o-r-é ! le principe de base est un peu semblable à La Course du rat, avec une personne qui décide de changer sa vie en profondeur et se casse un peu la figure. Mais par contre, le propos va se tourner vers une autre forme de critique sociale. Là, c'est la jeunesse et ses fameuses illusions qui vont s'en prendre plein la poire (et sans gants je vous prie !). Et sans cette fois-ci de slogan tel que "Tous pourris !". Des pourris, il y en a, mais aussi beaucoup de gens normaux qui sont abusés par le système. Les désillusions vont être nombreuses, et encore plus de questions sont posées à la fin qu'au début de l'ouvrage au final.

Un adolescent qui fait sa crise d'ado, c'est bateau comme sujet. Mais lorsqu'on pousse le concept un peu plus loin, c'est très intéressant. Les relations avec le père sont ici poussées à l'extrême, de même avec la mère, et pourtant au final, alors qu'on plaignait le père tout le livre durant, on en vient à se demander si il ne le mérite pas. Aucune limite claire n'est posée entre le salaud et l'homme de bien dans toute la BD. Que ce soit pour les hommes ou pour les femmes ! Nul n'est à l'abri.

Le plus important à ce niveau, c'est bien le héros. Narrateur de tous les événements, personnage haïssable par ses manières, ses réflexions et tout le mal qu'il fait autour de lui, il n'est néanmoins que perdu dans un monde qu'il doit découvrir comme un adulte désormais mais dans lequel il ne trouve pas sa place. Une sensation qu'on a aussi pu ressentir. Mais là, le héros fait dans tous les extrêmes possibles, ne se rendant même pas compte de sa propre connerie (qui est monumentale), se haïssant lui même tellement fort que c'en est presque malsain. On ne peut pas le prendre en pitié, et pourtant, on ne peut pas le blâmer de tout. C'est du coup un personnage encore une fois ambigu. Il n'est pas tout blanc, pas tout noir, pas tout gris. Il oscille entre tout en permanence. Et hautain, arrogant, haïssable ... Tout est fait pour qu'on le déteste. Lauzier a bien travaillé.

En fait, je crois que Lauzier a voulu retranscrire ici tout ce qui est haïssable en nous lorsque nous passons du monde de l'enfance à celui des adultes. le héros est chargé autant que possible, mais c'est une dénonciation. de ce que le jeune peut ressentir, de ce que la société en fait, de ce qui ne va pas. Tout est passé encore une fois au crible, des bobos aux hippies, les familles strictes et les nouveaux artistes, la mère poule et le père dépassé par son temps, les considérations philosophiques de bas étage, ... Et peut-être que, nous reconnaissant dans ce héros, nous ne le haïssons que d'avantage, aussi méchant et mesquin qu'il est.

Si j'ai mis 5 étoiles à ce récit, c'est que je l'ai trouvé excellent, vraiment, avec les plus gros défauts que j'imputais à Lauzier qui ont été gommés. L'histoire marque, étant très sombre, très noire, et ne finissant ni bien ni mal. Je ne peux pas vraiment expliquer autrement, mais la fin est étrange, sans qu'on ne sache encore une fois sur quel pied danser. Lauzier nous emmène dans un tourbillon des 18 ans qui laisse perplexe, la morale n'étant pas simple du tout. Je pense que le récit s'adresse avant tout aux adultes, mais je crois que ceux qui connaissent cette période peuvent aussi comprendre beaucoup de choses à travers cet être complexe et tourmenté.

Personnellement, j'ai été marqué par cette BD, et j'en recommande la lecture. Déjà pour se faire son propre avis. Mais également pour apprécier une lecture à la philosophie très particulière, par une satire de la société efficace et une satire de l'homme encore plus efficace.
Nijal dit qu'il voit la BD comme la représentation de l'écueil des 18 ans. Je pense que c'est vrai. 18 ans, c'est un cap qu'il faut franchir. Et Lauzier tente de nous montrer une voie à ne pas emprunter. C'est un bon avertissement, et il mérite d'être écouté.
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Il n'y a bien souvent qu'un pas très léger entre causticité et infréquentabilité. A quelques dizaines d'années près, les oeuvres de Gérard Lauzier auraient certainement fait l'objet d'incessantes polémiques et de suspicions concernant ses intentions et ses sympathies.

Avec Souvenirs d'un jeune homme, l'auteur de Lili Fatale donne vit à Michel Choupon, un personnage fascinant qui cristallise une certaine forme de bêtise militante et adolescente plus actuelle que jamais à en juger par le succès de certains sociologues farfelus.

Choupon est un petit bourgeois blanc en pleine crise de culpabilité. En révolte contre sa classe sociale, contre son père et contre la société liberticide, ontologiquement raciste et inégalitaire. Cette vision va de paire avec un manichéisme qui refuse de distinguer et d'évaluer les individus non pas en fonction de leurs actes mais de leur appartenance à une ethnie, religion ou une orientation sexuelle.

Et le jeune Choupon en est une sublime incarnation. Adolescent complexé par son physique et la conscience de sa propre impuissance, il ne cesse de lutter à son échelle, modeste donc, contre l'injustice. Son action se limite, dans ce tome à deux combats :

- Un combat social de proximité : En conflit ouvert et constant avec son père, un chef d'entreprise pourtant bien accommodant mais symbole patriarcal à abattre. Il résiste à son influence à table, et lui fait savoir combien sa figure réactionnaire appartient au passé. Il amènera sa famille au bord de la crise de nerf en lui imposant un chantage affectif très puéril.

- Un combat sexuel : En s'éprenant d'une "jeune racisée" comme disent certains crétins, Michel Choupon croit oeuvrer - par la seule force de sa libido - au recul de l'endogamie et de l'intolérance. Il faut dire que Salima est très belle. Il tombe instantanément sous le charme de cette apprentie comédienne, qui a tout un tas de copains très familiers autour d'elle.

Le pauvre Choupon va connaitre les affres de l'amour non réciproque, et les revers liés à ses aspirations artistiques. En enchaînant les bides avec la femme de ses rêves, il ne trouve le réconfort qu'en compagnie de la famille recomposée de son meilleur ami, des babas-cool qui sont dans le fond assez glauques.

Un scénario fulgurant que Lauzier a d'ailleurs adapté au cinéma sous le nom de "P'tit con", avec Balasko, Guy Marchand, Souad Amidou, Caroline Cellier, Philippe Khorsand et Daniel Auteuil. Une petite comédie au casting imposant, rarement diffusée à la télévision. Une mise à l'index pas si surprenante que cela au regard de l'incroyable charge qu'elle constitue envers le manichéisme d'une certaine gauche Mitterrandienne (d'SOS Racisme aux indignés écolos libertaires).
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L' histoire, assez rosse, d'un ado complexé obsédé par la perte de son pucelage.
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